DOSSIER

Prévenir les addictions

HD-439---ouverture-dossierParce que leurs conséquences ne sont pas seulement néfastes sur le plan de la santé des jeunes, mais pèsent également sur les apprentissages, le risque de décrochage scolaire, le risque de violence, les conduites addictives (produits tels que le tabac, l’alcool, le cannabis, mais aussi désormais l’usage « maladif » des écrans) font l’objet d’une éducation à la prévention dans le cadre scolaire. Une prévention qui s’articule par le biais d’enseignements disciplinaires, mais aussi et surtout par des séances d’information mises en place par les établissements scolaires, avec l’appui de différents partenaires, associatifs ou institutionnels.

Mais, outre la nécessaire information sur les effets négatifs des comportements addictifs, les efforts de prévention portent aussi désormais sur le développement des CPS, compétences psychosociales, qui ont pour but de  permettre à chaque jeune d’adopter des comportements responsables et de faire des choix éclairés pour lui-même et pour les autres.

 

A l’instar de la lutte contre le harcèlement scolaire ou les discriminations, la prévention des conduites addictives est une des composantes du volet « bien-être des élèves » confié à l’école. La circulaire de rentrée 2022-2023 s’intitule d’ailleurs « Une école engagée pour l’excellence, l’égalité et le bien-être »… Une ambition également inscrite dans les textes officiels, comme l’article L. 312-18 du code de l’éducation qui dispose qu’une « information soit délivrée sur les conséquences de la consommation de drogues sur la santé, notamment concernant les effets neuropsychiques et comportementaux du cannabis, dans les collèges et les lycées, à raison d’au moins une séance annuelle, par groupes d’âge homogène ».

 

Moyens de prévention

Cette information sur les conduites addictives repose d’une part sur certains enseignements disciplinaires (sur la santé en général, le fonctionnement du corps humain, les actions bénéfiques ou nocives des comportements, le respect des principales règles d’hygiène de vie…), et d’autre part, sur des actions pédagogiques et éducatives mises en place par les écoles et les établissements scolaires. Bien entendu, cette information est adaptée à l’âge des élèves.

Ainsi, au primaire, comme l’explique Valérie Lemaire, chargée de mission « Prévention des jeunes » à la MILDECA, Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, « il est compliqué de parler des produits directement auprès des jeunes, c’est beaucoup trop tôt – et les trois quarts ne les connaissent pas ! Nous sommes plutôt sur des actions de prévention concernant le développement des compétences psychosociales, avec un certain nombre de panel d’interventions et avec différents types d’intervenants. »

Dans le secondaire, l’organisation des actions de prévention des conduites addictives repose principalement sur le CESCE – comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement –, une instance au sein de laquelle siègent des représentants des parents d’élèves.  Mais outre les actions visant à informer sur les produits, les risques encourus à les consommer, etc., le principal levier dans la prévention des conduites addictives repose aujourd’hui sur le développement des compétences psychosociales chez les élèves.

 

HD-439---dossier-2Un mot-clé : CPS

Selon le référentiel publié par Santé publique France en 2022, « Les compétences psychosociales, CPS, constituent un ensemble cohérent et interrelié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales) (…), qui permettent d’augmenter l’autonomisation et le pouvoir d’agir (empowerment), de maintenir un état de bien-être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives. »

Concrètement, ces CPS apprennent aux jeunes, entre autres, à savoir penser de façon critique (biais, influences…), gérer leurs impulsions et leurs émotions (notamment les émotions difficiles : colère, anxiété, tristesse…), développer des attitudes et des comportements prosociaux (acceptation, collaboration, coopération, entraide…), etc.

Comme le précise l’instruction interministérielle du 19 août 2022 relative à la stratégie nationale multisectorielle de développement des compétences psychosociales chez les enfants et les jeunes – 2022-2035, « chez les enfants et les jeunes, les CPS ont un impact positif sur le développement global, le bien-être, la résilience, la réussite scolaire, et permettent de réduire les troubles anxio-dépressifs, le suicide et les conduites à risque (en matière de comportements sexuels, violences, addictions, etc.). »  Le développement de ces compétences psychosociales chez les jeunes est réellement efficace pour lutter contre les conduites addictives, comme le confirme notre grand Témoin, le Dr Nicolas Prisse, études à l’appui (lire plus bas son interview).

 

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Valérie-LemaireINTERVIEW

Valérie Lemaire, chargée de mission « Prévention des jeunes » à la MILDECA, Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives

Quid des « séances d’information » ? 

Concernant la prévention des conduites addictives en milieu scolaire, il n’existe pas un enseignement bien identifié sur ces questions ; les textes officiels parlent de « séances d’information et de prévention, à raison d’au moins une séance annuelle, planifiées dans l’emploi du temps des élèves »… 

Effectivement, vous avez raison, le code de l’éducation prévoit de manière très explicite la réalisation d’au moins une séance de sensibilisation par an. En général, elle est mise en place à l’issue d’une décision du CESCE – comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement – qui prévoit, dans ses instances, la réalisation des actions de prévention au sein des établissements, ou alors évoquée au conseil d’administration le cas échéant. Elle prend plusieurs formes : par exemple des interventions de brigades de gendarmes ou de policiers spécifiquement formés à la prévention, qui interviennent en une séance auprès des jeunes.

Nous travaillons avec eux sur le cadre de ces séances : il ne s’agit pas de culpabiliser ou de présenter les produits, mais bien de faire un rappel du cadre réglementaire, ce qui est complémentaire des séances de compétences psychosociales.

 

Ces séances sont-elles réellement mises en place partout – à l’image des 3 séances d’éducation à la sexualité, qui, pourtant obligatoires, ne sont au final dispensées qu’à moins de 15% des élèves en élémentaire, et à peine 20% en collège… – ?

Même si la DGESCO (Direction générale de l’enseignement scolaire) avec laquelle on travaille ne les comptabilise pas précisément, ces séances se réalisent plus qu’on ne le pense. En tout cas, nous avons de bons retours des équipes de gendarmerie qui les réalisent ; ils sont plutôt bien accueillis avec des bons échanges avec les jeunes.

 

Ce sont uniquement des forces de l’ordre qui opèrent ces séances de prévention ?

Non, il peut aussi s’agir d’associations locales spécialistes des problèmes de conduites addictives de jeunes, ou encore des entités des CJC, consultations jeunes consommateurs, qui ont des spécialistes des conduites addictives et qui peuvent se déplacer dans les établissements.

En fonction de la réalité locale, les établissements font appel à des intervenants compétents qui sont aux alentours de leur établissement et qui sont à moindre coût, voire qui ne leur coûtent rien. C’est aussi la réalité des établissements scolaires…

 

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ZOOM

Alcool, tabac, cannabis : les (bons) chiffres-clés

  • 64,1 % des élèves de 3e avaient déjà bu de l’alcool au cours de leur vie. Cette proportion est la plus faible jamais observée à cet âge depuis 2010 (-19 points).
  • L’expérimentation de cigarettes touche aujourd’hui 29,1 % des adolescents de 3e, contre 37,5 % trois ans plus tôt, et 51,8 % en 2010. La part des fumeurs quotidiens de cigarettes, passe de 15,6 % en 2010 à 3,7 % aujourd’hui.
  • L’usage de cannabis est également net recul : 9,1 % des élèves de 3e l’ont expérimenté en 2021, soit presque trois fois moins qu’en 2010 (23,9 %)

Résultats issus de l’enquête nationale 2021 « EnCLASS » menée par l’OFDT, Observatoire français des drogues et des toxicomanies, auprès de 2 000 collégiens en classe de 3e.

 

HD-439--dossier-ecranDe nouvelles formes d’addictions

A côté des addictions aux produits, avec le développement du numérique, de nouvelles addictions apparaissent, en particulier la consommation excessive des écrans, à commencer par le téléphone portable, dès le collège, voire plus tôt, pour de nombreux enfants. Quant aux plus grands, une nouvelle forme d’addiction s’amplifie, celle des paris sportifs en ligne.

 

En dehors de l’école, où s’informer ?

En tant que parent, il est parfois difficile de trouver la bonne attitude, la bonne distance, pour aider son enfant à se défaire de certaines addictions. Se tourner vers un tiers peut souvent être bénéfique. Outre le médecin de famille, il existe des structures et des interlocuteurs spécialisés pour vous aider face à de telles  situations :

- Les Centres jeunes consommateurs (CJC), pour les 12 à 25 ans, proposent un accueil gratuit et confidentiel. Les jeunes peuvent s’y rendre seuls ou accompagnés de leur parent ou d’un proche. Les parents peuvent également être reçus avec ou sans le jeune concerné.

- Fil santé jeunes est un service anonyme et gratuit à destination des jeunes de 12 à 25 ans (tel : 0 800 235 236).

- Drogues info service : 0 800 23 13 13, de 8h à 2h, 7J/7.

 

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itw-439---prisseGRAND TEMOIN

Dr Nicolas Prisse, président de la MILDECA, Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives

« Avoir un bon message qui soit à la fois pas culpabilisant, pas stigmatisant et pas dramatisant, mais en même temps qui ne soit pas banalisant »

 

En quelques mots, pouvez-vous nous indiquer le rôle et les missions de la Mildeca ?

Nous sommes une petite administration centrale, placée directement auprès de la Première ministre, et notre travail, c’est de coordonner l’action des différents départements ministériels pour agir sur tous les comportements addictifs. Que ce soient les produits, licites, d’abord tabac et alcool dont on peut rappeler qu’ils tuent toujours beaucoup plus en France, et qui entraînent un fardeau socio-économique tout à fait majeur – les coûts sociaux se chiffrent en centaines de milliards d’euros. Et après les produits licites, il y a ce qu’on appelle les stupéfiants, les drogues illicites : cannabis, cocaïne, héroïne, métamphétamines…

 

En 2014, le champ de compétences de ce qui s’appelait la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) devenue Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) s’est élargi aux conduites addictives en général, avec la dépendance aux écrans notamment ?

En effet, plus récemment, on s’est intéressé aux addictions de nature comportementale, sans produits, comme les jeux de hasard et d’argent, la question de l’usage excessif des écrans, les jeux vidéo, etc.

 

Concrètement, comment agissez-vous ?

Nous ne sommes pas les professionnels effecteurs puisqu’on ne va pas se substituer à la police, à la gendarmerie, à la justice ou aux médecins. Notre travail est de susciter une voie commune à l’ensemble des ministères, d’essayer de travailler mieux ensemble, de travailler les interfaces. Et puis de travailler depuis les aspects les plus régaliens, les aspects répressifs, respect de la loi, lutte contre les trafics, jusqu’aux aspects les plus sanitaires : accompagnement, soins, réduction des risques. Et au milieu, il y a un vaste ensemble de politiques de prévention, dont notamment la prévention de nature éducative.

 

Comment se construisent les addictions ?

Que l’on parle de tabac, de jeux vidéo ou de cannabis ou autre, l’addiction c’est un problème dans ce qu’on appelle le circuit de la récompense au niveau du cerveau, qui va faire que tous ces objets d’addiction ont un effet tel sur le cerveau que cet objet devient à un moment la préoccupation quasiment unique de l’individu, en tout cas une place centrale dans sa vie : pour acheter ses cigarettes, passer des heures devant sa console, aller acheter du cannabis… Pour l’alcool, c’est exactement la même chose. Il y a un vrai support physiologique à la question des addictions qui est le même, quelle que soit la nature des produits ou des comportements.

Ainsi, sur la prévention en direction des jeunes, on a aussi une partie de la prévention qui repose sur des choses non spécifiques. Loin de moi l’idée de dire qu’il ne faut pas parler des risques spécifiques liés à tel ou tel produit, mais c’est plutôt aux adultes qu’il faut le dire pour que cela se répercute ensuite sur les jeunes. On a un problème aujourd’hui très clair de perception du risque par la population adulte qui peut, pour ces enfants, pour les élèves dont ils ont la charge, transmettre des informations précises sur les risques liés à la consommation de tabac, à la consommation d’alcool, au cannabis, etc. Il faut qu’on ait une montée en compétences du monde adulte aussi, pour eux-mêmes, mais surtout pour leurs enfants.

 

L’adolescence est une période charnière, où de multiples transformations se produisent…

Bien sûr, et pour les jeunes, parce que leur cerveau est très particulier, notamment au moment de l’adolescence, on a besoin de travailler sur d’autres moyens de la prévention. Pourquoi le cerveau est particulier à ces âges-là ? Jusqu’à environ 25 ans, c’est un cerveau qui est plus vulnérable aux conduites addictives parce que c’est un cerveau qui est plus dans l’émotion que dans la réflexion. Un cerveau d’adolescent, c’est un cerveau qui a tendance à être dans la recherche de l’émotion, de la récompense au sein de son groupe social – on a besoin d’exister dans un groupe. Toutes les conduites à risques, on le sait tous,  émergent beaucoup plus à l’adolescence, parce qu’à ce moment-là, on met un peu de côté parfois le bon sens, la connaissance du risque, etc., au profit du plaisir immédiat, d’exister dans un groupe, d’avoir ses relations avec ses amis. ça, c’est fondamental.

S’agissant des conduites addictives et des substances psychoactives en particulier, le cerveau est abîmé par la prise de ces substances. Jusqu’à 25 ans, on a une maturation cérébrale qui est incomplète : si vous fumez du cannabis, si vous buvez de l’alcool trop tôt, on a des phénomènes sur les migrations cellulaires, sur la constitution du cerveau de l’adulte, sur cet équilibre entre les zones qui gèrent les émotions versus celle qui gèrent plutôt la cognition. Ces expériences, très jeunes, laissent des traces. Tout cela, on a besoin de l’intégrer dans nos stratégies de prévention. Au-delà de l’information sur les risques, on a absolument besoin d’aider les jeunes à rééquilibrer ce cerveau, les inviter à réfléchir davantage, à prendre les bonnes décisions, à se soustraire à l’influence du groupe, à savoir dire non, à avoir confiance dans l’adulte et en eux-mêmes. On peut résumer avec une formule : être mieux avec eux-mêmes et mieux avec les autres .

 

C’est là qu’interviennent les compétences psychosociales… De quoi s’agit-il précisément ?

Ce sont des programmes validés scientifiquement depuis la fin de la maternelle jusqu’au collège, qui permettent de travailler ces ressorts, et qui permettent à l’enfant et au jeune de se mettre un peu plus à distance des produits. Il s’agit de travailler l’estime de soi, l’esprit critique, le respect des autres, le respect de soi-même, la confiance dans l’adulte. Travailler tout cela a un effet très clair sur l’ensemble des conduites à risques, ça contribue à l’amélioration du climat scolaire et à la réussite éducative des jeunes.

 

Vous avez des retours concrets de l’efficacité de ces programmes ?

Oui, par exemple, au collège, huit mois après ce programme de douze séances avec des enseignants formés, on constate une diminution d’environ 50 % des consommations de tabac, d’alcool et de cannabis dans les groupes qui ont bénéficié de cette intervention versus ceux qui n’en ont pas.

C’est vraiment une base extrêmement solide, où l’on comprend mieux ce qu’il faut faire pour agir. Il faut équiper les jeunes, renforcer leurs compétences psychosociales. C’est une forme de nouveau modèle éducatif qu’il faut faire intégrer à l’école.

 

Mais aujourd’hui tous les élèves ne bénéficient pas de ces programmes…

En effet, très peu de jeunes sont aujourd’hui couverts par cela. Mais de plus en plus de recteurs, de chefs d’établissements sont sans cesse sensibilisés à ce sujet. Et les résultats sont tels que cela a conduit à l’adoption d’une circulaire interministérielle, avec un objectif ambitieux puisqu’on se projette jusqu’en 2037, qui vise à demander à l’ensemble des ministères qui peuvent être partenaires d’inclure les programmes de renforcement des compétences psychosociales, et évidemment au premier rang l’Education nationale.

 

Le message sur les risques à consommer certains produits est-il difficile à faire passer ?

Il y a des risques sur lequel ils peuvent être réceptifs. Par exemple, pour la consommation précoce de cannabis, le risque est quasi immédiat pour eux : chute de la mémoire, chute de la tension, fuite de la concentration, et, après une période où on a fait un peu le « cador » avec ses copains, c’est une diminution des relations sociales qui s’opère. Ça parle parce que c’est du court terme. Ils ont vu des expériences d’autres jeunes autour d’eux dans cette situation, qui souvent ont un peu décroché.

Autre exemple, le phénomène de binge drinking, qui consiste à prendre une cuite avec plus de six verres en une soirée, ça laisse des traces indélébiles sur le cerveau.

 

Cette prévention est-elle efficace sur la consommation ?

L’OMS, Organisation mondiale de la Santé, vient justement de reprendre les chiffres d’une enquête française qui a été publiée début 2022 par l’Observatoire français des drogues, et qui s’est intéressée à l’évolution des consommations des trois produits alcool, tabac et cannabis, chez les jeunes de 3e. C’est très encourageant parce qu’on voit, depuis le début des années 2010, une diminution quel que soit le produit, tant au niveau des expérimentations que des usages réguliers. En 2014, vous aviez 50 % des jeunes de 3e qui avaient déjà essayé le tabac ; en 2021, ils ne sont plus que 30 %. Pour le cannabis, dont on dit souvent « ça n’arrête pas d’augmenter », en 2014, 24 % des collégiens de 3e avaient déjà essayé ; ils ne sont plus que 9 % aujourd’hui.

 

Et pour l’alcool ?

Sur l’alcool, on est sur des niveaux différents car il y a un problème d’initiation en famille. Ce n’est pas raisonnable, à l’occasion d’une fête de famille, de faire goûter de l’alcool à vos enfants, jeunes. Sur l’alcool, l’expérimentation, c’est 64 % et ça, ce ne sont pas les copains… c’est une vraie responsabilité de la famille.

 

C’est une question d’exemplarité…

Oui, comme la pratique des jeux de hasard et d’argent, dont  l’expérimentation se déroule le plus souvent en famille. C’est un enjeu de sensibiliser les familles à l’exemplarité, et c’est vrai aussi pour le téléphone portable, les écrans…

Ce qui importe, c’est que l’ensemble de la communauté éducative adopte la même attitude, le même discours. Et ce n’est pas si évident parce qu’on traite d’un sujet sur lequel tout le monde a un avis, par sa vie personnelle, son entourage propre, etc.  Il y a quand même beaucoup de gens, y compris des enseignants, qui doivent penser que deux cigarettes par jour « ça ne fait pas de mal », qu’un pétard de temps en temps « c’est pas bien méchant » et qu’après tout, boire de l’alcool « c’est culturel avant tout ».

Il s’agit de mettre à niveau l’ensemble de la communauté adulte, les parents les premiers, mais aussi le monde enseignant au sens large, sur des attitudes assez claires à adopter pour le cas échéant et au bon moment, dans un dialogue avec un jeune avoir un bon message qui soit à la fois, pas culpabilisant, pas stigmatisant et pas dramatisant, mais en même temps qui ne soit pas banalisant.

Dans le milieu des travailleurs sociaux, auprès de jeunes en difficulté notamment, on a encore trop une banalisation, où beaucoup de ces produits-là sont considérés comme une béquille pour la vie. En réalité, c’est plutôt la double peine, ça rajoute au fardeau de la vie souvent.

 

Un dernier message à passer aux parents ?

L’âge adulte, c’est le moment où on doit avoir vraiment conscience des risques. Il y a tout un enjeu autour d’une communication assez précise : déconstruire les représentations de chacun sur le fait qu’on ne peut pas faire la fête sans alcool, sur le fait qu’on ne peut pas s’amuser sans fumer, que tout ça relève de la liberté individuelle, alors que l’addiction, c’est précisément une perte de liberté absolument majeure et fondamentale.

il y a pour nous tous une responsabilité à transmettre un minimum de connaissances nécessaires. Pour que la parentalité s’exerce de meilleure manière, il faut une attitude positive d’écoute ; mais ce n’est pas facile pour tout le monde, d’où notre responsabilité de mettre aussi l’accent sur les familles les plus en difficulté, parce qu’on sait qu’il y a de véritables carences éducatives qui vont faire que, sur ce domaine comme dans tant d’autres, malheureusement, le rôle attendu n’est pas tout à fait joué.

Il faut enfin avoir les bonnes attitudes quand les enfants ont des problèmes. Faire attention à des points simples comme le repli sur soi, ce sont des points d’alerte sur lesquels les parents doivent trouver les réponses par eux-mêmes, ou savoir se faire aider, notamment auprès des consultations jeunes consommateurs, où les parents peuvent prendre conseil, sans ou avec leur enfant.

 

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