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Hyperactivité : faut-il s’inquiéter ?

HD-389---hyperactifTurbulent ou hyperactif ? Les parents d’enfants agités se sont tous posé cette question au moins une fois. Quelles sont les clés pour comprendre ce trouble, réel handicap social et scolaire pour les enfants concernés ?

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« Mon fils est infernal, il est sûrement hyperactif ! » Le raccourci est de plus en plus courant pour des parents désemparés face à un enfant turbulent. Mais si le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ou TDAH peut sembler de plus en plus répandu, il ne concerne en fait que 5 % des enfants scolarisés en école élémentaire – notons d’ailleurs que les TDAH sont reconnus comme trouble d’apprentissage au même titre que les DYS, depuis 2014. Ce chiffre, avancé par la pédopsychiatre Marie-France Le Heuzey, n’explique donc pas tous les cas d’enfants qualifiés de « difficiles » par leurs parents. Il s’agit là d’une notion compliquée à traiter, souvent liée au seuil de tolérance de chacun. Un seuil qui a évolué avec le temps, car les exigences scolaires et familiales ont beaucoup changé. « Le contexte familial est différent d’il y a 50 ans, les deux parents travaillent beaucoup et enchaînent avec des temps de transport, insiste Isabelle Roskam, professeur de psychologie à l’université de Louvain en Belgique.

 

Stimuler son attention

Si le TDAH existe, attention à la tendance des « faux positifs » pour des enfants qui sont en réalité dans la norme supérieure de la catégorie que l’on pourrait qualifier des « très vifs ». Pour mieux appréhender ce trouble, il faut savoir qu’il associe trois symptômes différents : l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité. « Ces trois comportements sont tellement intenses et fréquents qu’ils empêchent l’adaptation de l’enfant au sein de la famille, de l’école… », précise le professeur Isabelle Roskam. Un enfant qui en souffre montre donc de l’agitation quel que soit le milieu dans lequel il se trouve : à l’école, à la maison, chez les grands-parents. Il est important de multiplier les environnements différents et les interlocuteurs différents avec l’enfant avant de s’alarmer.

« De toutes façons, nous recommandons de ne jamais poser de diagnostic avant 6-7 ans », préconise le professeur de psychologie. Le TDAH peut en effet être lié à une immaturité de la zone préfrontale du cerveau. Or, entre 2 ans et 7 ans cette zone va se développer, se complexifier et le travail des neurotransmetteurs va se perfectionner. « Mais avant la fin de cette maturation il est déjà possible de se rendre compte qu’un enfant a des difficultés. On peut l’aider en stimulant cette région du cerveau encore très plastique. Cela peut se faire avec des jeux de société comme “Taboo”, “Jacques a dit”, “L’œil de lynx”, le “ni oui ni non”, qui apprennent à garder en tête une consigne et à mûrir la réponse adaptée. »

Si un traitement médicamenteux (après avis médical bien entendu) est parfois utile, une rééducation dans l’apprentissage doit être faite en parallèle. « Grâce à une prise en charge précoce, ces enfants restent dans le système scolaire classique et la majorité d’entre eux réussissent », se félicite Isabelle Roskam.

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Isabelle Roskam, professeur de psychologie et auteure de « TDAH à l’école : Petite histoire d’une inclusion » (Editions du Petit ANAE – Pleiomedia)

Quelles sont les conséquences de ce trouble sur la vie à la maison et à l’école ?

Il s’agit souvent d’enfants pas très soigneux, qui perdent beaucoup leurs affaires et qui exigent beaucoup de patience surtout pendant les devoirs. Leur impulsivité entraîne des petits catastrophes domestiques, enfants maladroits qui « renversent » beaucoup.

Il est très frustrant pour ces enfants d’avoir des résultats scolaires qui ne sont pas à la hauteur de leurs capacités intellectuelles ou des efforts fournis. Ils vont engranger des échecs qui sont mauvais pour leur estime d’eux-mêmes. Ils sont souvent réprimandés et montrés comme la bête noire de la classe.

 

Que faire quand les parents sont inquiets ?

Ils peuvent interroger les autres interlocuteurs de l’enfant comme à la crèche ou à l’école pour connaître leur avis. Ensuite, les parents peuvent trouver des professionnels qui sont en mesure de les rassurer ou de les accompagner dans un processus d’évaluation et de prise en charge éventuelle.

 

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