DOSSIER

Bien s’informer pour bien s’orienter

illus_cmjn_VdP_389C’est souvent au collège, à l’âge de 13-14 ans, que les élèves réalisent qu’ils poursuivent un parcours qui – même si cela peut leur sembler loin – débouchera finalement… sur un métier ! Bien s’informer pour bien s’orienter est essentiel afin d’éviter que ne s’installent l’angoisse et le doute quand l’heure des choix aura sonné, en particulier à l’issue de la 3e, de la 2nde, et en terminale.

Dans le cadre scolaire, avec notamment la mise en application depuis la rentrée 2015 d’un nouveau parcours d’information, d’orientation et de découverte du monde professionnel, appelé « Avenir », mais aussi en famille, il est primordial d’accompagner progressivement l’élève dans la construction de ses choix, en analysant tous les critères : ses goûts et ses aptitudes, ses résultats scolaires, mais aussi les spécificités des formations proposées, leurs débouchés, les possibilités de poursuites d’études, de passerelles vers d’autres formations, etc. Pour qu’à chaque étape du projet au long cours qu’est l’orientation, muni d’une boussole efficace, il puisse choisir la bonne direction.

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Pour une majorité d’élèves, la scolarité s’apparente souvent à un long fleuve tranquille jusqu’à la classe de 3e. Là se situe le premier grand carrefour de leur parcours scolaire. Deux grands choix leur sont proposés : la voie générale et technologique (la même seconde pour ces deux voies) ou la voie professionnelle, avec deux entrées : la seconde professionnelle, qui mène au bac pro en trois ans, ou le CAP, certificat d’aptitude professionnelle (formation diplômante en deux ans).

Pour ceux ayant opté pour la voie générale et technologique (environ deux tiers des élèves), un second choix se présente à eux dès la fin de la classe de seconde : soit poursuivre leur scolarité vers la voie générale, soit opter pour une des séries de la voie technologique.

Au-delà des choix spécifiques dictés notamment par un projet professionnel déjà bien construit, voici quelques grands principes de base qui peuvent aider à choisir entre les voies générale, technologique et professionnelle.

 

HD-389-orientation-4-phanieVoie générale

Les bacs généraux apportent une culture générale littéraire, scientifique, ou économique. Théorie et expression écrite y tiennent une place importante et préparent à des études longues. Les options choisies en première puis en terminale renforcent le poids d’une des disciplines majeures du bac préparé. Ainsi, en terminale, des « enseignements de spécialité » permettent aux élèves d’acquérir des profils d’études diversifiés qui les préparent au choix d’une filière dans l’enseignement supérieur. Trois séries générales sont proposées au lycéen de seconde : littéraire (L), économique et sociale (ES), et scientifique (S).

 

Voie technologique

Les cours théoriques et pratiques dispensés dans la filière technologique permettent quant à eux d’approfondir la connaissance des élèves dans une spécialité donnée, et préparent surtout les lycéens à poursuivre dans une formation courte de l’enseignement supérieur, type BTS ou DUT. Néanmoins, d’autres parcours d’études leur sont ouverts. Voir en encadré, page 22, les huit séries proposées dans la voie technologique.

 

Voie professionnelle

Enfin, concernant la voie professionnelle (bac pro et CAP), le lycée professionnel et le CFA (centre de formation d’apprentis) sont réservés aux jeunes qui ont déjà une idée assez précise du métier qu’ils veulent exercer, et qui souhaitent intégrer le monde du travail rapidement (les poursuites d’études restant bien sûr possibles dans le supérieur), grâce notamment au système de l’alternance, qui partage le temps des élèves entre enseignements théoriques et pratique professionnelle chez un employeur.

 

HD-389-orientation-2« Avenir », un nouveau parcours

Mis en place depuis la rentrée 2015 au collège et au lycée, le parcours Avenir (parcours individuel, d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel) a pour objectif de permettre à chaque élève de découvrir le monde économique et professionnel, de développer le sens de l’engagement et de l’initiative, et d’élaborer un projet d’orientation, scolaire et professionnel. Un parcours qui concerne tous les élèves, de la 6e à la terminale, mais dont la mise en œuvre ne sera que progressive. En effet, ce dernier prévoit par exemple de s’appuyer sur les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) au collège, notamment celui sur le monde économique et professionnel, alors que la réforme installant ces fameux EPI  ne sera effective qu’à la rentrée 2016.

Ce parcours Avenir se fonde sur l’acquisition de compétences et de connaissances relatives au monde professionnel dans le cadre des enseignements disciplinaires, mais aussi par le biais d’actions plus concrètes : visites d’entreprises, stages en milieu professionnel, conférences et débats, etc. Notons d’ailleurs que la « séquence d’observation en milieu professionnel » est maintenue pour tous les élèves de 3e. Une première immersion en entreprise pour les jeunes d’une durée de 5 jours.

 

HD-389-orientation-3Les bons interlocuteurs

Ce nouveau parcours Avenir, institué par la loi d’orientation du 8 juillet 2013, mobilise l’ensemble de la communauté éducative. Et parmi tous ses acteurs, certains ont la charge spécifique de donner l’information sur l’orientation qui doit permettre aux jeunes d’avoir une vue d’ensemble sur le parcours qui les attend. Ainsi, les conseillers d’orientation psychologues (CoPsy) interviennent dans les classes, organisent des séances d’information, des ateliers thématiques, et reçoivent les élèves individuellement, à leur demande, notamment dans les CIO (centres d’information et d’orientation) où ils exercent. Un conseil : pour que ces entretiens soient productifs, il faut qu’ils soient préparés, que votre enfant ait bien en tête les questions qu’il va poser. Si vous le jugez utile, vous pouvez l’accompagner (lire en encadré l’interview d’Eric Delteil, conseiller d’orientation-psychologue à Orthez).

Les professeurs principaux sont également des interlocuteurs à privilégier dans le cadre de la définition progressive du projet d’orientation : ils connaissent bien le profil de l’élève et le suivent tout au long de l’année. Des entretiens personnalisés d’orientation conduits par le professeur principal, en coopération avec les conseillers d’orientation-psychologues, sont d’ailleurs prévus en 3e, en 1re et en terminale.

 

Les lieux d’information

Outre les sites internet, les CDI, centres de documentation et d’information des collèges et des lycées, et les CIO, centres d’information et d’orientation, sont des endroits où les jeunes pourront trouver de nombreuses et précieuses informations sur les métiers et les études qui y mènent. Les jeunes ne doivent pas hésiter à faire appel aux professionnels (documentalistes, conseillers d’orientation) qui sont là pour les aider à s’y retrouver, et pour leur apprendre à utiliser les ressources mises à leur disposition.

Autres sources d’informations à privilégier : les journées portes ouvertes mises en place par les établissements, en général au printemps, ainsi que les salons, forums et autres carrefours des métiers. C’est l’occasion de discuter avec des professionnels, qui pourront donner une vraie vision de la réalité du « terrain », éloignée parfois de bien des préjugés.

Et quel rôle pour les parents ? A la maison, les discussions et les confrontations de points de vue sont très importantes pour permettre aux jeunes de mieux cerner leur propre profil et leurs envies. Il faut les aider à s’ouvrir, à découvrir. Et enfin, bien entendu, les encourager, mais aussi leur faire prendre conscience des difficultés, telle est la responsabilité des parents.

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ZOOM

S’informer en ligne

S’informer sur l’orientation, les métiers et les filières, directement auprès de conseillers d’orientation-psychologues et de professionnels de l’orientation, c’est ce que propose le dispositif « monorientationenligne », géré par l’Onisep.

Trois moyens de communication sont mis à disposition des élèves et des parents : par téléphone, au 01 7777 12 25 (numéro non surtaxé), du lundi au vendredi, de 10h à 20h et aussi par internet, sur monorientationenligne.fr, où vous pouvez poser des questions par mail ou en direct par tchat.

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Après la seconde, le choix de la voie technologique

Moins (re)connues que les séries générales, affublées de sigles pour la plupart peu explicites, les séries de la voie technologique offrent des formations aux enseignements à la fois généraux et spécifiques, adaptées à de nombreux profils d’élèves. En 2015, on comptait environ 125 000 bacheliers technologiques contre un peu plus de 316 000 bacheliers de la voie générale.

Huit séries technologiques sont proposées en fin de seconde :

– sciences et technologies de l’industrie et du développement durable (STI2D)

– sciences et technologies du design et des arts appliqués (STD2A)

– sciences et technologies du management et de la gestion (STMG)

– sciences et technologies de laboratoire (STL)

– sciences et technologies de la santé et du social (ST2S)

– techniques de la musique et de la danse (TMD)

– hôtellerie

- sciences et technologies de l’agronomie et du vivant (STAV).

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013_Equipe-DelteilL’AVIS DU PRO

Eric Delteil, conseiller d’orientation-psychologue et directeur du CIO (centre d’information et d’orientation) d’Orthez (64)

Avec les nouvelles technologies, les élèves et leurs parents disposent d’une grande quantité d’informations factuelles sur les études et les métiers. Que pouvez-vous leur apporter de plus ?

Il est vrai qu’avec internet notamment, on dispose aujourd’hui plus facilement d’informations sur les parcours d’études, les métiers. Néanmoins tous ne se valent pas. Un site est à privilégier : monorientationenligne.fr. Il dépend de l’Onisep, il est donc fiable et permet d’entrer en contact avec des conseillers bien formés. Quant à nous, au sein des centres d’information et d’orientation, comme dans les établissements scolaires, nous apportons une plus-value dans le sens où notre objectif est d’aider le jeune à construire son parcours scolaire et professionnel jusqu’à l’aider à hiérarchiser les choix émis, de travailler avec l’élève sur l’objectivation.

 

C’est-à-dire concrètement ?

Je vais vous prendre l’exemple d’une jeune fille qui est venue me voir récemment. Elle avait plusieurs idées en tête : la coiffure, l’élevage canin… et la cuisine ! Je l’ai d’abord interrogée sur ses réelles motivations : le pourquoi de ces choix, ensuite s’est-elle rendue à des journées portes ouvertes dans des établissements qui proposent les formations vers les métiers qu’elle envisage, a-t-elle rencontré des professionnels de ces secteurs, etc. Mon rôle est ensuite de l’informer sur la portée de certains choix d’orientation. Ainsi, opter pour la coiffure, cela signifiait qu’elle devait suivre une formation loin de chez elle, donc en internat… Etait-elle prête à quitter le domicile familial ? Des critères personnels qu’il faut prendre en compte.

 

Prenez-vous aussi en compte d’autres critères pour aider au mieux les jeunes qui vous sollicitent, à s’orienter ?

Bien sûr, nous devons aussi tenir compte des débouchés professionnels. Même si ce critère reste assez aléatoire car la vision statistique / chiffrée que nous avons est souvent sur le court terme, donc il faut être prudent. Enfin, les résultats scolaires sont également un critère à ne pas négliger, car tout projet doit être en cohérence avec les exigences scolaires demandées. C’est notamment le cas pour des filières de formation qui ont des critères de sélection élevés.

 

Justement, quand l’envie d’un jeune de se diriger vers un métier précis se heurte à des résultats scolaires visiblement insuffisants, quels conseils lui donnez-vous ?

On doit tenir un langage de vérité. En revanche, on ne dira jamais « tu ne seras pas ci, ou tu ne seras jamais ça ». Nous n’avons pas à interdire quoi que ce soit. Mon expérience m’a bien montré que tous les parcours sont possibles. J’ai l’exemple d’une personne qui a commencé par un CAP de carrossier, qui a poursuivi par une formation de technicien forestier et qui est aujourd’hui… kinésithérapeute.

 

Après la 3e se pose la première grande question sur l’orientation : la voie pro ou la voie générale et technologique. Pour certains, ce choix est difficile…

En effet, mais il ne faut jamais oublier que rien n’est définitif, dans les deux sens. Ainsi, il existe par exemple la possibilité pour un lycéen de la voie générale de suivre une formation professionnelle diplômante en un an après son bac, comme il est possible d’intégrer une première professionnelle dans certaines conditions après une seconde générale. J’ai remarqué aussi que beaucoup connaissent mal les nouvelles filières technologiques, elles ont été modernisées et peuvent convenir à un grand nombre de jeunes. Quant à la voie professionnelle, ce peut être aussi un bon choix, en choisissant un bac Professionnel ou un CAP, mais j’informe aussi l’élève que dans le cadre de certains CAP, par exemple, ce ne sera plus l’école telle qu’il l’a connue, il signera un contrat de travail, c’est un contrat d’apprentissage ou un contrat de professionnalisation, que celui-ci peut être rompu lors de la période d’essai, etc.

 

Les parents sont eux-mêmes souvent désorientés face aux questions d’orientation concernant leur enfant. Quels conseils leur donneriez-vous ?

Premier conseil, valable pour les parents comme pour les enfants, être curieux. A partir des questionnements, cherchez les informations. Et ensuite, se poser la question « qu’est-ce qu’on en fait ? ». Nous sommes justement là pour répondre à leurs interrogations. Nous recevons tous les publics. Il ne faut pas que les parents hésitent à prendre rendez-vous avec leur enfant pour rencontrer un conseiller d’orientation !

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A SAVOIR

Comment contester une décision d’orientation ?

En mars, le conseil de classe formule une proposition provisoire d’orientation. En avril-mai, c’est l’heure des choix définitifs avant le dernier conseil de classe. L’élève et ses parents effectuent la demande d’orientation en remplissant la fiche de dialogue. Le conseil de classe rend sa proposition d’orientation à partir de la mi-juin. Vous n’êtes pas d’accord avec la proposition ? Vous pouvez la contester.

Quelles sont les démarches ? Tout d’abord, vous devez être reçu par le chef d’établissement pour exprimer votre désaccord. Après avoir recueilli vos observations, ce dernier prendra une décision. Si elle n’est toujours pas conforme à vos souhaits, il vous la communiquera par courrier, motifs à l’appui. Quand vous recevrez la lettre du chef d’établissement vous notifiant l’orientation décidée pour votre enfant, vous disposerez alors d’un délai maximum de trois jours pour répondre. Soit vous acceptez la décision, soit vous n’êtes pas d’accord et vous faites appel. Dans ce cas, le collège ou le lycée transmet le dossier litigieux à la commission d’appel.

 

Votre APE à vos côtés

Présidée par l’inspecteur d’académie ou son représentant, cette commission comprend des chefs d’établissement, des enseignants, des parents d’élèves, ainsi que des personnels d’éducation, d’orientation et de santé. Notons qu’aucune de ces personnes ne fait partie de l’établissement d’origine de l’enfant dont on étudie le cas. Les parents ou l’élève (s’il est majeur) peuvent demander à être entendus par cette commission. Un conseil : prenez contact avec les représentants de votre association de parents d’élèves (APE), afin de pouvoir être bien informé et aidé dans votre démarche. Les décisions prises par la commission d’appel, que l’on reçoit par courrier, sont définitives. Mais sachez-le, le redoublement peut être choisi à tout moment de la procédure, un droit qui ne peut vous être refusé.

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Le point sur…

Orientation post-baccalauréat, mode d’emploi

Université, BTS ou DUT, écoles spécialisées, classes prépas… Il existe une multitude de formations après le bac, parmi lesquelles il n’est pas toujours simple de se retrouver. Filière courte ou filière longue ? Voilà en tout cas la première question à se poser lorsque l’on veut poursuivre ses études. L’université, par exemple, concerne ceux qui sont partants pour des études longues (de trois à huit ans), généralistes. Les études courtes, telles les formations à bac + 2 que sont les BTS et les DUT, visent elles prioritairement une insertion professionnelle après l’obtention du diplôme. Mais cela reste de grandes lignes théoriques, les passerelles entre les différentes voies de formation dans le supérieur existent et ont même été renforcées, notamment au sein des cursus universitaires, mais aussi entre les universités et les écoles. Un exemple : dès la fin de leur premier semestre ou de leur première année de licence, certains étudiants pourront bifurquer vers un BTS ou un DUT, même dans une autre discipline.

 

Dispositif admissionpostbac.fr

Quelle que soit la formation qu’ils envisagent, les lycéens désirant poursuivre leurs études après le baccalauréat doivent impérativement passer par le dispositif APB, admission-postbac.fr. D’ici au 20 mars prochain, tous les élèves de terminale devront avoir saisi leurs vœux d’orientation. Rappelons la procédure : après s’être inscrit et avoir créé son profil, le lycéen liste les formations qu’il souhaite suivre (12 000 formations disponibles), les classe par ordre de préférence puis valide ses vœux. Le système procède alors aux affectations de chacun, avec un calendrier précis.

Le 8 décembre dernier, Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon, respectivement ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et secrétaire d’État en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ont présenté les nouveautés du dispositif pour 2016. Ainsi, afin de ne pas subir une affectation tardive en raison de choix uniquement sur des filières sélectives ou de capacités limitées, chaque bachelier général devra choisir au moins une filière dite « libre » (donc non sélective et sans capacité d’accueil limitée).

Par ailleurs, pour faire des choix « éclairés », le dispositif APB donnera plus facilement accès à des données illustrant les taux de réussite selon les profils d’entrée, les poursuites d’études, les insertions professionnelles, les salaires… Dernière nouveauté, chaque candidat ne pourra plus émettre que 24 vœux au maximum – contre 36 (!) jusqu’alors – dont 12 au maximum par grand type de formation (BTS, classe prépa, licence, etc.).

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