EDUCATION

Vie étudiante : l’apprentissage de l’autonomie

HD-401---etudiant-1C’est l’une des grandes étapes pour les familles. Le Bac en poche, le nouvel étudiant prend son envol vers l’indépendance. Logement, alimentation, finances, santé… L’autonomie s’accompagne de nouvelles responsabilités. Conseils pour que la transition se passe en douceur.

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« Devenir étudiant, c’est une période charnière dans l’apprentissage de la vie. » Installée dans le Gard, Isabelle Czerbakoff a deux fils en faculté à Nice et Montpellier. Et pour elle, la transition avec le lycée n’a pas été de tout repos. « C’est comme la première entrée en maternelle, sourit-elle. Beaucoup de parents ont peur, car l’enfant n’est plus là. » Redoublement, réorientation, année sabbatique… Ses fils ont connu quelques mésaventures. « C’est difficile d’apprendre à travailler seul, d’être rigoureux, avec autant de libertés. Mais il faut leur faire confiance : tout finit par s’arranger. »

Mais c’est un sacré défi de gérer tout à coup son loyer, ses factures, son alimentation… tout en révisant ses partiels ! « C’est le premier apprentissage de l’autonomie », analyse Philippe Prost, directeur du Crous de Montpellier, qui gère notamment les bourses et cités universitaires. « Il faut se prendre en charge. On devient acteur de sa vie. » La clé, c’est de s’y préparer, en famille. « Il faut réfléchir au projet global : je vais faire quoi, où, comment me loger, me restaurer, me transporter… »

 

Logement : la priorité

« Le logement, c’est le premier budget des étudiants » annonce Barbara Mutaner, directrice des éditions du CIDJ (réseau des centres d’information jeunesse). En moyenne, le loyer approchera 650 euros par mois à Paris, et 450 euros en province.

Pour les plus modestes, les Crous attribuent fin juin 174 000 chambres et studios à tarif social. « Une chambre avec sanitaires revient à 244 e avant allocation logement », détaille Philippe Prost.

Les autres devront éplucher, le plus tôt possible, les petites annonces, et solliciter les agences immobilières. On peut également parcourir lokaviz.fr. Sur ce site gratuit, les Crous sélectionnent près de 30 000 annonces selon la desserte par les transports, la proximité des lieux d’études, le loyer « décent »… Autre piste, évoquée par Barbara Mutaner, les résidences étudiantes privées : « C’est un lieu de vie, où l’on croise d’autres étudiants et on bénéficie de services : cuisine collective, gardien, blanchisserie… »

Bruno Hautbout, papa marseillais dont l’aînée vient de terminer ses études secondaires, conseille de s’impliquer dans la recherche. « On peut faire les visites ensemble, pour échanger. » En se posant les bonnes questions : « le logement est-il près des cours ? La cuisine est-elle pratique ? L’environnement est-il propice au travail ? ».

Une fois le logement identifié, les parents se porteront caution auprès des loueurs. Sinon, le service Visale (qui a remplacé le dispositif Clé – caution locative étudiante) peut jouer ce rôle, et avancer le dépôt de garantie. « Le bail doit surtout être au nom du jeune, précise Barbara Mutaner. C’est obligatoire pour les aides de la CAF, Caisse d’allocations familiales. Beaucoup d’étudiants touchent jusqu’à 170 e par mois ! » De quoi financer les charges annexes : internet, assurance, taxe d’habitation, entretien de la chaudière…

 

 

HD-401---etudiant-3Budget : gérer, cela s’apprend

Souvent, quand ils le peuvent, les parents soutiennent financièrement leurs enfants. « Pour moi, c’est indispensable, explique Candice Le Fur, en 1re année à Sciences Po Toulouse. On a fixé un budget pour les courses, les transports, les factures… J’ai découvert ce que c’était de regarder ses comptes et prévoir ses dépenses ! »

Attention aux découverts bancaires : « Gérer son premier budget peut être un peu grisant, estime Barbara Mutaner. On croise des jeunes qui se retrouvent en situation de surendettement… » Notamment à cause des extras, comme les soirées. Pour éviter les surprises, mieux vaut noter sur une application ou une feuille ses ressources et dépenses. Au CIDJ, on conseille aussi de retirer en début de mois une somme dédiée aux courses et aux sorties. « Quand on l’a dépensée, on ne fait plus d’extras, explique Barbara Mutaner. Avec la carte bleue, on réalise moins ce que l’on paye. » Et surtout, si l’on a un pépin, mieux vaut prévenir sa banque… et sa famille !

 

 

Bourses : déposez un dossier !

Les enfants d’Isabelle Czerbakoff ont bénéficié de chambres en cité universitaire et de bourses. « 477 euros du Crous et 178 euros de la CAF, c’est juste ce qu’il faut pour les factures, les fournitures et la nourriture ! » Attribuée sur critères familiaux et financiers, le montant de la bourse s’échelonne de 100 euros (échelon 0 bis) à 550 euros (échelon 7) par mois. Pour l’obtenir, il faut remplir un dossier sur le site etudiant.gouv.fr avant le 31 mai (au-delà, la demande prendra plus de temps).

En 2017, 700 000 jeunes ont perçu une bourse. Et le premier échelon est plus accessible qu’on ne l’imagine : même avec des revenus dépassant 5 000 euros par mois, les familles nombreuses sont concernées. À noter : pour les boursiers, le nombre de redoublements est limité, et l’assiduité sera vérifiée.

 

 

Alimentation : tous aux Restos U !

Le mythe des pâtes et du riz n’a pas disparu. « En période d’examen, on fait moins attention, regrette Candice Le Fur. Manger mal, cela va contribuer à ne pas se sentir bien. » La solution ? Les restaurants universitaires des Crous. Accessibles à tous les étudiants, ils proposent des repas complets pour 3,25 e. « L’aiguillon de la concurrence nous a poussés à monter en qualité, assure Philippe Prost. On propose des repas variés et équilibrés, le plus souvent préparés sur place. » Certains « Restos U » sont ouverts le soir. Pourquoi s’en priver ?

 

 

HD-401---etudiant-2Jobs : plutôt pendant l’été !

46 % des étudiants travaillent en parallèle des cours. Problème : le job concurrence parfois les révisions. Les boulots d’été sont donc préférables pour se constituer une cagnotte. Si c’est vraiment nécessaire, Barbara Mutaner conseille les missions en week-end : intérim, animation, accueil de congrès et salons… Sur Jobaviz.fr, les Crous relayent quelque 60 000 offres jugées « compatibles avec les études ». Tout est une question de gestion du temps. « Quand ma fille a étudié à l’étranger, elle avait du temps libre, raconte Bruno Hautbout. On a continué à l’aider, mais elle s’est trouvé un boulot pour participer financièrement. » Parfait également pour garnir son CV !

 

 

Transport : la liberté a un prix

Escapades, retours le week-end en famille… Les étudiants sont très mobiles. Beaucoup profitent donc un maximum des cartes jeunes de la SNCF et d’Air France : les réductions offertes sont souvent substantielles. Pour le permis de conduire, le prêt à 1 euro par jour est toujours d’actualité. Mais on sait moins que les collectivités proposent également des bourses. « Dans les centres d’information jeunesse, on découvre souvent des aides méconnues », rappelle Barbara Mutaner. En revanche, une voiture peut grever un budget, pour un usage souvent limité. Sauf si c’est indispensable, mieux vaut se tourner vers la location et l’autopartage.

 

 

Santé : attention au coup de blues

« Face à un système complexe, de plus en plus d’étudiants hésitent à engager des frais de santé, se désole Barbara Mutaner. 40 euros pour un spécialiste, c’est un gros budget à avancer. » Pourtant, la vie étudiante s’accompagne souvent de petits bobos, de questions liées à l’intimité ou la nutrition, quand ce n’est pas un blues lié à un échec aux examens ou une peine de cœur. On peut alors solliciter les services de médecine préventive des universités, qui proposent souvent des consultations gratuites.

Et même à distance, le soutien familial est important. « On n’a pas forcément la solution, mais il faut montrer que l’on est présent », raconte Bruno Hautbout.

Le risque s’amplifie dans les filières sélectives. « Malgré son bac avec mention, mon aîné rentrait blême tous les week-ends, se souvient Isabelle Czerbakoff. Médecine a été son premier échec. Dans ces moments-là, on a un rôle d’écoute. Il faut faire attention à ne pas briser son enfant. » Mais Barbara Mutaner tient à rassurer les parents : « On oublie vite les petits problèmes. Il faut rappeler que ce sont souvent les plus belles années de sa vie. »

Notons par ailleurs qu’à la prochaine rentrée, les étudiants seront rattachés au régime général de la sécurité sociale (lire La Vie scolaire de A à Z, 2018).

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Sport et culture : pour se faire du bien

Pour se défouler, écoles et universités proposent souvent un large panel de sports à prix modique, notamment via les SUAPS, services de sport universitaire. Il est même possible d’en faire une option facultative pour gagner quelques points aux examens !

Et il ne faut pas négliger la culture, essentielle pour développer son ouverture d’esprit. La carte étudiant offre ainsi l’entrée dans de nombreux musées. Et dans de nombreuses villes (Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, La Rochelle…), le Crous propose aux étudiants des entrées à prix subventionné pour le cinéma, le théâtre, les concerts… En 2019, le dispositif national Pass Culture offrira en plus à chaque jeune de 20 ans 500 euros à dépenser en biens culturels.

 

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Philippe Prost, directeur du Crous de Montpellier (34)

L’arrivée dans le monde étudiant suscite parfois quelques inquiétudes…

À chaque rentrée, les Crous voient affluer un nombre important de jeunes étudiants, parfois accompagnés de leurs parents. Mais ces questionnements sont logiques. Il y a beaucoup d’informations à intégrer, c’est difficile de s’y retrouver. On bascule dans un monde que l’on ne connaît pas.

 

Comment le Crous aide les jeunes ?

On est vus comme un prestataire pour les bourses, le logement et la restauration. Mais cela va au-delà. On soutient l’accès à la culture, et on va intervenir sur les problèmes de santé, de stress, les risques de décrochage. On est là pour aider au maximum à passer ce cap. On peut même attribuer des aides d’urgence en cas de difficulté ponctuelle, de rupture familiale.

 

Les bourses sont-elles réservées aux familles modestes ?

Le principal problème, c’est l’information (1). Je le répète aux familles : cela ne coûte qu’une heure de temps de remplir un dossier. Des jeunes ne bénéficient pas de leurs droits, car ils pensent ne pas entrer dans les critères. Or il n’y a pas que les revenus : on prend en compte la composition familiale, l’éloignement du domicile. De plus en plus d’étudiants obtiennent le niveau « zéro bis ». 1 000 e sur l’année, ce n’est pas rien !

 (1) : Le site messervices.etudiant.gouv.fr réunit de nombreuses informations sur les aides sociales.

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TEMOIGNAGE

Candice Le Fur, 18 ans, 1re année de Sciences Po à Toulouse

« Je vis à 200 km de mes parents. Au début, je rentrais tous les week-ends, car cela fait du bien pour amortir un peu la transition. 5 jours par semaine, il faut tout prévoir : les courses, les menus, les papiers… On découvre beaucoup de responsabilités !

Même si on n’a plus les parents sur le dos, ils ont donc un rôle d’accompagnement à tous les niveaux. Quand j’ai été malade, je me suis rendu compte que c’était bien d’avoir une maman ! Je profite beaucoup des tarifs étudiants au cinéma ou pour les transports. Par contre, je ne sors pas beaucoup. J’ai eu tendance à m’enfermer chez moi pour travailler. Mais les repas, seule sur sa chaise, c’est un peu triste. Dès les premières semaines, il est bon de créer des liens, de socialiser. Il ne faut pas hésiter à appeler ses parents, car cela fait du bien. Ils sont passés par là. »

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