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Orientation : Quels choix après la 3e ?

411---orientation-ouv-garcoEn classe de 3e, c’est la première fois que votre enfant va être amené à faire un choix d’orientation, entre une seconde générale et technologique, ou une filière professionnelle (CAP, certificat d’aptitude professionnelle, ou seconde professionnelle, par la voie de l’apprentissage ou non) ou encore d’autres voies spécialisées par le biais d’une seconde spécifique notamment. Voici les clefs pour l’aider à aborder avec sérénité ce tournant essentiel, en consultant les bons interlocuteurs et les sources d’information appropriées.

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Le processus d’orientation post-collège est à aborder, pour les élèves comme pour les familles, avec implication, mais sans dramatisation. « Si ces choix sont les premiers de ce type que les élèves de 3e rencontrent, ils n’engagent pas leur avenir entier, pointe Isabelle Toussaint-Aymerich, directrice du CIO de Rennes et vice-présidente de l’ANDCIO (Association nationale des directeurs de CIO). Cette période est toutefois l’occasion de se poser un certain nombre de questions, afin de se projeter au mieux dans les trois années à venir et faire les choix les plus judicieux. »

 

 

Trois principales voies possibles

Pour trancher parmi les différentes voies d’orientation envisageables, il faut prendre en compte les résultats scolaires, mais surtout le projet professionnel éventuel, ainsi que le style d’apprentissage dans lequel l’élève se sent le plus à l’aise.

 

  • La seconde générale et technologique (GT)

Une orientation qui convient à des élèves aux résultats corrects, qui n’ont pas encore de projet défini ou bien un projet exigeant de passer par cette voie. « Il faut manifester une appétence pour les apprentissages théoriques – pour ceux qui poursuivront en filière générale –, pour la résolution de problèmes en situation et le travail en mode projet pour les postulants aux voies technologiques. Et, potentiellement, pour des études longues, vers lesquelles cette filière est a priori un tremplin », conseille Isabelle Toussaint-Aymerich.

 

  • La voie professionnelle

Elle regroupe deux filières distinctes :

– Le CAP (certificat d’aptitude professionnelle) a vocation à apprendre un métier en deux ans (12 à 16 semaines de stage).

– Le bac professionnel. Il se prépare en trois ans, avec 22 semaines de stage. S’il est fait pour entrer directement dans la vie active, il permet de poursuivre ses études, notamment en BTS (brevet de technicien supérieur).

Comment choisir entre les deux voies ? « Le CAP vise à apprendre directement un métier : on le recommandera donc aux élèves les plus fragiles scolairement et les plus désireux d’intégrer rapidement le monde du travail, précise Isabelle

Toussaint-Aymerich. Tandis que le bac pro s’adresse à des élèves désireux de développer aussi d’autres capacités, dans le cadre plus large d’une famille de métiers. »

Il est possible de suivre ces deux cursus en alternance (apprentissage ou contrat de professionnalisation) à partir de 16 ans. « Un choix qui nécessite toutefois une identification déjà forte au projet professionnel, ainsi qu’une certaine maturité. Mais aussi d’effectuer certaines démarches complémentaires, par exemple trouver une entreprise d’accueil en amont », indique Géraldine Duriez, psychologue de l’Education nationale (Psy-EN) en région parisienne (lire son interview en encadré).

 

  • La seconde spécifique

Elle prépare aux bacs technologiques « Sciences et technologies de l’hôtellerie et de la restauration », « Techniques de la musique et de la danse » et à certains brevets de technicien : agencement, dessinateur en arts appliqués, dessinateur maquettiste, métiers de la musique, facture instrumentale, production des cuirs et peaux, topographie, création et mesure de vêtements… Une orientation ciblée, qui correspond à des élèves porteurs d’un projet déjà très réfléchi.

 

 

411---dossier-orient-psyLes bons interlocuteurs, les bonnes sources d’information

Pour mettre toutes les chances de votre côté, n’hésitez pas à vous appuyer sur les interlocuteurs de l’établissement de votre enfant. Au premier rang desquels le ou la Psy-EN. « Nous sommes allés la rencontrer au deuxième trimestre, mon fils Adam ne souhaitant pas poursuivre en cursus général, mais restant indécis sur la voie à prendre, se souvient Pascale Caussat (Paris). Elle nous a présenté les différentes options existantes. L’évocation de la filière cuisine a fait tilt chez Adam. Il cuisinait un peu à la maison, mais ni lui, ni moi, n’avions identifié spécialement cette voie. Une véritable révélation ! »

Professeur principal, enseignant-documentaliste, voire chef d’établissement, gagneront aussi à être consultés. Sans oublier l’assistant de service social, sur les aides éventuelles pour faire face aux dépenses à prévoir (transports, internat…). Ainsi que le médecin scolaire, si vous souhaitez vous assurer que l’état de santé de votre enfant est compatible avec la formation envisagée.

Les collèges ont aussi mis en place de nombreux dispositifs d’information pour accompagner les élèves. Le Parcours Avenir (construit depuis la 6e), les forums des métiers, les visites d’anciens élèves ambassadeurs de leurs formations, ainsi que les réunions d’information à l’attention des parents. Des éléments à compléter avec les divers organes d’information dédiés à l’orientation, à commencer par l’Onisep. Mais, surtout, en profitant des journées portes ouvertes pour découvrir les locaux et rencontrer enseignants et élèves. A noter qu’à partir de début avril, des téléservices « Orientation » et « Affectation » devraient être mis en place, permettant notamment aux familles de consulter l’offre exhaustive de formation sur leur académie.

Si votre enfant envisage une filière pro, vous pouvez miser sur deux dispositifs. D’une part, le Pass Pro, une procédure d’information sur la base d’entretiens organisés dans les lycées, jusqu’en mai. D’autre part, des ministages d’une demi-journée. L’idéal pour asseoir – ou infirmer – sa motivation. Une option plébiscitée par Adam, revenu plus motivé que jamais des immersions effectuées dans trois lycées. « Il est aujourd’hui en première pro cuisine, où il se sent vraiment à sa place », se réjouit sa mère Pascale Caussat.

 

 

411---dossier-orientation-pAccompagnement psychologique

Le soutien psychologique de la famille est essentiel. « Il faut éviter deux écueils : trop s’investir, en cherchant à influer sur le choix de l’enfant, ou au contraire le laisser en roue libre », conseille Isabelle Toussaint-Aymerich. Votre aide peut être précieuse pour cerner avec lui ses atouts et ses faiblesses, en prenant en compte non seulement ses résultats, mais aussi ses centres d’intérêt, ses valeurs et sa personnalité.

Et également pour l’inciter à prendre des initiatives qui l’aideront à construire son projet d’orientation : rechercher des informations, rencontrer des professionnels… « Ensemble, nous sommes allés revoir les employés du rayon vélos de l’enseigne de sport du stage de 3e de notre fils, témoigne Corinne Rosset, maman de Benjamin, qui rêve de devenir…encadrant VTT. Des échanges très inspirants pour lui. Il a désormais assez de cartes en main pour décider en toute connaissance de cause. »

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ZOOM

De la 3e au lycée : une orientation en 5 étapes

  • 1 – Janvier – février. Formulation d’un ou plusieurs vœux provisoires sur la fiche de dialogue donnée par le collège.
  •  2 – Au conseil de classe du 2e trimestre, un avis provisoire d’orientation est donné.
  •  3 – Avril – mai. Inscription des vœux définitifs sur la fiche de dialogue.
  • 4 – Le conseil de classe du 3e trimestre fait une proposition d’orientation, que l’on peut valider ou contester. Dans ce dernier cas, un entretien est organisé avec le chef d’établissement. Si le désaccord persiste, on peut faire appel auprès d’une commission, dont l’avis s’impose comme décision d’orientation définitive.
  • 5 – Fin juin à début juillet. Réception de la notification d’affectation et inscription dans le futur établissement.

 

Pour y voir plus clair dans les choix d’orientation à faire, plongez-vous dans le guide ONISEP « En classe de troisième, je prépare mon orientation », en téléchargement gratuit sur www.onisep.fr. Autre site à connaître : www.nouvelle-voiepro.fr.

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411---geraldineINTERVIEW

Géraldine Duriez, psychologue de l’Education nationale (Psy-EN) en région parisienne et représentante des personnels au SNES-FSU

 « Une écoute et des conseils, sans porter de jugement »

Quelles sont vos modalités prévues de contact entre le Psy-EN et les élèves et leurs familles ?

Nous pouvons être associés à l’entretien individuel d’orientation, qui a lieu entre l’élève et son professeur principal, et auquel la famille est conviée. Surtout, tout au long de l’année, les élèves peuvent prendre rendez-vous avec nous, avec ou sans leurs parents. Par ailleurs, comme nous travaillons aussi en CIO (centres d’information et d’orientation), nous pouvons aussi les recevoir en-dehors du cadre du collège. Un suivi qui peut s’étendre sur plusieurs années en cas de besoin (réorientation, questionnements…).

 

Quelle est la teneur de votre intervention ?

Nous faisons le point avec les élèves sur leur situation scolaire et l’avancée de leurs souhaits d’orientation. Nous leur donnons des pistes de filières et d’établissements, répondons à leurs questions, ainsi qu’à celles de leurs parents, sans porter de jugement.

 

Pouvez-vous influencer les décisions d’orientation du collège envers les élèves ?

Non, pas directement en tous cas. Nos échanges avec les élèves et leurs familles ont vocation à rester confidentiels. Nous pouvons toutefois assister au conseil de classe, éclairer sur des situations, mais pas appuyer des demandes d’orientation.

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411---Olivier-BEAUFREREPOINT DE VUE

Olivier Beaufrere, proviseur du lycée des métiers Louis-Armand de Yerres (Essonne) et membre de l’exécutif national du SNPDEN-UNSA

« Des ministages en immersion en mars, pour découvrir les filières professionnelles »

« Nous formons aux métiers de la relation client, de la gestion-administration et du transport logistique, du CAP au BTS. Pendant trois semaines en mars, nous accueillons des élèves de 3e du secteur en ministage d’immersion de deux heures dans un groupe classe. Sur place, nous les traitons comme de futurs lycéens : nous leur montrons les locaux, comment on travaille en lycée pro, quelles sont les attentes et les méthodes des enseignants. C’est important, car le cadre n’a souvent rien à voir avec ce qu’ils connaissent. Ainsi chez nous, la salle de classe est comme une mini-entreprise, avec une table centrale de réunion et le reste par ateliers, représentant les différents services. De quoi permettre aux élèves de se projeter davantage dans la formation. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à en faire autant que possible, même éloignés de son domicile : il n’y a pas de sectorisation dans la voie professionnelle. »

 

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