EDUCATION

Affelnet : « Ce n’est pas l’algorithme qui prend la décision ! »

itw-405---HUART-PAffelnet lycée est de retour ! Depuis 10 ans, l’outil permet à chaque rectorat de traiter les vœux de lycée des familles, en utilisant un scoring individuel selon de multiples critères. Mais des voix s’élèvent pour signaler des « dysfonctionnements » et s’interroger sur la « transparence » de la procédure. Face aux inquiétudes, Jean-Marc Huart, directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation nationale, souhaite se montrer rassurant et défendre un outil « objectif ».

 

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Depuis 2008, l’affectation des élèves au lycée repose sur l’outil Affelnet. Un algorithme est-il la bonne solution pour une décision si importante dans la vie des élèves ?

Je veux rappeler quelque chose d’important. L’affectation des élèves est une décision humaine. Par délégation du recteur, cela relève de la responsabilité de l’inspecteur d’Académie (Dasen). Et il faut le souligner : ce n’est pas l’algorithme qui prend la décision ! Affelnet n’est qu’une application, un outil d’aide à la décision. La décision repose aussi sur l’avis d’une commission préparatoire à l’affectation. Les parents sont associés à cette procédure. L’affectation des élèves repose d’abord sur une analyse faite par plusieurs personnes aidées par un outil technique. Chaque année, près de 670 000 élèves sont concernés par la procédure d’affectation post-3e dans un lycée public. Parmi eux, environ 440 000 demandent une affectation en classe de seconde générale et technologique.

 

Pour les familles, cela se matérialise par une fiche navette, que l’on remplit au mois de mai…

Exactement. La particularité d’Affelnet, par rapport à Parcoursup, c’est que les parents ne vont pas, jusqu’à présent, saisir les vœux eux-mêmes dans l’outil. Ils remplissent une fiche, et l’établissement rentre les vœux dans l’application.

 

L’an passé, des témoignages évoquant bugs et dysfonctionnement sont remontés. On a parlé d’affectations mi-septembre, de listes de vœux non prises en compte… L’outil sera-t-il amélioré cette année ?

L’année dernière, les choses se sont passées de manière relativement sereine. Très sincèrement, je n’ai pas eu d’informations particulières sur des bugs. Or souvent, sur cette question-là, le niveau national est une caisse de résonnance des problèmes locaux. Il y a eu, c’est vrai, des situations d’élèves en attente d’affectation à la rentrée. Cela concerne par exemple des élèves qui n’avaient pas obtenu la formation professionnelle qu’ils demandaient. Mais aussi des élèves allophones qui arrivaient sur le territoire national, ou des familles ayant déménagé pendant l’été.

 

Avec Affelnet, la notion de lycée de secteur a-t-elle encore de l’importance ?

C’est le critère principal ! La première règle en matière d’affectation, c’est la carte scolaire. L’outil prend en compte le secteur géographique, et dans la plupart des cas, cela s’arrête là.

 

Pourtant, nous avons eu plusieurs témoignages d’élèves n’ayant pas obtenu leur lycée de secteur…

On entend toujours parler des cas qui posent problème. Pour ceux-là, nous examinons les dossiers au cas par cas. Maintenant, dans la très large majorité des cas, il y a satisfaction des familles. Il ne faut jamais oublier de remettre en perspective sinon c’est le doigt qui cache le soleil !

Il y a peut-être des situations où il y a eu plus de demandes que d’offres, pour certaines raisons particulières. On ne peut pas pousser indéfiniment les murs des lycées. Il y a donc de l’ajustement. Tous les ans, nous suivons la rentrée scolaire par une enquête bihebdomadaire. Elle nous donne le nombre d’élèves non affectés. Dans les lycées généraux, il n’y en a quasiment pas. Et cela se résout très vite, dans les premières semaines.

 

HD-405---AffelnetLe principe d’Affelnet, c’est que chaque élève obtient un score selon divers critères. Or les parents peinent à comprendre le calcul.

Le barème repose sur des critères transparents. Outre la zone géographique, il prend en compte les critères de dérogation à la carte scolaire : le handicap, une charge médicale importante, les enfants boursiers, la fratrie, les élèves situés en limite de secteur et ceux devant suivre un parcours scolaire particulier.

 

Il y a aussi des critères scolaires…

Effectivement. Il y a les bulletins, les bilans périodiques sous forme de notes. Et l’évaluation du socle, en fin de 3e. Chaque compétence est évaluée par les enseignants selon quatre niveaux, qui donnent des points aux élèves. Cette évaluation est remise aux parents en fin d’année scolaire. Mais je me répète, ces critères ne sont pris en compte que quand des cas particuliers, lorsque le nombre de candidatures sur une formation excède le nombre de places disponibles.

 

Les notes sont classées par paliers : un 10 et un 15 offrent le même nombre de points. N’est-ce pas un peu injuste ?

Il fallait prendre en compte l’ensemble des modalités d’évaluation. Dans un certain nombre d’établissements, les élèves ne sont pas évalués sous forme de notes. C’est pour cela qu’il fallait déterminer des paliers.

 

L’évaluation du socle inquiète également les parents. On ne peut pas anticiper le résultat, comme avec les notes. La crainte est que le socle ne soit pas aussi bon que la moyenne générale.

Il faut quand même faire confiance aux professeurs. En général, l’évaluation du socle et les bilans périodiques sont très corrélés !

 

Les parents n’ont pas accès au total de points attribués par Affelnet. Certains craignent donc des erreurs, voire des injustices…

Le fait qu’il existe une application, c’est évidemment un plus. Dans une situation où il n’y aurait pas d’application, il y aurait une part beaucoup plus importante de subjectivité dans l’affectation. Ce que les parents souhaitent, c’est de pouvoir anticiper et calculer leur nombre de points avant que la procédure d’affectation soit effectuée. Or ce n’est pas possible. Dans le calcul du barème, il y a une formule de lissage, qui harmonise la diversité de notation des élèves. Ce lissage permet un traitement équitable entre les élèves.

 

Le fonctionnement de l’outil va-t-il évoluer cette année ?

Il n’y aura pas de changement au niveau national. En revanche, au niveau académique, les recteurs peuvent moduler et adapter à la réalité locale les éléments pris en compte dans le calcul du barème. Il est évident que la situation n’est pas la même dans les Académies de Limoges et de Paris…

 

Malgré tout, des enfants partent donc en vacances d’été sans lycée…

Je vous l’assure : cette situation-là n’est que très marginale ! Parmi l’ensemble des élèves qui demandent une affectation en seconde générale et technologique, seul 0,5 % doit attendre la fin du mois d’août pour être affecté. Il ne faut donc pas inquiéter inutilement les parents. Honnêtement, on a un système d’information, dont les critères sont transparents, qui permet d’avoir une objectivisation de l’affectation. Si on faisait les choses à la main, on aurait sans doute davantage d’opacité. Et on aurait sans doute un plus grand nombre d’élèves non affectés.

 

Même s’il peut avoir quelques défauts, l’outil permet donc de poser un cadre, quelque chose de plus transparent ?

Le système permet d’avoir des critères clairement définis. Et donc les mêmes règles pour tous. C’est un système transparent et égalitaire. Après, si un élève est affecté dans un lycée plutôt qu’un autre, ce n’est pas que le système a un défaut. C’est qu’il y a eu plus de demandes que d’offres à cet endroit. Mais en tout cas, ce sont des critères objectifs qui ont permis de déterminer qui a été affecté ici plutôt que là.

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ZOOM

Le cas particulier de Paris

Paris est un cas particulier : plusieurs lycées de secteur sont réunis dans quatre districts. Le barème prend beaucoup plus d’importance : beaucoup de parents souhaitent obtenir les meilleurs lycées du district…

Jean-Marc Huart, réagit : « Je pense qu’il faut minimiser cela. Dans la réalité, on constate beaucoup moins le phénomène que vous décrivez. Les parents font aussi leurs vœux en fonction de la proximité géographique. Et n’oublions pas que l’offre éducative est égale dans tous les établissements, avec des programmes nationaux, des professeurs qualifiés de la même manière… »

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