« Choc des savoirs », acte II
Nouveaux programmes, labellisation des manuels scolaires, nouveau brevet, groupes de besoins, nouvelles évaluations… Le « Choc des savoirs » de Gabriel Attal, dont de nombreuses mesures ont été « gelées », reprend donc un nouveau souffle avec un « acte II », présenté mi-novembre par la nouvelle ministre de l’Education nationale, Anne Genetet. Avec deux différences notables.
D’une part, la plupart de ces mesures seront appliquées très progressivement. Un exemple, celui du brevet comme sésame obligatoire pour entrer au lycée. Prévu initialement à la session 2025, au final ce ne sera qu’en 2027 que les collégiens de 3e devront obligatoirement obtenir leur DNB, diplôme national du brevet, pour poursuivre leur scolarité au lycée, en seconde générale, technologique ou professionnelle.
D’autre part, cet acte II du « Choc des savoirs » prévoit des réformes de moindre ampleur. Un exemple : le dispositif des groupes de besoins qui doit s’appliquer aux classes de 4e et de 3e dès la rentrée 2025, ne sera mis en œuvre seulement qu’une heure par semaine (français et mathématiques en alternance).
«Il ne s’agit pas d’une énième réforme : c’est un acte d’ambition nationale, pour redonner à chaque élève les moyens de réussir, offrir un accompagnement sur mesure dans chaque collège, valoriser l’effort et restaurer la confiance en notre premier diplôme républicain, le brevet. » Telle est, en introduction, la présentation du « Choc des savoirs », acte II. Pas une énième réforme en effet, puisque cet « acte II » reprend les mesures du plan présenté l’an passé par Gabriel Attal, alors ministre de l’Education nationale.
Nouveau brevet : une réforme en plusieurs temps
On notera par ailleurs que, dans l’introduction, l’accent est mis sur le brevet. Et pour cause : sa réforme était l’une des mesures les plus emblématiques du « premier » « Choc des savoirs ». Les mesures initialement prévues pour le réformer sont maintenues : nouvelle répartition entre contrôle continu (40 %) et épreuves finales (60 %) – contre 50/50 actuellement – et, surtout, son caractère obligatoire pour poursuivre sa scolarité en lycée.
Avec un calendrier en deux temps : en 2026 pour la nouvelle répartition, qui donne plus de poids aux épreuves terminales, et en 2027 pour son obtention nécessaire à la poursuite d’études en seconde générale, technologique ou professionnelle. Une mesure qui doit s’accompagner de la mise en œuvre généralisée de classes « prépa seconde » ; des classes destinées aux élèves qui n’auront pas obtenu leur brevet mais qui souhaitent intégrer le lycée – dès l’an prochain, l’accès à ces classes se fera sur le principe du volontariat des élèves avec une classe de « prépa seconde » prévue dans chaque département. Selon les estimations en cours, une dizaine de classes par département devraient être créées lorsque la réforme entrera en vigueur.
Dès la prochaine session du brevet, en 2025, on notera tout de même de premières (et légères) évolutions : d’une part les notes seront séparées pour l’histoire-géographie et l’enseignement moral et civique (EMC) – lire notre dossier paru dans La Voix des Parents n° 459 –, et, d’autre part, une mention « Très bien avec félicitations du jury » sera introduite pour les élèves qui obtiendront 18/20 ou plus à l’examen.
Groupes de besoins maintenus…
Autre réforme emblématique annoncée dans cet acte II du « Choc des savoirs », la poursuite de la mise en œuvre des groupes de besoins au collège.
Rappelons qu’il s’agit d’un dispositif de l’enseignement du français et des maths en groupes de besoins, des groupes constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs. Pour ces enseignements, les élèves peuvent toutefois être tous regroupés dans leur même classe jusqu’à 10 semaines par an.
Anne Genetet l’a annoncé : « Je maintiens les groupes de besoins en 6e et 5e. Ils sont un outil de plus au service de pédagogies différenciées pour faire progresser tous les élèves. À ma demande, une mission de l’Inspection générale et de la Direction de l’évaluation évaluera leur impact tout au long de l’année ».
…et étendus (a minima)
Sans attendre les résultats de cette évaluation – rappelons que la mise en place des groupes de besoins a rencontré de nombreuses oppositions, en particulier chez beaucoup d’enseignants, qui contestent leur bien-fondé comme leur efficacité –, la ministre de l’Education nationale a déjà décidé de les introduire dès septembre 2025, comme il était prévu initialement, en classes de 4e et de 3e. Mais cette mise en place se fera a minima. En effet, une heure par semaine seulement se déroulera en groupes de besoins, en alternance entre mathématiques et français.
Evaluations nationales : statu quo
Des évaluations nationales pour tous les niveaux, du CP à la fin du collège : l’ambition affichée dans le « premier » « Choc des savoirs » reste de mise. Le dispositif en œuvre depuis cette rentrée est reconduit : les évaluations annuelles sont désormais généralisées à chaque niveau de l’école élémentaire ; au collège, ces évaluations resteront obligatoires en 6e et 4e et facultatives en 5e et 3e.
La ministre de l’Education nationale a réaffirmé son attachement à ces évaluations de début d’année, qui ont pour but, grâce aux éléments d’information qu’elles apportent, de permettre aux enseignants d’adapter leur pédagogie aux élèves. Rappelons que les résultats de ces évaluations doivent obligatoirement être communiqués aux parents.
Notons qu’au lycée, les tests de positionnement (un autre intitulé pour parler d’évaluation) en classe de 2de générale, technologique et professionnelle, ainsi qu’en 1re année de CAP, sont également maintenus.
Nouveaux programmes en 2025
Prévue pour cette rentrée 2024, l’installation de nouveaux programmes avait été repoussée en raison de l’instabilité politique créée à la suite de la dissolution de l’assemblée nationale en juin dernier. Finalement, les nouveaux programmes de mathématiques et français de la maternelle à la 6e entreront en vigueur à la rentrée de septembre 2025. Des nouveaux programmes qui viennent d’être officiellement publiés pour le cycle 1 (petite, moyenne et grande sections de maternelle) et le cycle 2 (CP, CE1, CE2) – programmes publiés dans l’arrêté du 22-10-2024 à découvrir ICI – ; ceux concernant le cycle 3 (CM1, CM2 et 6e) le seront en début d’année 2025.
Ces nouveaux programmes proposent des repères clairs à chaque niveau : « Il s’agit d’offrir aux enseignants et aux parents des attentes annuelles précises pour suivre les progrès de chaque élève ».
Priorité donnée à la lecture
Dans ces nouveaux programmes, il est rappelé que l’apprentissage de la lecture est l’objectif central du cycle 2 : « il en constitue la priorité fondamentale à partir de laquelle se construisent tous les apprentissages ultérieurs des élèves ».
L’apprentissage du décodage se fonde sur la consolidation des compétences phonologiques acquises à l’école maternelle et sur la compréhension du principe alphabétique : « pour apprendre à lire, il est nécessaire de comprendre que les lettres ou les groupes de lettres codent des sons, et que l’assemblage de ces sons constitue des mots, des phrases, porteurs de sens ».
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Des manuels scolaires bientôt labellisés
Comme d’autres mesures, la labellisation des manuels scolaires aurait dû être mise en application dès la rentrée 2024, comme le prévoyait le « Choc des savoirs » ; elle sera finalement effective à la prochaine rentrée, en septembre 2025. Ces manuels labellisés, validés par le Conseil supérieur des programmes, concerneront l’enseignement du français et des mathématiques en CP et en CE1.
Comme l’a indiqué la ministre de l’Education nationale dans sa présentation de l’acte II du « Choc des savoirs », « même s’il s’agit en principe d’une compétence des communes, j’ai décidé que l’État financera l’achat de ces manuels pour la rentrée 2025 en réseaux d’éducation prioritaire et dans les communes rurales ».
Rappelons que si ce nouveau dispositif de labellisation a pour but de mieux guider les professeurs dans le choix des manuels, il ne change en rien le principe que l’on appelle la « liberté pédagogique »… En clair, chaque enseignant est libre de choisir les manuels scolaires qu’il utilise (ou non : plus d’un tiers des classes à l’école primaire ne disposent pas de manuels de français ou de mathématique !) dans le cadre de ses enseignements.
Retour des maths au bac
Une épreuve anticipée de mathématiques sera instaurée pour tous les élèves de première générale et technologique à partir de juin 2026 – à l’image des épreuves de français (écrit et oral) qui se déroulent également en fin d’année de première. Cette nouvelle épreuve comptera donc pour la session 2027 du baccalauréat.
A noter : les lycéens qui suivent la spécialité mathématiques en première générale passeront une épreuve adaptée au programme de cette spécialité en fin de première, puis une deuxième épreuve en fin de terminale.
C’est une évidence qu’a rappelée Anne Genetet en présentant l’acte II du « Choc des savoirs » : le climat scolaire est fondamental pour la réussite des élèves. Dans cette optique, un plan « tranquillité scolaire » pour un climat scolaire apaisé est lancé. Parmi les annonces concrètes faites par la ministre de l’Education nationale, dès le mois de janvier 2025, 150 postes de conseiller principal d’éducation (CPE) et 600 postes d‘assistant d’éducation (AED) supplémentaires seront déployés dans les collèges et les lycées les plus exposés aux risques de violence.
Autre annonce, sur le modèle des référents « lutte contre le harcèlement », un référent « climat scolaire » sera désigné dans chaque département.
Par ailleurs, en plus des 500 écoles, collèges et lycées qui ont bénéficié d’une sécurisation depuis 2023 (systèmes anti-intrusion, outils de contrôles d’accès, caméras de vidéosurveillance…), 600 autres établissements le seront en 2025.
Autre volet de ce plan « tranquillité scolaire », qui s’articule autour de trois priorités : protéger, apaiser et responsabiliser, à la rentrée 2025, l’échelle des sanctions disciplinaires sera « clarifiée avec une meilleure gradation des sanctions, pour qu’elles soient plus transparentes et plus lisibles pour les élèves, leur famille et les personnels ». En conséquence, les règlements intérieurs seront adaptés, « en concertation avec les chefs d’établissement, les spécialistes du climat scolaire et les parents d’élèves ».
Sport au collège : ni « choc » ni effet « JO »
« Construire une nation sportive ». Le vœu présidentiel, émis en septembre 2023, quelques mois avant les Jeux olympiques, s’accompagnait d’un dispositif intitulé « 2 heures de sport en plus au collège ». Un dispositif expérimenté dans 715 établissements volontaires, qui, finalement, ne sera pas étendu aux quelque 7 000 collèges du territoire, ainsi qu’il était prévu au départ.
Comme il est mentionné dans le texte paru au bulletin officiel de l’Education nationale du 7 novembre 2024 (à lire ICI), « le dispositif est perçu encore comme complexe à mettre en œuvre et sa généralisation à l’ensemble des 7 000 collèges n’apparaît pas soutenable. C’est pourquoi, il a été décidé de recentrer ce dispositif, gratuit pour les familles, sur les seuls collèges classés en REP/REP+ (éducation prioritaire), territoires où le taux de licence est le plus faible ».
Rappelons que la pratique sportive au début de l’adolescence, à l’entrée au collège, diminue fortement : selon les dernières statistiques en la matière, un tiers des garçons et seulement un quart des filles entre 11 ans et 14 ans pratiquent une heure d’activité physique et sportive quotidienne, comme il est recommandé par l’OMS, Organisation mondiale de la santé.