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Mon adolescent veut un deux-roues…

HD-385---cyclo---sipaA peine ses 14 bougies soufflées que votre ado vous réclame un deux-roues. Nécessité ou luxe précoce ? A vous de juger du bien-fondé de sa demande, mais si c’est « oui », suivez nos conseils !

 

Pour nombre de parents, entendre les mots « deux-roues » ou « scooter » dans la bouche de leur ado provoque un sentiment d’angoisse. Preuve en est, le montant paradoxalement plus onéreux de l’assurance d’un 50 cm3 que celle d’un 125 cm3 en raison des risques encourus et du taux de sinistre élevé. Mais les chiffres sont là : les premières estimations du bilan annuel de la sécurité routière en France montrent que les personnes en cyclomoteurs représentent 5 % des usagers motorisés tués en 2014 (soit 168) pour seulement 0,6 % de part de trafic. Et même si la mortalité cyclomotoriste a baissé de 64 % entre 2000 et 2014, cette population composée principalement de jeunes reste tout de même très vulnérable. Pour autant, en France, un jeune de 14 ans est en droit de conduire un deux-roues de 49,9 cm3. Mais l’accompagnement des parents ne doit pas se limiter à l’achat, loin de là.

L’Association prévention routière (APR) rappelle ce que l’on entend par « petites cylindrées », à savoir les « cyclomoteurs » n’excédant pas 50 cm3 et dont la vitesse ne doit pas dépasser les 45 km/h. Et si avoir 14 ans est l’une des conditions requises pour conduire l’un de ces engins motorisés, elle est loin d’être la seule. L’APR précise qu’il faut aussi être titulaire du BSR ou Brevet de sécurité routière (appelé également permis AM depuis le 19 janvier 2013), avoir une carte grise et une plaque d’immatriculation, avoir souscrit une assurance, rouler avec un véhicule muni de tous les équipements obligatoires : un rétroviseur côté gauche, 1 ou 2 feux avant et arrière, un feu stop, un avertisseur sonore, un indicateur de vitesse et des dispositifs réfléchissants sur les côtés, l’arrière et sur les pédales.

 

Equipement de protection

Quant au conducteur, il faut qu’il porte un casque homologué (de préférence intégral) et correctement attaché, et ce par tous les temps et pour tous les trajets. Imposez également à votre ado un équipement de protection digne de ce nom : des gants en cuir de préférence car, premières à toucher le sol en cas de chute, les mains sont l’objet de plaies et de brûlures, ainsi que des vêtements solides aptes à résister à une chute. Pour le blouson, optez pour une couleur claire ou vive pour qu’il soit mieux vu. Tous ces équipements doivent lui faire prendre conscience que la prise en main d’un deux-roues, même de petite cylindrée, l’expose à de nombreux risques sur la route. Et rien de tel qu’un crash-test avec un cascadeur pour en prendre conscience, à l’image de la centaine qui est réalisée chaque année par l’assureur MMA. « Les élèves des écoles que nous associons chaque fois à ces évènements se rendent ainsi compte de la violence du choc, même à 50 km/h », confie Stéphane Daeschner, responsable Prévention chez MMA (lire son témoignage plus bas).

 

HD-385---cyclo---bsrLa sécurité, ça se pratique

Si le deux-roues s’impose comme solution de transport pour votre ado, il va falloir également investir dans la pratique. Car si le BSR ou permis AM avec ses 7 heures de formation en circulation avec un moniteur de moto-école est là pour l’initier et s’assurer du niveau de ses connaissances des règles de sécurité routière, « il ne connaîtra l’autonomie en pleine ville que lors de sa dernière heure de cours » souligne Anne-Marie Tihy, gérante de l’Auto-école Euroconduite à Pont-Audemer (27). Si le moniteur juge que le jeune n’est pas encore apte à circuler, il peut proposer, en accord avec les parents, d’augmenter le nombre d’heures de pratique. Néanmoins, cette situation reste rare. « A la Prévention Routière nous avions demandé à l’époque que la formation soit de 12h mais cela posait le problème du coût », précise Emmanuel Renard, directeur éducation et formation à l’APR.

En amont du BSR, comme d’autres associations, l’APR propose ainsi dans certains départements des séances de « prise en main » et de maîtrise du scooter, qui vont au-delà de la formation obligatoire. Une bonne idée si vous ne sentez pas votre jeune à l’aise mais déterminé tout de même à circuler en deux-roues. Renseignez-vous auprès du comité départemental le plus proche de chez vous (preventionroutiere.asso.fr).

 

Un rôle pour les parents

Toutes ces mises en garde posées, il n’en reste pas moins que le BSR en poche, le jeune gagne naturellement en autonomie et en mobilité, un plus non négligeable en particulier en zone rurale où les transports en commun n’existent pas ou peu. C’est le cas de Nicolas, 14 ans et récent « scooteriste » de moins de 50 cm3, qui en a besoin pour se rendre au collège et au sport. « Le projet était prévu depuis longtemps avec mes parents car c’est plus simple quand le collège commence plus tôt ou finit plus tard. » S’il met en application les règles de sécurité apprises lors de sa journée de formation au BSR, il reconnaît également que cela « rentre » aussi au fur et à mesure de sa pratique quotidienne. Une pratique qui se doit d’être encadrée par des conseils et des appels à la prudence de la part des parents. Sachez, par exemple, que l’allumage des feux de croisement est obligatoire de jour comme de nuit pour tous les deux-roues mis en circulation après le 1er juillet 2004. Ne pas le faire, c’est être passible d’une amende de 35 euros mais surtout se mettre en danger. Car, au-delà des infractions à ne pas commettre, le jeune de 14 ans doit avant tout apprendre à devenir acteur de sa propre prévention et cela commence très tôt, par des parents eux-mêmes responsables sur la route… et exemplaires !

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TEMOIGNAGE

itw-385-Stephane-DaeschnerStéphane Daeschner, responsable prévention chez MMA

« Même si nous ne sommes pas le plus grand assureur des cyclomoteurs et des deux-roues, nous n’en demeurons pas moins un acteur citoyen au niveau de la prévention pour les enfants de nos clients (NDLR : la sinistralité étant importante pour les moins de 50 cm3, il est conseillé de faire appel à l’assureur familial afin de se faire offrir le meilleur tarif).

Sur notre site internet, www.zérotracas.com, ils peuvent donc réviser leur ASSR 1 et 2 mais également leur BSR grâce à une application mobile gratuite qui leur permet de s’entraîner depuis un téléphone ou une tablette. Il s’agit d’un vrai enjeu d’accompagnement pour que les jeunes aient une pleine conscience des risques. »

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INTERVIEW

itw-385-Emmanuel-RenardEmmanuel Renard, directeur de l’éducation et de la formation à l’Association Prévention Routière

Quels seraient vos conseils aux jeunes qui débutent sur un deux-roues ?

Au-delà de la formation obligatoire délivrant le permis AM soit l’équivalent européen du BSR français, je les mettrai en garde contre le problème du débridage. Car en augmentant la vitesse d’un cyclomoteur à 65-70 km/h alors qu’il est conçu pour rouler à 45 km/h au maximum, ils se surexposent aux risques. Rappelons qu’il s’agit du premier engin motorisé auquel les jeunes ont accès, mais également de la première cause de mortalité dans cette tranche d’âge. Aussi le rôle éducatif des parents est majeur au moment de l’achat.

 

Dans ce cas, quelles sont vos recommandations aux parents ?

Je préconise la mise en place d’un contrat moral entre les parents et le jeune et pourquoi pas une participation symbolique à l’achat. Le jeune doit s’engager à porter son casque attaché, ne pas débrider son cyclomoteur et à porter des vêtements protecteurs. Et les parents doivent être fermes s’ils relèvent des infractions à ce contrat.

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