EDUCATION

AESH : accompagner les élèves souffrant de handicap

HD-385---avs---afpLa scolarisation des enfants souffrant de handicap reste toujours une priorité des pouvoirs publics. Nouvelle mesure pour améliorer la réussite de ces élèves : la professionnalisation de la fonction d’accompagnant avec la création du statut d’aesh, accompagnant des élèves en situation de handicap, depuis la rentrée 2014.

 

La loi handicap du 11 février 2015 a permis de nombreuses avancées dans l’intégration scolaire des enfants souffrant de handicap. Dix ans après, on compte près de 260 000 enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire dont près de 110 000 bénéficient d’une aide spécifique apportée par un professionnel – ils n’étaient que 26 000 en 2006 ! Cette progression spectaculaire a notamment été permise grâce à l’embauche de professionnels qui accompagnent ces enfants dans le cadre de leurs activités scolaires quotidiennes.

Depuis la rentrée 2014, des AESH, accompagnants des élèves en situation de handicap, interviennent en lieu et place des AVS, auxiliaires de vie scolaire (individuels et mutualisés). Si l’appellation change, la nature du rôle et des missions de ces accompagnants, elle, ne subit pas de profonde modification. L’objectif est toujours d’optimiser la situation d’apprentissage de l’élève et de l’aider à gagner en autonomie, sans jamais se substituer à l’enseignant, à qui revient l’entière responsabilité pédagogique. Toujours en concertation avec l’enseignant, l’aesh assure diverses interventions : aide pour écrire, pour manipuler le matériel dont l’élève a besoin, pour pratiquer une activité sportive, etc., en classe ou en dehors des temps d’enseignement, à la pause déjeuner notamment. Autre mission dévolue à l’accompagnant : la collaboration au suivi des projets d’intégration scolaire des enfants dont il s’occupe : réunions d’élaboration et de régulation du projet individualisé, participations aux rencontres avec la famille…

 

Un statut moins précaire

Si le métier ne change pas, c’est bien le statut de ces accompagnants qui est modifié, comme le précise le décret du 27 juin 2014. Agents contractuels de l’Etat, les AESH sont recrutés en contrat à durée déterminée (CDD) de trois ans maximum, renouvelables deux fois. À l’issue de six années de contrat, ils bénéficient d’un contrat à durée indéterminée (CDI de droit public). Un statut moins précaire donc, mais qui ne répond que partiellement aux attentes de ces professionnels : formation qualifiante, temps complet et non partiel… les récriminations sont nombreuses (lire ci-dessous l’interview de Nathalie Moisnard, aesh).

Un nombre croissant d’élèves handicapés scolarisés, des accompagnants avec un statut moins précaire… Pour autant, chaque année plusieurs milliers de familles ne trouvent pas de solution satisfaisante pour leur enfant souffrant d’un handicap, qu’il soit cognitif, psychique, moteur, auditif… En 2011, la dernière étude en date sur le sujet (le rapport Blanc sur l’intégration scolaire des enfants handicapés) soulignait que « fin décembre 2010, 6 176 élèves étaient en attente d’un accompagnement » par un auxiliaire de vie scolaire (ex-aesh). Une série de mesures en faveur de l’inclusion scolaire des enfants handicapés a été annoncée le 11 décembre dernier lors de la Conférence nationale du handicap qui s’est tenue à l’Elysée, en particulier la formation de tous les nouveaux enseignants aux besoins spécifiques des élèves handicapés. Pour autant, au-delà des chiffres et des annonces perdurent trop souvent des situations de souffrance pour des enfants et leurs familles, qui réclament « simplement » l’application du droit à la scolarisation en milieu ordinaire. Un droit inscrit dans la loi.

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INTERVIEW

itw-385---moisnardNathalie Moisnard, aesh, Tanus (81). A débuté le 1er octobre 2012 après avoir suivi une formation de 60 h de janvier à avril 2012. S’occupe d’enfants souffrant d’un trouble dys : dyslexie, dyspraxie, dysphasie…

En quoi consiste une journée-type pour vous ?

Tout dépend de la classe où j’interviens. En primaire, je prend connaissance des tâches de la matinée puis j’aide l’enfant en lui reformulant les consignes et en le stimulant pour qu’il réussisse le travail demandé. Il faut souvent recentrer leur attention ou, lorsque la fatigue se fait sentir (ce sont des enfants très fatigables), les aider dans la prise des leçons. C’est légèrement différent au collège où je fais juste de la prise de notes pour un enfant très dyslexique, je tiens ses cahiers à jour, je suis son scribe.

 

Comment s’organisent les relations avec les parents d’enfants dont vous vous occupez ?

C’est variable, parfois je ne vois certains parents que lors de la réunion de suivi, mais pour ceux qui souhaitent me rencontrer, l’important est de les rassurer sur la place de leur enfant dans la classe.

 

La création depuis l’an passé du statut d’aesh change-t-elle quelque chose pour vous ?

Honnêtement, au quotidien, je n’ai vu aucune différence, je suis devenue AESH sur le papier.

 

Quels sont selon vous les points concrets à améliorer pour permettre un meilleur accompagnement à l’école des enfants souffrant de handicap ?

Une vraie formation, qualifiante qui pourrait nous permettre de mieux aider les élèves dans l’utilisation du matériel mis à leur disposition, une reconnaissance et surtout une valorisation de l’aide apportée aux élèves. Former aussi les enseignants à accueillir ces élèves et leurs accompagnants car, parfois, les enseignants sont perturbés par la présence d’un adulte dans leur classe. Il serait bon que notre rôle leur soit clairement expliqué, cela nous éviterait des attitudes parfois méfiantes, indifférentes ou mêmes hostiles.

Ce qui pourrait nous aider aussi à continuer à aider les élèves, c’est de pouvoir augmenter le quota d’heures attribué. En effet qui peut vivre décemment en travaillant 20 heures hebdomadaires pour 597 euros par mois surtout que les demandes d’aides sont en progression et que, plutôt que d’embaucher, il serait peut-être correct de proposer un nombre d’heures plus important pour ceux qui le souhaitent au moment de conclure leur CDI…

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ZOOM

Comment bénéficier d’un aesh ?

Les familles d’enfants handicapés doivent s’adresser à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) dont ils dépendent, où ils seront conseillés et accompagnés. Issue de cette structure, une commission des droits et de l’autonomie (CDA) apprécie la situation de l’enfant et se prononce sur les mesures visant à assurer l’insertion scolaire de l’enfant. Un projet personnalisé de scolarisation (PPS) est alors mis en place en lien avec les parents. Ce projet, élaboré par l’équipe pluridisciplinaire d’évaluation avec l’enseignant-référent, définit « les modalités de déroulement de la scolarité et les actions pédagogiques, psychologiques, éducatives, sociales, médicales et paramédicales répondant aux besoins particuliers des élèves », comprenant ou non l’aide spécifique d’un accompagnant (aesh).

Renseignements sur les 100 MDPH existantes : www.mdph.fr.

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A SAVOIR

Chiffres-clés

- A la rentrée 2014, on comptait 258 710 élèves en situation de handicap scolarisés, dont 150 630 en primaire et 108 080 dans le second degré. Plus précisément, si la majorité des ces élèves sont scolarisés en « classe ordinaire », une partie non négligeable est scolarisée en milieu spécialisé. 47 070 en Clis (classe pour l’inclusion scolaire – 12 élèves maximum par classe) en primaire et 32 240 en Ulis pour le second degré (unité localisée pour l’inclusion scolaire – 10 élèves maximum par classe).

- 109 100 élèves bénéficent d’une aide, dont 77 700 d’un accompagnement individuel.
A la rentrée universitaire 2014-2015, on dénombrait 18 200 étudiants en situation de handicap (sur un effectif de plus de deux millions et demi…).

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