DOSSIER

Orientation : les premiers choix

HD-453---ouv-dossierLe temps du choix ! A l’approche du troisième trimestre, nombreux sont les élèves du secondaire qui devront bientôt se déterminer sur la suite de leur cursus scolaire. A commencer par les collégiens de 3e, une première pour eux !, qui doivent s’orienter soit en seconde générale et technologique – ce qui sera le cas pour environ deux tiers d’entre eux –, soit se diriger vers la voie professionnelle. Dans ce dernier cas plusieurs possibilités, s’engager pour trois ans vers un bac professionnel ou opter pour un CAP, certificat d’aptitude professionnelle, en deux ans le plus souvent ; autre choix possible : suivre ces formations professionalisantes sous statut scolaire ou par la voie de l’apprentissage (une partie du temps dans l’établissement de formation, l’autre en entreprise).

C’est également l’heure des choix pour les élèves de seconde générale et technologique : une première en série technologique ou en voie générale, avec pour celle-ci le choix primordial des enseignements de spécialité.

Sur quels critères se déterminer pour effectuer les bons choix à faire ? Quelles questions se poser ? Quentin Renié, conseiller pédagogique et coach bilan de compétences chez Impala, nous livre ses conseils.

 

Les passions naissent parfois très jeunes. Des passions qui se transforment en vocation. Et qui, pour ces adolescents, font l’objet – et l’objectif ! – des premiers choix d’orientation dans leurs études. Passionnée par la pâtisserie depuis son plus jeune âge, c’est naturellement que Jade a souhaité vivre sa passion en optant pour un bac pro Boulanger-patissier à la fin de son année de 3e, il y a bientôt 3 ans, Un choix dont ses parents n’ont pas été réellement surpris mais qui les a toutefois un peu inquiétés… « On connaît son goût pour pâtisser, c’est sa passion. Mais vouloir en faire un métier, avec les contraintes que l’on connaît, ça nous a préoccupés, concède Céline, sa mère. Nous aurions plus envisagé, comme elle est bonne élève, qu’elle poursuive des études générales, qu’elle ait un bagage, avant de se décider vers ce bac pro ». Aujourd’hui en terminale, à quelques semaines de passer son bac pro, Jade est (toujours) enchantée et ravie de suivre sa formation, et ses parents… rassurés ! « Les stages qu’elle a faits ont été très positifs ; elle a déjà de nombreuses pistes et contacts pour travailler après son bac. On le sait maintenant, elle a vraiment trouvé sa voie, et c’est vraiment ce qui compte ! ».

Jade n’est pas un cas isolé. Comme l’a constaté Quentin Renié, conseiller pédagogique (lire son interview plus loin), « si l’alternative de la voie professionnelle est rarement proposée ou envisagée pour des élèves ayant des résultats suffisants en 3e, nous avons plusieurs exemples d’élèves de 3e qui ont réussi à convaincre leur parents que la voie professionnelle était la voie qui leur convenait. Pour cela, certains ont carrément monté des dossiers pour argumenter leur choix en expliquant leur projet, pourquoi ce projet leur correspondait ».

 

Découverte des métiers

Ce choix de la voie professionnelle peut donc se faire dès la fin du collège, en fin de 3e. Outre cette orientation vers la voie pro, en bac pro ou en CAP, les collégiens peuvent poursuivre leur scolarité en seconde générale et technologique – ce qu’ils font pour la majorité.

Pour les préparer à faire ce premier choix d’orientation, les élèves reçoivent une information sur les métiers. Appelé « Parcours Avenir », parcours individuel, d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel, ce dispositif comprend depuis cette année scolaire une « découverte des métiers » à partir de la classe de 5e.

Il s’agit notamment d’expériences d’immersion dans le monde professionnel (notamment dans le cadre des séquences d’observation en 3e – qui concernera cette année les élèves de seconde générale et technologique, du 17 au 28 juin), de visites d’établissements de formation (lycées, CFA, etc.), ponctuées de rencontres avec des lycéens et des apprentis, ainsi que de rencontres avec des professionnels qui viennent parler de leur métier dans les classes.

 

Nouveaux horizons

Des recontres qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons aux élèves, comme en témoigne Gabrielle Légeret, fondatrice de « De l’or dans les mains », une association qui sensibilise les collégiens aux savoir-faire manuels : « Les métiers manuels sont hors des radars des jeunes, avant notre intervention dans les établissements, 64% des élèves ignoraient totalement les métiers artisanaux. Suite à nos actions, 85% des collégiens ont modifié leur perception de ces métiers, et la moitié d’entre eux aspirent désormais à des professions où ils pourront créer de leurs mains ! » se réjouit-elle.

 

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INTERVIEW

453-Q-RQuentin Renié, conseiller pédagogique & coach bilan de compétences chez Impala

« Arriver en 3e informé, avec de premières idées »

A la fin de leur année de 3e, les collégiens doivent faire leur premier choix d’orientation. A l’âge de 15 ans, pour des questions de maturité notamment, il n’est pas simple d’avoir déjà un projet de formation…

Il est vrai qu’il est difficile d’avoir un projet de formation construit à la fin de la 3e. Voilà pourquoi, il est recommandé aux élèves de commencer à s’intéresser à leur orientation avant la 3e, et donc avant leur échéance d’orientation. D’autant plus que la 3e est une année chargée avec le brevet et le stage d’observation.

Et pour cela, les parents peuvent accompagner leurs enfants. Voici quelques idées de choses à mettre en place.

  • Les jeunes peuvent échanger sur les métiers exercés par les parents ou certains membres de leur entourage. Quel est ce métier ? En quoi cela consiste ? Pourquoi avoir fait ce choix de métier ? Est-ce le premier métier exercé ? Etc.
  • Les jeunes peuvent commencer à réfléchir à un métier ou à une entreprise qu’ils aimeraient découvrir pendant leur stage d’observation en 3e. Pour celles et ceux qui ont déjà une idée de projet professionnel, c’est l’occasion de challenger ce projet. Pour les élèves qui n’ont pas encore de projet, c’est l’occasion d’explorer un secteur qui pourrait les intéresser.
  • Les jeunes peuvent aller faire des journées portes ouvertes dans différents lycées (lycée GT, lycées pro, lycées agricoles, etc.) pour s’informer. Cela leur permettra de mieux comprendre les différences entre ces différentes voies.

L’objectif pour les adolescents n’est pas d’avoir un projet professionnel qui ne bougera plus après la 3e, mais plutôt d’arriver en 3e informé, avec de premières idées.

Le risque de tout miser sur un projet professionnel serait de se décentrer d’un autre enjeu majeur qui est la connaissance de soi pour le jeune. Il serait pertinent que des élèves de 3e préparent le terrain en terme de connaissance de soi, afin qu’ils puissent mettre ce travail au profit de leurs choix à venir tels que les spécialités en 2nde.

 

En cas de niveau scolaire faible, la voie pro est toujours fléchée, comme une voie de formation par défaut, comme une contrainte. Au final, ce choix d’orientation en fin de collège est-il réellement un choix ?

Pour que cette orientation soit vraiment un choix, il faut que les élèves connaissent les deux options et comprennent leurs différences. Car la voie professionnelle et la voie générale et technologique ont des finalités et des objectifs pédagogiques différents.

La voie professionnelle prépare à un métier, alors que la voie générale et technologique prépare davantage aux études supérieures. De plus, alors que la voie générale et technologique reprend des modalités pédagogiques déjà vues au collège (de la théorie, des matières généralistes), la voie professionnelle met davantage l’accent sur la pratique, comme le démontre les stages en entreprise.

Lorsque les jeunes sont informés de ces différences, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’un élève avec des résultats satisfaisant aille en GT, parce qu’il pense que c’est le mieux par rapport à son projet. Inversement, la voie professionnelle est généralement conseillée à un élève qui a des résultats insuffisants, car elle lui permettra de découvrir de nouvelles modalités pédagogiques qui lui conviendront peut-être mieux. Pour que cette orientation ne soit pas subie, il est conseillé aux élèves de se renseigner le plus tôt possible sur les spécialités et mentions professionnelles pour choisir un secteur cohérent par rapport à son profil.

De fait, l’alternative de la voie professionnelle est rarement proposée ou envisagée pour des élèves ayant des résultats suffisants en 3e. Néanmoins, il existe certains exemples d’élève, impala en est témoin, qui ont volontairement emprunté la voir pro en vue d’un projet bien précis.

 

Parlons des élèves en seconde générale et technologique. Plusieurs choix d’offrent à eux en fin d’année scolaire : la voie générale ou la voie technologique, les 3 enseignements de spécialité en voie générale. Comment se déterminer ?

Pour faire un choix de spécialités ou de série cohérent, il est important que les élèves aient réfléchi à leur profil. Quels sont leurs matières fortes ? Leurs centres d’intérêt ? Leurs motivations ? Y a-t-il des métiers qui leur plaisent ? Etc. Il faut aussi que les élèves se renseignent sur ces différentes séries et spécialités. Quel est leurs programmes ? Que vont-ils étudier ? Y aura-t-il des atelier ou des séances orales ? Etc.

Une fois que les élèves connaissent bien leur profil et le contenu des options à choisir, il y a plusieurs éléments qui peuvent les guider dans leur réflexion.

Le premier élément qui doit les aider dans leur réflexion est leur projet professionnel, lorsqu’ils en ont. En fonction de ce projet, ils doivent se demander s’il y a des séries ou des spécialités indispensables pour atteindre leur objectif.

Le deuxième élément, qui va les aider dans leur réflexion, c’est leur intérêt et leur notes dans leurs matières de 2nde GT. Quelles sont les matières qui leur plaisent ? Celles où ils ont les meilleures notes ? Celles où ils ont fait le plus de progrès ? Etc.

 

En tant que coach à Impala, plateforme d ‘aide à l’orientation avec qui la PEEP a noué un partenariat, sur quels leviers vous appuyez-vous pour accompagner les collégiens de 3e et les lycées de seconde GT, dans leur choix d’orientation ?

La première étape pour les élèves est de faire leur introspection. C’est-à-dire qu’ils vont réfléchir à leur profil, leurs motivations, leurs centres d’intérêts, leurs forces, etc. Car il est important de bien se connaître pour faire des choix d’orientation cohérents par la suite.

Ensuite, il est important que les élèves se renseignent sur le choix qu’ils sont à faire. En 3e, ils vont se renseigner sur les différences entre voie professionnelle et voie générale et technologique. En 2nde GT, ils vont réfléchir aux différences entre voie technologique et voie générale, puis ils vont approfondir les séries et les spécialités qu’ils peuvent choisir.

Enfin, les élèves mettent en cohérence leur profil avec les options d’orientation pour choisir l’orientation qui leur correspond le mieux.

Si besoin, les élèves sont également accompagnés dans les procédures d’affectation dans leur établissement.

 

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ZOOM

HD-453---dossier-psyMultiplier les sources d’information et rencontrer les bons interlocuteurs

Pour faire des choix d’orientation éclairés, c’est une évidence, il faut s’informer ! Outre les nombreuses ressources que l’on peut trouver facilement sur Internet (en particulier de l’Onisep : monorientationenligne), les forums sur les métiers et les formations, ainsi que les journées portes ouvertes (JPO) des établissements de formation, sont un excellent moyen pour les jeunes de se faire une idée plus précise et concrète de ce qu’ils envisagent pour leur avenir, notamment en s’entretenant avec des professionnels.

Pour des conseils plus personnalisés, les spécialistes de l’orientation sont les Psy-EN, psychologues de l’Education nationale. Ils reçoivent les élèves sur demande pendant leur permanence dans les établissements scolaires ou dans les CIO, centres d’information et d’orientation – il en existe plus de 400 répartis sur tout le territoire. Annuaire des CIO à découvrir ICI.

 

Calendrier de l’orientation et procédures à suivre

  • Pour les élèves de 3e, c’est en début d’année civile que la famille renseigne ses intentions provisoires d’orientation (soit par le téléservice Orientation ou par la fiche dialogue remise par le collège) ; au choix : 2nde générale et technologique, 2nde professionnelle ou première année de CAP.
  • Le deuxième conseil de classe de l’année scolaire, qui se déroule généralement en mars, formule des propositions provisoires d’orientation.
  • A partir du 5 avril 2024, les élèves et leurs familles pourront consulter les offres de formation pour la rentrée 2024 dans le service en ligne Affectation.
  • En mai, c’est le moment d’indiquer vos choix définitifs d’orientation – soit par le téléservice Orientation soit par la fiche de dialogue du collège. En parallèle, il faut préciser vos choix de formations et d’établissements en vous connectant au téléservice Affectation après la 3e ou en renseignant le dossier papier de demande d’affectation.
  • En juin, le 3e et dernier conseil de classe formule une proposition d’orientation. A accepter ou à contester… Dans ce dernier cas, vous serez reçu en entretien par le chef d’établissement et, si le désaccord persiste à l’issue de l’entretien, vous pourrez recourir à la commission d’appel (dans un délai de 3 jours ouvrables à compter de la réception de la notification de la décision du chef d’établissement). Une procédure au cours de laquelle vous pourrez vous faire accompagner par les représentants de votre APE.

 

HD-453---dossier-parentQuel rôle pour les parents ?

Comment les parents doivent-ils accompagner leur enfant dans ce premier choix d’orientation ? Beaucoup de parents s’interrogent… « La première chose à faire pour accompagner son enfant dans ce premier choix d’orientation, c’est de s’assurer que l’enfant est informé et qu’il connaît les spécificités de chaque option qui s’offre à lui, recommande Quentin Renié, conseiller pédagogique chez Impala. Ensuite, il faut résister à la tentation de faire un choix pour son enfant. Il ne faut pas oublier que c’est l’orientation des jeunes, et que c’est un choix qui les engage eux, pas leurs parents. Souvent, les parents sont réticents à voir leurs enfants aller en voie professionnelle. En effet, la voie générale est perçue comme une assurance de faire des études supérieures par la suite, et permettrait donc une certaine stabilité professionnelle et financière par la suite. Tout d’abord, il faut démythifier cette idée reçue : certains métiers dits « manuels » permettent de mieux gagner sa vie que certains métiers qui recrutent au niveau master. Ensuite, il faut garder en tête qu’imposer à son enfant un choix d’orientation peut fortement l’impacter : perte de motivation à l’école, résultats en baisse, répercussions en terme de confiance en soi, réorientation tardive, etc. »

« Mais attention, ne pas choisir pour son enfant ne veut pas dire le laisser seul face à sa décision, prévient Quentin Renié.  Il est important que les parents ne coupent pas le dialogue, et qu’ils s’assurent que l’enfant a bien compris les implications de ce choix. Pourquoi pas l’accompagner dans sa réflexion concernant les spécialités professionnelles par exemple. »

 

 

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