Grands-parents : un rôle précieux… et précis !
Piliers de la famille, les grands-parents construisent avec leurs petits-enfants une relation singulière et précieuse, dont les maîtres-mots sont la transmission et l’affection. Quel est leur rôle dans l’éducation de leurs petits-enfants ? Témoignages et conseils afin que chacun trouve sa place dans cette relation pour un enrichissement réciproque !
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«Je me souviens encore des gaufres que me préparait ma grand-mère le mercredi après-midi. Elle mettait la radio et nous prenions le temps de rêver. Elle nous racontait parfois des épisodes de sa vie qui me fascinaient, ce qu’elle avait vécu durant la guerre… je ne me lassais pas qu’elle nous relate les bêtises de mes parents ! Et nous osions lui avouer nos difficultés, nos peines de cœur… », raconte Céline, 42 ans, heureuse de confier aujourd’hui à son tour ses 2 enfants à ses parents, souvent durant les vacances scolaires. « Ils sont beaucoup plus permissifs qu’avec moi par le passé, cela m’agace parfois qu’ils ne respectent pas mes consignes », ajoute-t-elle.
« Il est important de bien communiquer et faire confiance aux grands-parents car cette relation les ouvre au monde, ils ont d’autres goûts et centres d’intérêts. Ce lien est précieux car enrichissant réciproquement ! », témoigne Béatrice Copper-Royer, psychothérapeute, auteur de « Grands-parents, le maillon fort » * (lire en encadré plus loin).
Une relation singulière et précieuse
En effet, qu’on les appelle mamie, papi, Grandpa, Mamina ou tout simplement par leurs prénoms, les grands-parents sont des figures essentielles de l’enfance, des piliers de la famille. Cette relation singulière se construit dès la naissance : « Alors que j’étais en froid avec mon fils, le jour de la naissance, il m’a appelé bouleversé, j’ai accouru. Quand il m’a mis l’enfant dans les bras en me disant « Voici ton petit-fils », j’ai senti une immense et indescriptible émotion : ce bébé minuscule nous reliait l’un à l’autre à jamais. Il donnait une suite à notre histoire », témoigne Jacques, 62 ans.
Rassurants, les grands-parents apportent une sécurité affective aux enfants et dès le plus jeune âge constituent un repère bienveillant, fiable en dehors de leurs parents. « Les grands-parents, actifs ou non, restent un repère essentiel pour leurs petits-enfants. Ils sont les garants de l’histoire familiale et de valeurs solides, à l’heure où les adolescents ne communiquent qu’entre eux », commente Béatrice Copper-Royer, qui souligne également leur rôle important de transmission. Tels des éclaireurs de vie, les grands-parents ont souvent pour mission de relater l’histoire familiale – à travers les albums photos, des lettres…– et racontent comment était la vie avant : « mes petits-enfants sont ébahis de savoir que nous n’avions pas internet, comment nous occupions nos soirées, quels étaient nos loisirs… » s’en amuse-t-elle.
Plus disponibles, les grands-parents savent recueillir les confidences, et sont aussi plus patients pour leur apprendre les gestes du quotidien comme faire les lacets de ses chaussures, jardiner, bricoler, cuisiner, tricoter… Une parenthèse bienvenue à l’heure où les écrans omniprésents ont démontré leurs conséquences néfastes sur les enfants. Juliette, 5 ans, jardine avec sa mamie et sait désormais reconnaître les mauvaises herbes tandis que Gustavo, 5 ans, adore traîner dans l’atelier de bricolage de son papi. Et si les adultes transmettent leurs goûts et activités aux tout-petits, les enfants en grandissant aident aussi par exemple leurs aïeux à aller surfer sur internet et gérer leurs emails !
Transmettre sans outrepasser son rôle
« A chaque fois que ma belle-mère me donne son avis sur l’éducation que je donne à mes enfants, je me crispe car je n’ai pas les mêmes règles concernant leur alimentation par exemple, ni la sécurité, je les trouve trop relax », témoigne Clara, 39 ans. Car si les grands-parents représentent un espace d’accueil et d’affection, ils ne doivent pas pour autant prendre la place des parents, et encore moins rivaliser avec eux. « Attention, il faut communiquer sans attendre la crise. Si certains débordent ou se mêlent de ce qui ne les regarde pas, il faut rappeler le rôle de chacun et surtout ne pas entrer dans une rivalité avec les parents », conseille Béatrice Copper-Royer.
Un principe prévaut : les grands-parents ne doivent jamais donner tort aux parents devant l’enfant. Et si les grands parents accordent de l’attention à leurs petits-enfants, ils ne doivent jamais se substituer aux parents et apprendre à conserver la bonne distance. « Il faut cependant leur faire confiance ! Ils ont un rythme de vie plus calme qui leur permet de jouer un joli rôle affectif, de confident notamment, ce qui en fera des alliés précieux pour éduquer les adolescents », précise la psychothérapeute, qui évoque notamment les situations de séparation, divorce des parents, où la parole de l’enfant pourra se libérer chez les grands-parents. « Cela représente pour l’enfant un havre de paix à l’abri des parents affaiblis. Que ce soit dans une période de conflit entre les parents, ou encore entre les parents et leurs enfants », ajoute-t-elle.
« Les enfants me racontent leurs petits soucis avec leurs parents trop sévères, trop énervés. J’arrondis les angles, j’écoute, mais sans jamais critiquer leurs parents, en expliquant pourquoi parfois les parents s’énervent, je dédramatise… », témoigne Evelyne, 62 ans, heureuse de remplir son rôle de grand-mère « alors que je n’ai jamais pu confier mes enfants à ma propre mère qui s’en désintéressait ». Car il faut saisir l’opportunité pour les tout-petits de partager ces beaux moments avec leurs grands-parents. Ces derniers leur ont d’ailleurs trouvé un surnom : « chicoufs », qui signifie : « Chic, ils arrivent, ouf ils repartent ! ».
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ZOOM
Béatrice Copper-Royer, psychothérapeute et psychologue-clinicienne, co-auteur du livre « Grands-Parents, le maillon fort » sorti le 1er mars aux éditions Albin Michel*
« Les grands-parents n’ont pas de rôle éducatif, c’est ce qui les différencie des parents : ils sont les soutiens de leurs enfants qui restent les seuls éducateurs. Cela suppose que les grands parents acceptent et se réjouissent de cette place, ce qui évacue toute idée de rivalité inconsciente.
Ils peuvent avoir un rôle très important dans la transmission de l’histoire : histoire familiale, et histoire de leur époque, celle où l’on vivait sans internet, par exemple, ce que les enfants peinent à imaginer. Les petits-enfants aiment beaucoup cette transmission, cela leur permet aussi de se situer, de mieux se représenter l’enfance de leurs parents, quelles bêtises ils faisaient… Cela les rassure, les inscrit dans une lignée. Il est souvent plus facile de garder les petits-enfants sans la présence des parents, car ils sont vite pris dans un conflit de loyauté, se demandant qui pose les règles, leurs grands-parents ou leurs parents, et ils peuvent en jouer. Les grands-parents ont une très jolie place ! Ils ont une disponibilité plus importante que les parents pris dans un quotidien trépident. Cela leur permet d’être des oreilles attentives et précieuses pour leurs petits-enfants. Ils sont un maillon fort qui permet aux plus jeunes d’avoir un dialogue riche et structurant avec une autre génération, contrepoids utile aux échanges constants qu’ils ont avec leurs pairs.
J’avoue, en tant que grand-mère, que je ne m’attendais pas à ce que ce lien de filiation soit si fort ! Devenus enfants puis ados, ils parlent beaucoup et apportent beaucoup de bonheur et de vie. Oui c’est un lien singulier et précieux pour tous. »
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