Parents d’élèves : des droits à exercer !
Etre un parent d’élèves investi et engagé peut se traduire de différentes manières. A commencer, bien entendu, par l’accompagnement de son enfant dans sa scolarité. S’informer sur ce qu’il apprend, sur le fonctionnement de l’école, l’aider dans ses devoirs, rencontrer ses enseignants, l’assister et le soutenir dans son orientation et, plus généralement, être à son écoute.
L’engagement en tant que parent d’élèves peut aussi se concrétiser d’une autre manière, en portant la voix des autres parents ! C’est justement le rôle des représentants des parents d’élèves qui siègent notamment dans les conseils d’école au primaire et les conseils d’administration dans les collèges et les lycées. Autant d’instances de concertation où les parents, « membres à part entière de la communauté éducative », peuvent œuvrer dans l’intérêt des élèves et des familles, avec une approche et une vision bien spécifiques des différents sujets concernant la vie scolaire.
Pour mieux saisir toute l’importance du rôle et de la place que les parents doivent avoir à l’école, retrouvez notamment dans ce dossier les témoignages de Pascal Tritz, président d’une APE PEEP en Moselle, et de Manuela Afonso Cancel, présidente de l’Association départementale PEEP des Yvelines.
Etre parent d’élèves confère des droits ! Des droits individuels, mais aussi collectifs, par l’intermédiaire des représentants que nous élisons – cette année les élections des représentants des parents d’élèves se tiendront le vendredi 11 octobre 2024 ou le samedi 12 octobre 2024 (lire page suivante notre encadré « Comment participer aux élections scolaires »).
Droits individuels spécifiques
Pour accompagner au mieux la scolarité de leur enfant, les parents doivent bénéficier de toutes les informations nécessaires à ce suivi. Pour ce faire, les écoles et les établissements scolaires ont plusieurs obligations ; entre autres :
– organiser des rencontres parents-enseignants au moins deux fois par an, ainsi qu’une réunion d’information générale en début d’année scolaire ;
– informer régulièrement les parents sur les résultats scolaires et le comportement de leurs enfants, notamment au travers du carnet de correspondance et des bulletins trimestriels ;
– répondre aux demandes d’information et d’entrevue des parents et, de façon générale, mettre en place un dialogue parents-école.
Rôle de l’APE
En complément de ces droits individuels, les associations de parents d’élèves (APE) jouent un rôle d’information et de médiation entre, d’un côté, l’administration et les enseignants, et de l’autre, les élèves et leur famille.
Plus largement, outre ce rôle de courroie de transmission, les APE participent pleinement à la vie de l’école et de l’établissement scolaire par le biais des représentants de parents – une représentation établie par les élections des représentants de parents aux conseils d’école et aux conseils d’administration. Un rôle essentiel puisque ces deux instances sont le lieu où les grandes décisions de fonctionnement sont prises !
Instances de concertation… et de décision !
Ainsi, au primaire, c’est le conseil d’école qui, entre autres, établit le projet d’organisation de la semaine scolaire, vote le règlement intérieur, donne son avis sur les questions intéressant la vie de l’école, dans le cadre de l’élaboration du projet d’école : actions pédagogiques et éducatives, intégration des élèves porteurs de handicap, restauration scolaire, activités périscolaires, etc.
Dans les collèges et les lycées, l’organe de décision de l’établissement s’appelle le conseil d’administration, une instance où siègent les parents élus lors des élections scolaires. Ces derniers participent donc à l’adoption du budget, du règlement intérieur, du projet d’établissement… entre autres, car les compétences du conseil d’administration sont très étendues !
La représentation des parents ne se limite pas à ces deux grandes instances décisionnelles ; dans le secondaire, des parents d’élèves élus siègent également dans les conseils de classe, au conseil de discipline… On le voit, le rôle et la place des parents dans l’école est bien établi, et, surtout, il est essentiel pour le bon fonctionnement des écoles et des établissements scolaires. Comme l’explique Manuela Afonso Cancel, présidente de l’Association départementale PEEP des Yvelines (lire son interview pages suivantes), « Notre responsabilité est d’aider nos enfants à grandir dans un environnement sain, instruit et serein. S’engager avec la PEEP permet d’éviter que des décisions soient prises à votre place ! ».
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ZOOM
Comment participer aux élections scolaires ?
La règle est simple : toute personne qui dispose de l’autorité parentale est à la fois électrice et éligible ! Chacun dispose d’une voix, quel que soit le nombre d’enfants scolarisés dans l’établissement. Les deux parents peuvent se présenter aux élections dans une même école, sur la même liste… ou non ! Cette année, les élections se dérouleront le vendredi 11 octobre 2024 ou le samedi 12 octobre 2024 – le vendredi 4 octobre ou le samedi 5 octobre à La Réunion et à Mayotte.
Chaque parent reçoit le matériel de vote (y compris si le couple réside sous le même toit) au plus tard 6 jours avant le scrutin. Ces documents peuvent être distribués aux élèves ou expédiés par la Poste (notamment pour les parents chez qui les enfants ne résident pas). Ils comprennent une circulaire explicative de l’académie, les bulletins et l’enveloppe de vote, les professions de foi et l’enveloppe-réponse pour le vote par correspondance (avec les explications de cette modalité de vote).
Il existe aujourd’hui 3 façons de voter aux élections scolaires (suivant les modalités d’organisation du vote décidées par le directeur d’école ou le chef d’établissement) :
- le vote direct, en déposant votre bulletin dans l’urne le jour de l’élection,
- le vote par correspondance (enveloppe de vote remise directement par votre enfant ou adressée par voie postale ; elle doit parvenir au bureau de vote avant l’heure de la clôture du scrutin),
- le vote électronique. Institué par le décret du 21 août 2023, le vote électronique, quand il est choisi comme mode de vote, doit obligatoirement avoir une période d’ouverture comprise entre 1 et 5 jours. Par exemple, ce sera ainsi le cas cette année à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne, où 6 écoles de la ville testeront cette innovation du 7 au 11 octobre.
Des parents informés… et des représentants formés !
Accompagner utilement son enfant dans sa scolarité, c’est d’abord être bien informé ! Au niveau national, par ses webinaires, ses publications, son site internet avec son centre de ressources… la PEEP œuvre dans ce sens, en mettant à la disposition des parents toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension du système éducatif.
Les responsables d’APE bénéficient, eux, d’un accès privilégié au centre de ressources de la PEEP avec des fiches techniques, des modules de formation et des vade-mecum régulièrement actualisés pour les aider dans leurs différentes missions de responsables et de représentants de parents d’élèves.
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Interviews
Pascal Tritz, président de l’APE de Rombas (Moselle)
« On peut avoir une vraie influence positive ! »
Quel a été votre parcours en tant que parent PEEP ?
Mon épouse et moi avons adhéré à la PEEP très rapidement, dès les années de maternelle de nos enfants. Je suis président depuis 2015 (de mémoire !), dans une large mesure parce que j’avais été poussé en ce sens par mon prédécesseur. J’y ai notamment consenti car il existait tout un ensemble de points sur lesquels, au niveau local, on pouvait avoir une vraie influence positive et cela m’intéressait d’en être partie prenante.
Quel bilan tirez-vous de votre expérience ?
Le positif, c’est l’excellente relation avec l’administration de la cité scolaire, qui nous a permis de « marquer des points », c’est-à-dire de contribuer à faire avancer des dossiers. Le négatif, c’est l’inévitable lenteur des processus ; je pense notamment à la question de la prise en compte du handicap.
Que diriez-vous à un futur représentant de parents ? Quels points positifs mettriez-vous en avant ?
Je lui expliquerais que nous avons une relation de coopération efficace, bien que non complaisante, avec l’institution, que nous pouvons – contribuer à – peser dans le bon sens, et qu’il est précieux d’avoir une fédération puissante derrière soi ; avec, par exemple, les outils juridiques qu’elle détient et maîtrise.
Manuela Afonso Cancel, administratrice PEEP Montigny-le-Bretonneux, présidente de l’Association Départementale PEEP 78 (https://peep78.fr), secrétaire du Comité de l’Union Académique de la PEEP
« S’engager dans la vie scolaire, c’est aussi avoir un impact sur la société dans laquelle nos enfants évolueront en tant qu’adultes »
Quelles ont été vos motivations pour rejoindre le mouvement PEEP et vous engager en tant que représentante des autres parents ?
Je suis devenue représentante de parents d’élèves dès l’entrée en maternelle de ma fille, après avoir rencontré la PEEP lors du Forum des Associations annuel de ma ville. Très vite, j’ai ressenti le besoin de mieux comprendre l’environnement scolaire dans lequel ma fille et ses camarades allaient évoluer, d’autant plus que mes souvenirs de ma propre scolarité étaient lointains et que l’enseignement avait beaucoup évolué depuis les années 90.
Ce qui m’a surtout motivée, c’était l’envie de défendre mes valeurs éducatives. En tant que femme de principes, je souhaitais être un relais pour ces valeurs auprès des acteurs qui organisent le quotidien de mon enfant et de ses camarades.
Mon choix de rejoindre la PEEP s’est fait naturellement, car ses valeurs me paraissent essentielles, je les trouve précieuses et dignes d’être protégées et promues. Très rapidement, j’ai pris des responsabilités au sein de l’association locale.
Pour moi, chaque parent doit jouer un rôle dans l’amélioration du cadre éducatif de ses enfants. Mais c’est plus que cela : s’engager dans la vie scolaire, c’est aussi avoir un impact sur la société dans laquelle nos enfants évolueront en tant qu’adultes.
Quelles expériences marquantes retenez-vous de vos différentes représentations au sein des conseils d’école et d’administration ?
J’ai adoré siéger dans les conseils d’école et d’administration, où j’ai pu être au cœur des décisions pour les élèves, en y apportant un point de vue parental. Ces expériences m’ont permis de m’impliquer dans des projets concrets. Par exemple, j’ai participé à la révision des rythmes scolaires, à l’organisation d’ateliers pour les parents de CP sur la découverte de la lecture, ou encore à la mise en place de méthodes de préoccupation partagée pour lutter contre le harcèlement dans les petites classes. J’ai aussi contribué (et je continue !) à des initiatives comme la défense de l’éducation numérique, à l’amélioration de la cantine scolaire, et au retour d’événements de fin d’année, souvent supprimés pour des raisons liées à Vigipirate ou à des contraintes d’organisation. Toutes ces actions visent à redonner du sens à la vie des écoles et à renforcer les liens entre parents, élèves et enseignants.
Aujourd’hui, avec toute mon expérience en tant que représentante de parents, j’ai plaisir à me consacrer davantage à soutenir les associations locales, coordonner les activités des APE (par de l’information et de l’accompagnement personnalisé), et renforcer le lien fédéral tout en améliorant la visibilité de nos actions auprès de nos partenaires. C’est maintenant pour moi le moment de transmettre afin d’entretenir la dynamique que nous avons amorcée.
Quels obstacles avez-vous rencontrés dans vos projets de représentation ?
Les obstacles que j’ai rencontrés étaient souvent liés à la communication. La montée des outils de communication écrite comme les mails et l’ENT, couplée aux contraintes de Vigipirate, a souvent distendu les relations entre les personnels des établissements scolaires et les familles, créant des incompréhensions et des tensions. Cela peut parfois dégénérer en défiance et provoquer des conflits.
Avec les élus territoriaux, les discussions se sont souvent centrées sur les moyens disponibles pour améliorer les conditions d’enseignement, nécessitant des négociations longues et parfois ardues. La patience et la persévérance ont été des alliées précieuses et essentielles dans ces moments.
Comment évaluez-vous les relations avec les membres de la communauté éducative ?
En général, les relations avec la communauté éducative sont positives et permettent de porter de nombreux projets. Cependant, un investissement constant est nécessaire pour entretenir un dialogue de confiance. La défiance mutuelle peut être un véritable frein, surtout au début des échanges, et ça ralentit la mise en place de bonnes relations. Le dialogue peut devenir tendu, notamment lorsque nous abordons des sujets comme les méthodes d’enseignement ou quand nous assumons notre rôle de médiation.
Un autre défi que nous rencontrons régulièrement est lié à l’image de la PEEP. En tant que fédération nationale, nous souffrons parfois d’une réputation de parti syndicaliste ou politique, bien que nous soyons apolitiques. Cela peut décourager certains parents de s’engager, de peur d’être perçus comme des personnes disruptives ou impliqués dans des débats politisés. Les freins peuvent parfois être internes, avec des problèmes d’égo qui compliquent les échanges. C’est pourquoi il est crucial d’informer pour éclairer, d’intervenir pour désescalader et apaiser, et de transmettre pour pérenniser nos actions.
Quels conseils donneriez-vous à un parent hésitant à s’engager en tant que représentant ?
Je dirais à un parent hésitant : souhaitez-vous vraiment laisser des personnes que vous ne connaissez pas inculquer des valeurs éducatives à vos enfants sans y apporter votre grain de sel ? Si vous deviez un jour avoir besoin d’aide face à un problème scolaire, ne seriez-vous pas rassuré de pouvoir compter sur quelqu’un de formé et informé pour vous guider ? Pourquoi ne pas devenir cette personne vous-même ?
Aujourd’hui, face à de grands enjeux tels que le harcèlement, l’éducation à la sexualité, ou encore l’éducation aux pratiques numériques, il est essentiel d’intégrer un groupe de parents comme vous, qui partagent vos préoccupations et se soutiennent mutuellement. Certes, nous manquons tous cruellement de temps, mais plus nous laissons ces sujets aux mains d’autres acteurs, plus nous risquons de voir l’éducation de nos enfants formatée, influencée par des partis politiques ou des dogmes éducatifs.
S’engager auprès de la PEEP permet d’éviter que des décisions soient prises à votre place : la PEEP est apolitique, nous n’avons pas de lien avec un quelconque parti politique ou syndicat, bien que nous devons tout de même échanger avec des politiques, car notre responsabilité est d’aider nos enfants à grandir dans un environnement sain, instruit et serein. Cet engagement ne vise pas à les formater, mais à leur offrir toutes les chances de devenir des citoyens libres et responsables.
Comment mobilisez-vous les parents pour participer aux élections et s’engager avec la PEEP ?
La période électorale est traditionnellement très dense pour les associations de parents d’élèves.
Il faut remobiliser les anciens, trouver de nouveaux participants, et créer de l’engagement. Plus que tout, nous devons rappeler l’importance de défendre les valeurs portées par notre fédération et de promouvoir les projets prévus pour le mandat.
Comment agissez-vous concrètement pour y parvenir ?
Nous utilisons plusieurs stratégies de communication : nous organisons des réunions d’information en présentiel autour des rentrées scolaires, des cafés des parents pendant la période électorale pour créer de l’engagement, nous sommes présents dans les forums associatifs…
Nous essayons aussi de renforcer notre présence sur les réseaux sociaux et les sites internet, malgré les défis financiers et liés à la formation des associations locales.
Notre objectif est de démontrer que chaque parent peut participer sans contrainte, et que notre système fédéral puissant permet de porter efficacement la voix des parents dans toutes les instances éducatives et territoriales. L’enjeu est une question de visibilité et de démonstration de notre impact collectif : notre force réside dans cette organisation fédérale reconnue d’utilité publique ; nous mettons tout en œuvre pour que les parents comprennent qu’ils peuvent vraiment faire une différence et nous apporter toute leur confiance.