EDUCATION

EDUCATION – Etudier à l’étranger dans le secondaire ? La solution : Comenius !

Depuis 2010, une opportunité nouvelle s’offre aux jeunes élèves français. Dès l’âge de 14 ans, ils peuvent participer à un programme de mobilité individuelle et partir étudier dans l’un des 17 pays participants. Ce sésame pour l’Europe, c’est Comenius.


Financé par la Commission européenne, le programme Comenius permet à un élève de 14 ans révolus de partir étudier pendant une durée de trois à dix mois dans l’un des 17 pays européens (1) faisant partie du dispositif. Seule condition requise : que les établissements d’envoi et d’accueil soient liés par le partenariat scolaire Comenius (2), « ce afin d’assurer un encadrement optimal et un suivi précis des élèves », explique Sylvie Thomas, responsable du pôle enseignement scolaire au sein de l’Agence Europe-Éducation-Formation France (A2E2F) qui gère le programme Comenius « mobilité individuelle des élèves » et attribue les subventions de la Commision européenne (lire en encadré).
« C’est une opportunité formidable pour les élèves et cela ne coûte rien aux familles ! », s’enthousiasme Thierry Arthaud, professeur d’anglais à la Cité scolaire Julie Daubié, à Rombas en Moselle, qui est l’un des promoteurs du programme dans l’établissement depuis deux ans. C’est l’établissement d’envoi qui gère le budget et redistribue les fonds alloués par l’A2E2F. L’établissement d’accueil reçoit ainsi en moyenne 500 euros par élève envoyé pour l’organisation de la « mobilité ». L’élève reçoit quant à lui environ 120 euros par mois pour ses dépenses sur place (3). « Nous nous arrangeons pour que les élèves soient nourris et logés sur place au sein de familles d’accueil bénévoles », explique Damienne, professeur de français au lycée professionnel agricole de Cognin en Savoie.
« Nous sommes en contact régulier avec nos homologues des établissements partenaires notamment pour trouver ces familles d’accueil généreuses qui n’attendent rien en retour », ajoute Thierry Arthaud. C’est le cas de Myriam, une mère de famille de trois enfants qui, après avoir accueilli une jeune Italienne trois mois l’an dernier, a choisi de réitérer l’expérience cette année. « J’ai eu envie de tenter cette nouvelle aventure par curiosité et je dois dire que ça s’est très bien passé, au point que je suis même allée avec une de mes filles dans la famille de cette jeune fille qui nous a hébergées. Depuis, on reste en contact ! », se réjouit Myriam.

Un moyen de lutter contre la déscolarisation
Les candidats au voyage sont choisis par leur établissement d’origine. « Le programme s’adresse à tous les niveaux, nous leur demandons simplement de préparer une lettre de motivation et leur faisons passer un entretien afin d’éprouver leur maturité, leur curiosité », explique Thierry Arthaud. « Il faut que l’élève soit solide, organisé, volontaire et ouvert d’esprit, nous nous intéressons à ses résultats scolaires en dernier. » À telle enseigne que l’an dernier, un élève qui avait commencé l’espagnol en septembre a pu partir en janvier ! « Nous transmettons les noms des candidats à l’A2E2F, ils nous font confiance comme nous faisons confiance aux élèves. »
Au lycée professionnel agricole de Cognin, le parti pris est encore plus radical : « Nous privilégions les élèves en difficulté scolaire voire en voie de déscolarisation, assure Damienne, c’est un excellent moyen de les réinsérer dans le système scolaire. » Et les retours sont excellents. « J’ai découvert une nouvelle culture, une autre façon d’étudier », explique Guillaume, 17 ans, élève de terminale S à la Cité scolaire Julie Daubié, parti trois mois en Italie. « J’ai acquis une meilleure autonomie, le sens des responsabilités aussi, je me sens plus indépendant. »

Une forte implication des enseignants
« Ça permet de mettre les choses en perspective, analyse Victoria, venant du même établissement ; là-bas les profs sont plus exigeants, en demandent davantage aux élèves, il faut s’adapter. »
En Italie par exemple, ces élèves ont découvert un système qui fait la part belle au travail personnel et au sport. Avec des cours uniquement le matin et des matières issues du programme de leur établissement de départ, ils ont dû apprendre à s’organiser et à se responsabiliser. Même si les équipes enseignantes étaient très présentes de part et d’autre. « Les professeurs concernés étaient très impliqués, assure Thierry Arthaud. Pour le français et les maths notamment qui sont deux matières lourdes, ils envoyaient les cours par mail et échangeaient avec les élèves via la plateforme collaborative du site internet du lycée. » Des cours de formation linguistique ont également été dispensés aux élèves avant leur départ afin de les aider à gagner en autonomie et les rassurer.
« Au début c’est difficile, reconnaît Guillaume. Avec l’accent et les expressions typiques, il faut quelques jours pour bien comprendre et quelques semaines pour vraiment bien s’exprimer », analyse-t-il à l’attention des prochains voyageurs du programme Comenius. « Tous reviennent changés, conclut Thierry Arthaud… et toujours en bien ! »
CC

Notes
1. Liste des 17 pays du programme Comenius : Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Luxembourg, Norvège, Pologne, Slovaquie, Slovénie, République tchèque et Suède. Cette liste évolue régulièrement.
2. Liste complète des établissements : http://www.europe-education-formation.fr
3. Chiffres transmis par l’AE2EF qui constituent une moyenne car selon l’agence : « tout dépend du pays qui accueille les élèves, les niveaux de vie étant différents d’un pays européen à un autre ».

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INTERVIEW
Sylvie Thomas, responsable du pôle enseignement scolaire au sein de l’Agence Europe-Éducation-Formation France (A2E2F)

De quand date le programme de mobilité Comenius ?
L’action a été lancée en 2009 par la Commission européenne, mais la première cohorte d’élèves n’est partie qu’en septembre 2010. Ils étaient 123 en 2010 et 190 en 2011.

Selon quels critères sont choisis les candidats au départ ?
Les établissements déposent un dossier qui est évalué par un comité qui juge si les élèves vont bénéficier au mieux de cette action. Les établissements scolaires ont différentes politiques : certains vont plutôt choisir les bons élèves en se disant qu’ils n’auront pas de difficultés au retour ; d’autres au contraire, choisissent des élèves à la limite de la rupture avec le système scolaire afin de les remotiver.

Quels retours d’expérience avez-vous ?
Très positifs. Ces séjours contribuent à la construction de la personnalité des jeunes. Ils se sentent souvent capables de choses qu’ils ne soupçonnaient pas, notamment au niveau de leur orientation et de la poursuite de leurs études. Ils s’autorisent d’autres choix. En outre, ils découvrent un nouveau système éducatif, ce qui développe leur esprit critique et forge leur regard de citoyen. Au début les élèves choisissent trois mois parce qu’ils appréhendent l’expérience, mais ils regrettent très vite. La tendance va vers un allongement de la durée des séjours.

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TEMOIGNAGE
Mathilde, 16 ans : « Une magnifique expérience ! »

« Je suis partie à Iseo tout près de Milan de janvier à avril 2011. D’origine italienne, je pratiquais l’italien en LV2. Pour moi c’était la meilleure façon d’apprendre la langue parce que l’italien courant est très différent de celui qu’on apprend à l’école. J’ai été très bien reçue par la famille d’accueil et par l’école. Ils étaient à l’écoute et faisaient des efforts pour parler plus lentement en utilisant des synonymes pour que je les comprenne. En Italie, les cours ont lieu de 8h à 14h. C’est un rythme à prendre entre les devoirs italiens et les cours à rattraper. Au début de mon séjour j’étais réservée, j’ai gagné en assurance et suis devenue plus autonome sur le plan scolaire. En outre, une belle amitié s’est nouée avec ma correspondante et sa famille. Je suis même retournée là-bas avec mes parents en octobre.
C’était une magnifique expérience que je souhaiterais réitérer en partant dans un pays anglophone dans le cadre de mes études supérieures. »

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