EDUCATION

Améliorer la qualité de l’air intérieur à l’école : « une priorité absolue »

HD-440---CAPTEUR-Plus de 3 enfants sur 4 respirent un air toxique en France, avec des effets néfastes et durables sur leur santé, alertait en 2019 Unicef France. Mais si les dangers de la pollution atmosphérique (mortalité, cancers, maladies respiratoires et cardio-vasculaires, …) sont souvent relayés, il ne faut pas oublier que l’air intérieur (QAI) peut être jusqu’à 10 fois plus pollué que l’air extérieur. Les polluants chimiques et biologiques émis par les bâtiments et leurs occupants, s’ajoutent aux particules fines et autres polluants provenant de l’air extérieur et, sans un renouvellement d’air efficace, ils peuvent s’accumuler dans les locaux, atteignant des concentrations dangereuses. 

 

Une mauvaise qualité de l’air dans les écoles augmente les maladies respiratoires, cardio-vasculaires et l’absentéisme scolaire et peut également être responsable de nombreux symptômes dit « des bâtiments malsains » (maux de tête, somnolence, irritation des yeux…). Une concentration élevée en CO2 a été associée à une diminution de l’attention des élèves. A l’inverse, la ventilation réduit  non seulement les risques de maladies qui se transmettent par voie aérienne (bronchiolite, grippe, Covid…) mais a aussi un effet prouvé sur les résultats scolaires, notamment en mathématiques et en lecture. Ainsi, la qualité de l’air des classes est un enjeu majeur pour la santé et pour l’éducation de nos enfants.

Un renouvellement de l’air optimal, y compris au regard de la nécessité de maintenir une température correcte en classe et d’éviter les dispersions énergétiques, peut être obtenu en mesurant en continu le CO2, à l’aide de détecteurs. Dès que le seuil de 800 ppm est atteint, l’aération de la pièce s’impose, et si celle-ci n’est pas suffisante et la valeur de 1500 ppm est atteinte, des actions correctives doivent être mises en place dans le plus bref délai.

 

Initiatives locales

A ce jour, en dépit d’une subvention de 8 euros par élève accordée par l’Etat aux collectivités territoriales, ce qui permettrait de financer près d’1 détecteur par classe, seuls 120 000  capteurs auraient été déployé pour près de 60 000 écoles et établissements scolaires. Des initiatives locales ont vu le jour, comme celle de l’Atelier Scientifique du Lycée Parc de Vilgénis, où les élèves ont travaillé leurs compétences scientifiques et sont devenus acteurs de leur santé en réalisant des capteurs  et en sensibilisant les autres élèves et enseignants à l’importance de la QAI. Des parents ou des enseignants ont également financé sur leurs fonds propres des capteurs, voire même des purificateurs d’air. Cependant, ces outils doivent être généralisés à tous les établissements scolaires, dans le cadre d’une stratégie plus ample et ambitieuse à la hauteur des enjeux sanitaires mais aussi économiques. Le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur a été estimé entre 10 et 40 milliards d’euros par an.

La pandémie nous aura appris que rien n’est acquis, et que les enfants sont parmi les plus vulnérables, par leurs besoins éducatifs, sociaux et de santé. S’il y a une leçon à tirer, c’est qu’investir pour l’amélioration de la QAI, en commençant par les écoles, doit être une priorité absolue, pour le présent et pour l’avenir.

 

Elisa Zeno, ingénieur de recherche, PhD, co-fondatrice du collectif « Ecole et Familles Oubliées »

Prof. Antoine Flahault, professeur de santé publique à la Faculté de médecine de l’Université de Genève, directeur de l’Institut de santé globale, à Campus Biotech

 

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ZOOM

Ce que prévoit la loi

La loi impose la surveillance de la qualité de l’air dans les écoles. Deux décrets publiés en décembre 2022 (n° 2022-1689 et n° 2022-1690) introduisent la mesure directe de la concentration de CO2 et ses valeurs seuils dans l’évaluation annuelle obligatoire. Cette valeur, souvent mesurée en ppm (partie par million), est un bon indicateur du niveau de confinement de l’air intérieur : le CO2 exhalé par les occupants d’une pièce s’ajoute à celui présent dans l’air atmosphérique (~410 ppm) augmentant sa concentration. Au-delà de 800 ppm, le renouvellement de l’air n’est plus considéré satisfaisant et les risques pour la santé augmentent. 

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