EDUCATION

EDUCATION – Dispositif «ECLAIR» : priorité au suivi personnalisé

Après avoir été testé l’année dernière dans 353 collèges et lycées, le nouveau dispositif d’aide aux établissements prioritaires s’étend depuis la rentrée aux écoles primaires. Objectif : faire progresser tous les enfants grâce à un suivi plus personnalisé.


Depuis la rentrée 2011, l’éducation prioritaire a changé de visage. Après les Zones d’éducation prioritaire (ZEP) et les Réseaux ambition réussite (RAR), place à ECLAIR (Ecoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite). Le dispositif, en vigueur depuis la rentrée 2010 dans 28 lycées d’enseignement général et professionnel et 325 collèges (il s’appelait alors CLAIR), a été étendu cette année à plus de 2100 écoles primaires (la plupart des anciennes RAR) avec un objectif ambitieux : offrir à tous les élèves les mêmes chances de réussite.
Pour y parvenir, des compétences inédites ont été accordées aux chefs d’établissement des collèges et des lycées placés dans le dispositif. Parce que les besoins des uns ne sont pas forcément ceux des autres, ils bénéficient désormais d’un droit de regard sur les recrutements des personnels, y compris sur celui des enseignants. Concrètement, à chaque fois qu’un poste est disponible, un profil est rédigé et rendu public. Même si le choix définitif appartient au recteur, le principal ou le proviseur est invité à donner son avis après avoir reçu chaque candidat (issu du personnel déjà en place ou non) afin d’évaluer non seulement ses compétences, mais aussi sa capacité à s’inscrire dans le projet d’établissement et sa motivation à travailler en zone prioritaire. Le succès du dispositif passant par la stabilité des équipes, chaque candidat doit s’engager à rester au moins 5 ans dans l’établissement et un système de primes (une partie fixe et une partie variable) a été instauré de manière à récompenser ceux qui s’investissent le plus. Des formations à la tenue de classe et à la gestion des conflits sont aussi organisées.

« Un véritable laboratoire »
Sur le plan pédagogique, l’accent est mis sur l’innovation. Les établissements ECLAIR sont notamment invités à imaginer de nouvelles méthodes d’enseignement, fondées sur la coopération entre les enseignants, l’interdisciplinarité et le suivi personnalisé des élèves les plus en difficulté. « Il s’agit pour ces équipes de trouver les meilleures voies pédagogiques pour conduire les élèves de ces collèges à acquérir les compétences du socle commun, précise un inspecteur d’académie dans une vidéo mise en ligne sur le site Eduscol. Nous considérons le dispositif ECLAIR comme un véritable laboratoire pour les collèges de demain ».
Au collège Saint-Exupéry de Mulhouse, par exemple, chaque niveau se voit attribuer un objectif. En 6e, la maîtrise de la langue est au cœur du projet : des enseignants de disciplines différentes montent ensemble des projets sur ce thème, des cours de cuisine pendant lesquels les élèves ne parlent qu’en anglais sont organisés, des séances pédagogiques sont menées conjointement par un professeur de lettres et une enseignante du primaire afin d’assurer une transition en douceur entre le CM2 et le collège, etc. En 3e, l’accent est logiquement mis sur l’orientation. Le collège a donc noué des partenariats avec des associations d’insertion professionnelle afin d’organiser à l’attention de certains collégiens des séances destinées à les aider à trouver un stage ou à faire face à un recruteur.
Le programme ECLAIR s’appuie enfin sur un suivi individualisé des élèves. Discussions avec le collégien et sa famille, échanges d’informations avec l’assistante sociale et le médecin scolaire, collaboration étroite entre membres de l’équipe (enseignants, vie scolaire, direction…), tous les moyens sont bons pour repérer les problèmes, en identifier les causes et y remédier, l’objectif étant de faire en sorte que toutes les conditions (scolaires, sociales, familiales…) soient réunies pour que l’élève puisse travailler sereinement. La direction de l’établissement est en outre invitée à engager avec les collectivités locales une réflexion étroite sur la configuration des locaux afin de voir si des améliorations peuvent être apportées aux espaces de vie des élèves et des enseignants.

Des syndicats s’opposent
Depuis qu’il a été dévoilé, le programme ECLAIR fait l’objet de nombreuses critiques, parfois virulentes. Plusieurs syndicats dénoncent notamment le système de primes et expriment leurs craintes de voir l’autonomie accordée en matière de recrutement creuser un fossé entre les différents établissements.
Au-delà du fond, la forme a aussi été critiquée. Plusieurs syndicats ont déploré un manque de concertation et le caractère trop répressif de ce dispositif présenté pour la première fois au printemps 2010 à l’issue des Etats généraux de la sécurité. L’annonce surprise par le ministre de l’Education nationale de sa généralisation, en mai dernier, sans aucune évaluation préalable, n’a pas non plus été du goût des détracteurs. Malgré ces critiques, le dispositif ECLAIR devrait continuer à s’imposer.
CB

__________

REPERES
Un nouvel interlocuteur pour les élèves

La nomination d’un préfet des études par niveau constitue l’une des grandes innovations du programme ECLAIR. « Je fais le lien entre les enseignants, les partenaires, les élèves et leurs familles, explique Antoine Cranet, préfet des études en 4e et 3e au collège Youri Gagarine de Trappes (Yvelines). Je bénéficie de plus de temps et de moyens qu’un Conseiller principal d’éducation (CPE) pour assurer un suivi approfondi des élèves et pour coordonner les projets lancés par les enseignants, par exemple en recensant les élèves motivés ou en accompagnant les différents intervenants ».

__________

TEMOIGNAGE
Jean-Pierre Ingold, principal du collège Molière de Colmar (68)

« Parmi les changements engendrés par le passage de notre collège sous le statut ECLAIR, la nomination d’un préfet des études par niveau nous a permis de gagner en réactivité pour agir avant que les problèmes ne prennent trop d’ampleur et d’assurer un suivi encore plus individualisé des élèves qui en ont besoin. Le dispositif s’appuie aussi sur des projets innovants tels que les « heures alignées » dont l’objectif est de faire progresser les élèves de deux classes en français et en mathématiques en les répartissant par groupes de besoins. Nous avons également pris l’initiative d’avancer d’une semaine la rentrée des élèves de 6e afin de leur donner le temps d’appréhender le collège et de procéder à des remises à niveau de ceux qui en avaient besoin. Les résultats sont là… »
Plus d’informations sur www.collegemolierecolmar.fr.

__________

ZOOM
Une mallette pour impliquer les parents
Parce que la réussite des élèves passe par l’implication des familles, l’Education nationale a eu l’idée de développer une « mallette des parents ». Distribuée aux établissements volontaires, elle contient le DVD « Cap sixième », présentant le fonctionnement du collège, et des fiches sur des thèmes tels que le harcèlement entre élèves ou la santé des collégiens. Ce matériel pédagogique est destiné à aider l’équipe enseignante à animer deux ateliers-débats avec les parents sur les thèmes de l’aide que peuvent apporter les parents à leurs enfants et sur les avancées des élèves (en octobre). Un troisième débat, prévu début janvier, permet de faire un bilan et d’approfondir certains sujets.

__________

POUR EN SAVOIR PLUS
Liste des collèges, lycées et lycées professionnels inclus dans le dispositif ECLAIR depuis la rentrée 2010.


Mot-clé:

Pas de commentaires pour le moment.

Donnez votre avis