EDUCATION

BTS ou DUT : comment choisir entre ces deux filières ?

HD-395---bts-3Les BTS et DUT sont des formations de niveau bac + 2 qui permettent d’être rapidement opérationnels en se préparant à un métier, mais ouvrent également à la poursuite d’études. Comment choisir ? Revue des différences entre ces deux diplômes nationaux.

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Al’origine, les formations de Brevet de technicien supérieur (BTS) et Diplôme universitaire technologique (DUT) ont été conçues pour faciliter une insertion rapide sur le marché de l’emploi, dès l’obtention de ces diplômes d’Etat d’un niveau bac + 2. Dans les faits, de plus en plus d’étudiants (89 % en DUT, 53 % en BTS) choisissent de poursuivre leurs études à l’issue de leur formation, vers une licence professionnelle, une licence, une école de commerce ou d’ingénieur…

S’inscrivant tous deux dans le système européen LMD (licence, master, doctorat), le BTS et le DUT délivrent un diplôme équivalent à 120 crédits européens (ECTS). Leur objectif commun reste de former, en 2 ans après le bac, des professionnels opérationnels sur le marché du travail. S’ils présentent des similitudes, le BTS et le DUT se différencient sur plusieurs points : lieux de formation, objectifs pédagogiques et organisation, modalité d’examen…

 

Choisir son environnement

Le DUT se prépare dans un Institut Universitaire Technologique (IUT) tandis que le BTS peut être dispensé au sein d’un lycée, public ou privé, dans les Sections de techniciens supérieurs (STS) ou dans des Centres de formation d’apprentis (CFA). « Le BTS constitue une continuité par rapport au lycée pour les jeunes, tandis que pour le DUT, le mode de fonctionnement est plus universitaire, ils sont sur un campus en IUT, cela peut être un critère important », souligne Majdi Khoudeir, directeur de l’IUT de Poitiers, qui rappelle que l’environnement doit contribuer à la réussite de chaque étudiant.

Les deux filières comportent entre 35 et 40 heures de cours par semaine, réparties entre les cours, les travaux dirigés et les travaux pratiques. Imposant un rythme de travail soutenu et un travail personnel important, ces deux formations impliquent de la rigueur et le sens de l’organisation. Même si les IUT savent bien entourer leurs étudiants, ils demanderont plus d’autonomie à leurs élèves dont les promotions peuvent aller jusqu’à 250, tandis que les classes de BTS sont limitées à une trentaine d’élèves. L’assiduité aux cours est obligatoire dans les deux cas. « Si nous avons des promotions importantes jusqu’à 170 étudiants, les enseignements délivrés à toute la promotion ne représentent que 20 % de leur programme, les étudiants étant par petit groupe en TD ou TP le reste du temps », tempère Majdi Khoudeir. Ces travaux dirigés (TD) et travaux pratiques (TP) qui professionnalisent les étudiants sont au cœur des deux formations.

Les deux diplômes sont délivrés sur la base d’un contrôle continu, auquel s’ajoute pour le BTS un examen final national à l’issue de la 2e année qui vient vérifier les connaissances acquises. En théorie, les BTS sont plutôt destinés aux titulaires d’un bac technologique ou professionnel tandis que 2/3 des étudiants de DUT sont issus de bacs généraux, 1/3 de bacs technologiques (lire l’encadré « chiffres clés »).

 

Des DUT plus généralistes que les BTS

Proposé dans 138 spécialités des secteurs agricole, industriel et tertiaire, le BTS permet d’acquérir des compétences dans un domaine pointu. Le créneau étudié est ainsi très précisément délimité. Avec une vocation plus généraliste, le DUT vise la polyvalence dans un domaine professionnel et propose 41 spécialités (options comprises). « Les DUT comptant moins de spécialités, couvrent beaucoup plus de champs de métiers qu’une formation BTS qui va focaliser sur des techniques métiers » précise Majdi Khoudeir. Le DUT permet de s’adapter à une famille d’emploi. Ainsi pour le domaine du commerce par exemple, on compte 3 BTS (« Commerce international », « Management des unités commerciales » Muc et « Négociation et relation client » NRC) contre 1 DUT (« Techniques de commercialisation »). Cependant, il faut noter à l’inverse que certains DUT n’ont pas d’équivalence en BTS comme c’est le cas avec le DUT « Carrières juridiques » ou le DUT « Organisation et génie de la production ».

Face à ce large panel, avant de choisir entre BTS et DUT, il convient donc en premier lieu de prendre le temps de réfléchir à un projet professionnel. Le choix d’une formation est un cheminement qui va du projet d’études au métier et s’inscrit également dans un projet de vie. Conseils aux jeunes : informez-vous sur les exigences de chaque filière et faites preuve de curiosité en vous rendant aux journées portes ouvertes, sur les salons d’orientation et en interrogeant des professionnels sur leur métier…

 

HD-395---bts-2Stages longs et projets tutorés

Le contenu des enseignements des BTS et DUT repose dans les deux cas sur une alternance de cours théoriques (maths, langues vivantes…) et de cours professionnalisants (TD et TP), le tout entrecoupé de stages. Si l’étudiant le souhaite, ces stages peuvent être réalisés dans une entreprise à l’étranger, et une partie de leur scolarité peut également se réaliser à l’international dans le cadre du programme Erasmus. « Nous insistons beaucoup sur l’anglais, en mixant des cours délivrés dans la langue et passage de certifications », ajoute Majdi Khoudeir.

En BTS, la part belle est faite aux stages d’une durée de 8 à 16 semaines selon la filière choisie. Ensuite l’étudiant doit rédiger un rapport de stage détaillé, qui donne lieu à une soutenance dont le coefficient est important.

En IUT, la formation comporte 10 à 12 semaines de stage en entreprise, auxquelles s’ajoutent des « projets tutorés ». Ce travail, qui représente 300 heures, donne lieu à une soutenance devant un jury constitué de professionnels. Permettant de travailler en équipe sur un mode projet proche de celui de l’entreprise – nombre de projets sont commandités par des sociétés – ils donnent lieu à de belles réalisations : de l’organisation d’évènements à l’audit en passant par le lancement de start-up ! Ces projets sont le fer de lance des DUT, afin de moderniser l’image de la formation jugée parfois trop généraliste, et donner aux étudiants les moyens de prendre des initiatives sur des actions réelles de l’entreprise.

Un des atouts majeurs du DUT tient d’ailleurs à l’implication des professionnels (issus du secteur privé) dans le développement de ces projets tutorés comme dans la conception des programmes, ce qui professionnalise les étudiants, constamment connectés au marché de l’emploi. « Les professionnels, industriels, constituent une belle transition vers l’emploi », confirme Majdi Khoudeir, qui rappelle que ces formations s’ouvrent de plus en plus à l’alternance.

 

Alternance, tremplin vers l’emploi

De plus en plus proposé en BTS comme en DUT, ce mode d’apprentissage, qui repose sur l’alternance de périodes en formation et en entreprise (en qualité de salarié), permet de se forger une expérience professionnelle de taille, tout en décrochant le même diplôme national. « Si l’alternance requiert beaucoup de maturité et d’organisation pour l’étudiant, c’est un véritable tremplin vers l’emploi, c’est pourquoi nous le proposons de plus en plus en 2e année », souligne le directeur de l’IUT de Poitiers.

Ce mode d’apprentissage, encore plus professionnalisant, peut être très intéressant pour des jeunes lassés du système plus « classique ». C’est également une belle introduction vers la licence professionnelle, poursuite d’études naturelle pour de nombreux étudiants titulaires d’un DUT. « 20 à 25 % de nos étudiants poursuivent en licence professionnelle, 50 % vers des études longues jusqu’à bac + 5 et les autres 25 % vont vers l’emploi. Nous avons d’ailleurs plus de demandes de recrutement de la part des entreprises que d’étudiants qui souhaitent s’insérer directement après leur diplôme ! », souligne Majdi Khoudeir.

Selon les dernières enquêtes, la grande majorité des diplômés de DUT poursuivent leurs études. Et avec les possibilités d’admissions parallèles (lire en encadré), nombre d’étudiants choisissent de rejoindre une grande école de commerce ou d’ingénieur, afin de continuer à se spécialiser ou chercher l’obtention d’une double compétence, très recherchée sur le marché.

Autre bon point, les résultats d’insertion restent excellents pour ces deux filières prisées par les entreprises, particulièrement les spécialités industrielles et commerciales. En résumé, BTS et DUT : deux filières courtes qui forment de vrais « pros », opérationnels, dotés d’une bonne formation de base, et qui ouvrent de belles perspectives de carrière !

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itw-395-iut-koudeirPOINT DE VUE

Majdi Khoudeir dirige l’IUT de Poitiers, qui compte 11 départements d’IUT et 15 licences professionnelles. Il revient sur les spécificités et points forts de cette formation

« De par sa nature universitaire, l’IUT laisse plus d’autonomie et son fonctionnement semestriel facilite des passerelles, si besoin, vers d’autres spécialités. La dimension projet, qui favorise le travail pédagogique en équipe, est au cœur de nos formations. Sur deux ans, nos étudiants ont 300 heures dédiées au projet, majoritairement commandité par des industriels ou des laboratoires de recherche. C’est une expérience très formatrice, ils apprennent à travailler entre eux, avec des méthodes et problématiques qui diffèrent… jusqu’à la soutenance devant un jury de professionnels. Certains donnent parfois lieu à une réalisation réelle !

Une autre différence avec le BTS tient à la composition des équipes pédagogiques, qui comptent des enseignants de lycée, d’université et des professionnels. Souvent actifs au sein de laboratoires de recherche, les enseignants universitaires apportent une autre dimension en termes de pédagogie et de connaissance ; les professionnels, industriels, constituent une belle transition vers l’emploi tandis que les enseignants du lycée accompagnent nos étudiants dans la transition entre lycée et enseignement supérieur ! Enfin, la plupart de nos diplômes sont ouverts en alternance, véritable tremplin vers l’emploi ! »

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ZOOM

Des admissions parallèles pour intégrer une grande école après un bac + 2 !

Toutes les grandes écoles, y compris les plus « sélectives », proposent des modes d’admission « sur titre » ou en admission parallèle, qui permettent à des étudiants titulaires d’un bac + 2 de rejoindre les bancs d’une école de commerce ou d’ingénieur. Le recrutement se déroule sur concours afin d’évaluer si le candidat répond à des exigences d’excellences académiques (validées par des écrits) ; son projet professionnel comme sa motivation sont évalués lors d’un entretien final.

Les étudiants choisissant cette voie bénéficient déjà d’une connaissance théorique du monde professionnel ainsi que d’une expérience significative (stage, apprentissage, job…). Leurs objectifs varient. Certains aspirent à compléter leur parcours par un diplôme de niveau bac + 5 (Master) valorisant sur le marché de l’emploi, dans la lignée de leur premier diplôme (licence d’économie et école de management ou DUT informatique et école d’ingénieurs). D’autres visent la double compétence : scientifique et commerciale ou juridique et managériale par exemple.

Plusieurs écoles de commerce se sont réunies pour organiser des concours communs (Tremplin, Passerelle…) ; ce qui permet à l’étudiant d’optimiser ses chances de réussite comme son budget en se présentant en une seule fois à plusieurs écoles.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur les sites www.ecricome.org et www.passerelle-esc.com.

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ETAT DES LIEUX

Chiffres-clés des BTS et des DUT

  • 89 % des diplômés de DUT et 53 % des diplômés de BTS poursuivent leurs études
  • Le BTS s’adresse en priorité aux bacheliers technologiques et aux bacheliers professionnels.

Origine des étudiants :

- Bac technologique : 36 %

- Bac professionnel : 28 %

- Bac général : 17 %

- Anciens étudiants ou salariés : 19 %

  • Environ 2/3 des étudiants en DUT sont issus de bacs généraux, pour 1/3 de bacheliers technologiques.

Origine des étudiants :

- Bac général : 65 %

- Bac technologique : 30 %

- Bac professionnel : 2,5 %

- Autres : 2,5 %

Source : Repères et références statistiques 2016, Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

 

  • Les diplômés de cycle court sont beaucoup plus nombreux en France (15 % pour les 25-64 ans) que dans l’OCDE (8 %).

 

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