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Activités extrascolaires : la bonne dose !

HD-406---extrascolaire-3Une, deux, trois activités ou plus ? Danse ou piano ? Judo ou théâtre ? Difficile de trouver le bon dosage d’activités extrascolaires pour ses enfants. Entre l’envie de leur faire plaisir, le budget et la logistique imposée par les lieux de pratique, difficile de trancher ! Conseils pour trouver le bon dosage et les loisirs adaptés à vos enfants… sans oublier de leur laisser du temps libre, indispensable à leur développement.

 

«J’ai suivi un cursus sport études, poussée par mes parents, ce qui m’a demandé beaucoup de sacrifices. Je n’avais pas envie de reproduire ce modèle avec ma fille, c’est donc elle qui a choisi la danse, à l’âge de 8 ans ; et la fréquence, hebdomadaire, lui convient. S’il est important d’inciter son enfant à la découverte, j’estime qu’il ne faut pas trop le pousser ni nier sa fatigue », témoigne Clémence, qui aime que sa fille ait des temps morts sans avoir à se dépêcher. En effet, si les bienfaits d’une activité extrascolaire sont nombreux – sur la confiance, la curiosité, la sociabilisation… –, il est parfois contraignant pour les familles de s’organiser et de choisir. D’ailleurs, est-il indispensable de pratiquer une activité ?

Pour Claire Leconte, spécialiste des temps de l’enfant, « certains enfants ont déjà une vie si riche à la maison, de jeux de ballon avec les copains, de sorties avec leurs parents… qui ne rend pas indispensable une activité. Par contre, si leurs seules options sont de regarder la télévision ou jouer à des jeux vidéo, autant que l’enfant soit à l’extérieur ! ». D’autant que ces activités apportent une ouverture sur un autre groupe que celui de la classe ou de la famille et permettent de se découvrir de nouvelles compétences.

 

HD-406---extrascolaire-1A chaque âge son dosage !

S’il est possible, dès le plus jeune âge, de débuter des activités, celles-ci se déroulent alors avec les parents comme les bébés-nageurs, le baby-volley, etc. « Ce sont des temps privilégiés en famille, ce n’est qu’en maternelle que l’on peut débuter une activité extrascolaire, une seule, adaptée à leur âge et à leur rythme physiologique, de 30 à 45 minutes maximum et pas juste après le déjeuner ni tard dans la soirée », conseille Claire Leconte. Proposer une activité sportive après 18h n’aidera pas votre enfant à dormir, au contraire ! « L’activité augmentera sa température corporelle et ira à l’encontre de son rythme biologique », met en garde la spécialiste, qui ajoute qu’à partir de l’école élémentaire, deux activités sont possibles à condition de varier le type de discipline.

Votre enfant fait déjà un sport collectif ? Autant que la seconde activité soit individuelle. De même, alternez entre activité sportive et artistique. « Il faut avant tout écouter l’enfant : si plutôt que de courir d’un cours à l’autre, il préfère rester rêvasser à la maison ou jouer avec ses jeux qui développent son imaginaire, respectez cette envie et évitez de le surcharger ! » insiste la spécialiste, qui préconise 3 essais avant de s’engager. D’autant que pour les familles, le coût n’est pas anodin. « Chez nous, on est tous très actifs et mon aîné pratique basket, équitation et judo. Et encore, il voulait débuter le piano mais on a dû le freiner car l’emploi du temps n’est pas extensible. Et financièrement, il nous ruine ! », sourit Sandra, maman de trois enfants. A moins d’avoir des activités abordables, grâce notamment aux dispositifs développés par certaines écoles, comme s’en réjouit Sandrine (lire son témoignage ci-dessous), le budget est un critère de poids. N’hésitez pas à utiliser les chèques-vacances, coupons-sport et autres tickets-loisirs (distribués sous conditions de ressources par la CAF) ou, si vous n’y avez pas accès, pourquoi ne pas faire de sa cotisation et de son équipement son cadeau d’anniversaire par exemple, en sollicitant vos proches !

 

HD-406---extrascolaire-2Sortir des sentiers battus

Activités culturelles, artistiques, sportives… Si le choix peut se faire en fonction de la personnalité et des capacités, les enfants expriment vite des préférences selon leur âge et leur sexe, et auront tendance à aller vers les plus connues. « Il faut éviter de l’orienter vers ce qu’il connaît déjà ou seulement là où vont ses copains… Et surtout ne pas projeter ses propres désirs contrariés ! », met en garde Claire Leconte, qui conseille la découverte d’univers différents. « Un enfant très physique peut découvrir le défoulement intellectuel au théâtre par exemple. »

Il importe aussi de ne pas céder à la tentation de vouloir absolument voir son enfant « briller » dans l’activité, ou de l’encourager trop fortement dans la compétition s’il n’en exprime pas le désir. « L’enfant s’investira d’une pression de ne pas décevoir et ce qui au départ n’était qu’un loisir, un support de découverte, devient un objet investi d’une potentialité d’échec ou de réussite », rappelle la psychologue Monique de Kermadec.

Autre écueil à éviter : « Attention à ne pas « genrer » les activités proposées avec du foot ou rugby pour les garçons et la danse pour les filles ! », précise Claire Leconte. Profitez plutôt de cette opportunité et de l’ouverture d’esprit propre aux enfants pour sortir des sentiers battus ! Lors des portes ouvertes des clubs et à l’occasion des forums des associations (qui se tiennent généralement début septembre), les enfants peuvent découvrir un large panel d’activités, et très souvent des activités auxquelles enfants et parents n’auraient pas pensé immédiatement. A l’instar de Gabriel, qui s’est passionné pour les échecs à l’âge de 7 ans en faisant sa première partie lors du forum des associations de sa commune.

Certaines familles trouvent aussi dans ces activités des leviers pour améliorer le comportement de leurs enfants, voire leurs résultats scolaires. Un enfant timide trouvera de nouvelles ressources au théâtre ou au cirque par exemple. « Les arts martiaux, bien enseignés, permettent un retour sur soi et de meilleures capacités de concentration, un vrai plus ! Comme au tir à l’arc, cela développe un sentiment de confiance et permet de canaliser l’hyper activité ou l’excitation ! » développe Claire Leconte.

Dans tous les cas, n’oubliez pas que cette activité doit rester source de plaisir, moteur principal de l’enfant. Et correspondre, selon son âge, à son développement psychologique, psychoaffectif et psychomoteur… tout en restant compatible avec l’emploi du temps familial. Prenez en compte les trajets pour que l’activité ne devienne pas source de stress : organisez-vous avec d’autres parents ou décidez d’en faire un moment privilégié, avec des petits rituels comme le goûter ou une balade à pied. Car si le bien-être des enfants est important, celui des parents aussi, pour que ces extras restent une vraie valeur ajoutée. A vous de trouver la bonne équation !

EP

 

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itw-406---maman-sportTEMOIGNAGE

Sandrine, maman sportive de Milo, 11 ans et Alice, 9 ans

« Les activités sont organisées au sein de l’école, un vrai plus ! »

« Etant nous-mêmes des parents plutôt actifs, je reconnais que nos enfants ont toujours eu plusieurs activités, sans compter le sport que nous pratiquons en famille ! Expatriés durant 5 ans en Guadeloupe, Milo a pu y pratiquer la voile et tous deux maîtrisent canoë, kayak et apprécient de faire de la randonnée, escalader…

Depuis cette rentrée, à Nantes, l’offre proposée par l’association interne au collège a permis à Milo de choisir 5 activités ! Arts du cirque, basket, ping-pong, chorale et création numérique, qui l’a amené à participer à un trophée robotique ! Comme il a de très bons résultats par ailleurs, nous avons accédé à sa demande qu’il a motivée par le fait de renforcer ses liens avec ses nouveaux copains. Et ces activités étant organisées les midis et le mercredi, nous n’avons qu’un transfert à assurer pour le hockey sur roller, passion que lui a transmise son père.

Alice, de son côté, a toujours pratiqué la danse, à sa demande depuis ses 6 ans. A la rentrée elle a été reçue au conservatoire ! Ses 3 heures de pratique le samedi sont exigeantes, mais enseignées dans le respect du développement de l’enfant, et elle est ravie. Cette discipline lui permet d’exprimer sa fibre artistique, comme à l’école où elle s’est aussi inscrite le mercredi au théâtre et aux arts du cirque. Nous avons de la chance qu’ils puissent autant s’épanouir à moindre coût et en ayant seulement 2 fois le transport à prévoir ! »

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itw-406---Claire-Leconte-exPOINT DE VUE

Claire Leconte, professeur émérite de psychologie de l’éducation, spécialiste des « temps de l’enfant » – également membre du comité de rédaction de la revue «  Famille-école » éditée par la Peep –, nous livre ses conseils.

« Ne rien faire est une activité à part entière ! »

 

« Si la pratique d’une activité permet à l’enfant de se découvrir des compétences, de s’épanouir et de gagner confiance en lui… attention à la surenchère ! Certains parents craignent le vide et l’ennui alors que les temps à ne rien faire sont fondamentaux pour leur construction ! Ils ont le droit de se poser, comme nous adultes, en regardant les mouches voler après une journée bien remplie ! Regarder leur environnement et les autres évoluer développe leurs capacités d’observation et d’imagination. Certains ont une activité si riche en famille, entre les copains, les jeux d’extérieur, d’intérieur, cuisiner, lire (…), qu’ils n’ont pas besoin d’autre activité ! Par contre, si c’est pour être passif devant des écrans, mieux vaut les inscrire.

 

Ne pas projeter ses propres envies

Pensez aussi à ressortir les jeux de société, qui apprennent à respecter les règles, attendre son tour et savoir perdre, ce qu’ils oublient parfois avec les jeux vidéo ! Attention à ne pas projeter ses propres envies, il faut laisser l’enfant choisir librement. Discutez-en avec lui, après 3 séances. Après une seule, il est difficile d’évaluer, il y a encore trop d’inconnus… Après 3 essais, l’enfant se rend compte de ses capacités à atteindre les compétences et objectifs requis. Une découverte du tir à l’arc a ainsi permis aux enfants de réaliser leurs progrès, alors qu’une séance unique pour cette discipline exigeante (position, précision…) les aurait découragés. Mais si après 3 essais ils y vont avec des pieds de plomb, il ne faut pas imposer de poursuivre ! Le risque serait que cette perte de motivation rejaillisse sur leur confiance en eux, leurs résultats scolaires comme leur comportement. Pour autant, ne choisissez pas leur activité en vous calquant sur celles de ses copains, expliquez-lui qu’il s’en fera de nouveaux !

N’oublions pas que les enfants ont aussi besoin d’avoir des temps avec leurs parents pour échanger avec eux, évoquer leur vie quotidienne, sans que ce ne soit sous forme de questions-réponses : ce qui les convaincra qu’ils seront disponibles quand ils en auront vraiment besoin. Il faut que dans ces moments ils ressentent que l’attention de leurs parents n’est pas attirée par autre chose. C’est important pour qu’une fois adolescent cela puisse se faire le plus naturellement possible. »

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