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Jeunes et cannabis : quelle attitude adopter ?

Si la consommation de cannabis en France a tendance à se stabiliser depuis quelques années, elle continue à progresser chez les plus jeunes.  D’après le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), plus de 4 adolescents de 17 ans sur 10 auraient déjà fumé un joint. Les Français de 15-16 ans seraient même les plus « accros » d’Europe.

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15ans. C’est à cet âge que la plupart des jeunes commencent à fumer du cannabis. Dans la majorité des cas, la consommation se limite à quelques « pétards » avec les copains en soirée. Mais il n’est pas rare qu’avec le temps, le nombre de joints augmente et que l’adolescent en arrive à fumer seul dans sa chambre ou entre les cours. 11 % des garçons et 4 % des filles consommeraient régulièrement du cannabis.
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Instaurez une relation de confiance
Tous les parents d’adolescents doivent faire preuve de la plus grande vigilance. Des résultats scolaires qui baissent, des copains qui changent, une soudaine perte d’intérêt pour des loisirs ou un manque régulier d’argent de poche sont autant de signes qui peuvent laisser penser qu’un adolescent consomme du cannabis. Au moindre doute, n’hésitez pas à en parler avec lui et à lui demander ouvertement confirmation. Mais prenez garde à ce que vous dites. Un mot de travers pourrait empirer la situation. Le priver de sortie ou le menacer de lui retirer son argent de poche n’est pas forcément la meilleure solution. Evitez aussi de lui rabâcher qu’il va rater ses études ou qu’il tombera à coup sûr dans la drogue dure. A cet âge-là, les discours alarmistes n’ont que peu d’effet.
Cherchez plutôt à instaurer un dialogue de confiance. Dans un premier temps, essayez de savoir dans quel contexte et à quelle fréquence il fume. Et tentez de déterminer avec lui les raisons qui le poussent à consommer du cannabis. Est-ce par simple curiosité ou pour explorer l’interdit ? Cherche-t-il par ce moyen à s’intégrer à un groupe ou à oublier ses soucis ? S’est-il mis à fumer après une rupture sentimentale, le décès d’un proche, une chute de ses résultats scolaires ? Identifier les causes de sa consommation vous permettra de mieux y faire face. Dans tous les cas, ayez à l’esprit que l’adolescence est une période charnière pendant laquelle l’enfant cherche à construire sa personnalité.
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Fixez les limites
Eviter tout discours alarmiste ne signifie pas pour autant que vous deviez accepter cette consommation. L’enfant a besoin de limites pour évoluer. N’ayez pas peur de lui faire part de votre désaccord et de vos inquiétudes. Et même s’il peut avoir du mal à entendre ce discours, même si le dialogue devient conflictuel, il retiendra que ses parents se préoccupent de lui et de sa santé. N’hésitez pas non plus à lui rappeler que le cannabis a un effet néfaste sur la mémoire, modifie la perception visuelle, réduit les réflexes, qu’il peut provoquer des hallucinations pouvant entraîner de l’anxiété, générer de l’isolement et influer négativement sur ses études. Faites-lui remarquer, si tel est le cas, à quel point le cannabis a une influence sur ses résultats scolaires et sur sa vie sociale.
Et rappelez-lui que ce qu’il fait est illégal (la possession de cannabis est un délit qui peut être puni d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende) et que le fait de ne pas fumer ne l’exclut pas de la norme dans la mesure où près de 6 jeunes sur 10 n’ont jamais fumé.
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N’oubliez pas la prévention
Bien sûr, il est de votre responsabilité de lui demander d’arrêter de fumer ou tout au moins de réduire sa consommation. Parlez-en avec lui, mais ayez toujours à l’esprit que cette décision lui appartient. Un fumeur a souvent besoin de temps pour reconnaître que sa consommation de cannabis influe négativement sur sa vie de tous les jours et prendre la décision d’arrêter. Faites un pacte avec lui. Et s’il parvient à réduire sa consommation, encouragez-le plutôt que de souligner le fait qu’il continue à fumer.
Résoudre le problème est une chose, le prévenir en est une autre. N’attendez pas qu’il y soit confronté pour sensibiliser votre enfant aux effets néfastes du cannabis. Au même titre que vous le mettez en garde sur les dangers liés au sexe, à l’alcool ou au tabac, expliquez-lui dès son entrée au collège ce qu’est le cannabis et que sa consommation est interdite. Alertez-le sur le risque de dépendance et sur le fait que certains jeunes pensent pouvoir, à tort, résoudre leurs problèmes grâce à ce genre de substances. Donnez-lui les armes pour refuser un joint si on lui en propose un. Enfin, apprenez-lui dès son plus jeune âge à faire ses propres choix et à ne pas chercher à imiter les autres. Une personnalité forte est certainement le meilleur rempart contre la drogue.
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POINT DE VUE

Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT)

« Les jeunes Français comptent toujours parmi les plus gros consommateurs de cannabis d’Europe. Or on sait les dommages, du point de vue sanitaire, sur leur cerveau en construction. Du point de vue social, aussi. Fumer du cannabis pèse lourdement sur la scolarité. C’est aussi un facteur de désocialisation. Le prochain plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives doit rendre plus accessibles les dispositifs de prévention, d’accompagnement et de prise en charge. Evaluer sa consommation, s’engager dans une thérapie, n’est jamais naturel. Les professionnels de la santé et du social doivent aller à la rencontre des jeunes dans leurs différents univers : établissements scolaires, clubs de sports et même boîtes de nuit ou Internet. Le renforcement des consultations jeunes consommateurs, le soutien aux associations de prévention en milieu festif et l’amélioration des dispositifs d’accompagnement en ligne vont dans ce sens. Nous souhaitons enfin que les familles soient toujours mieux associées à ces démarches. Les dispositifs recourant à la thérapie familiale, qui a fait ses preuves dans la prise en charge des adolescents dont l’addiction est avérée, seront encouragés. »

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REPERES

Des actions de prévention dans le secondaire

Selon l’article L.312-18 du code de l’éducation, tous les élèves de collège et de lycée doivent être sensibilisés aux drogues et aux conduites addictives. Des représentants d’associations interviennent même dans les établissements scolaires pour informer les jeunes sur les risques des autres drogues en général et du cannabis en particulier.

La MILDT, de son côté, regarde ce qui se fait à l’étranger et met en place des actions de sensibilisation des professionnels de l’éducation. Elle a également coédité un guide de prévention des conduites addictives en milieu scolaire.

Où trouver de l’aide ?

Pour plus d’informations sur ce sujet, consultez les sites officiels Drogues.gouv.fr, Drogues-dependance.fr ou Filsantejeunes.com.

Vous pouvez également obtenir l’aide de spécialistes en appelant Ecoute Cannabis au 0 811 91 20 20 (ouvert 7j / 7 de 8 h à 2 h du matin) ou Drogues Info Service au 0 800 23 13 13 (ouvert 7j / 7 du 8 h à 20 h).

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