DOSSIER

Les élèves en manque de sport

421---dossier-ouvAu même titre que l’éducation artistique et culturelle, l’éducation physique et sportive à l’école subit de plein fouet les conséquences de la pandémie de la covid. Après des mois de confinement sans cours de sport, depuis la mi-janvier, les élèves étaient privés de séances en salle, dans les gymnases, à la piscine… Dans les faits, pour de nombreux élèves, les cours de sport étaient synonymes de cours théoriques en salle de classe !

Médecins et profs de sport ont tiré la sonnette d’alarme : la pratique d’une activité physique est un élément essentiel dans le développement et l’épanouissement des jeunes. Fragilisés psychologiquement par la situation actuelle, en particulier par le port continu du masque à l’école, beaucoup d’entre eux souffraient de ne plus avoir cette respiration sportive.

Les décideurs politiques ont-ils pris conscience de cette nécessité ? Jeudi 18 mars, le Premier ministre, Jean Castex, annonçait que l’éducation physique et sportive pourrait reprendre « normalement ». Un assouplissement, l’autorisation de la pratique du sport en milieu fermé – dans le respect du protocole sanitaire –, qui ne concerne pas, pour le moment, le sport en dehors de l’école…

 

Pendant plus de deux mois, les élèves n’ont pu pratiquer une activité sportive qu’en extérieur. L’interdiction du sport en intérieur, annoncée le 14 janvier conjointement par Jean-Michel Banquer, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, et Roxana Maracineanu, ministre déléguée chargée des Sports, s’ajoutait aux restrictions déjà existantes imposées par le protocole sanitaire qui s’applique à l’école.

En pratique, tous les gymnases, piscines, dojos et autres salles de danse étaient fermés aux élèves. La pratique du sport à l’école était uniquement possible en extérieur, dans les stades ou dans des aires découvertes, comme les cours de récréation, où peuvent par exemple se tenir des séances de gymnastique. Des possibilités que la météo peut contrarier, notamment en période hivernale…

 

Des cours de sport… sans sport !

Mais face à ces nouvelles règles, les inégalités entre les territoires étaient aussi inévitables ; les communes n’étant pas toutes équipées en installations sportives extérieures pour répondre aux besoins de tous les établissements scolaires.

La solution ? Des cours de sport… sans sport ! Telle était l’indication donnée par le ministère de l’Education nationale quand les conditions n’étaient pas réunies pour faire cours normalement : « Les enseignants peuvent organiser des cours théoriques d’EPS (éducation physique et sportive), travaux dirigés, film (ou autre) en classe dans le strict respect du protocole sanitaire et si l’établissement dispose de salles permettant de les accueillir. »

 

Le sport scolaire en milieu fermé de nouveau autorisé

Jeudi 18 mars, changement de cap ! Lors de sa conférence de presse portant sur les nouvelles mesures face à la pandémie de la covid, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé que « l’éducation physique et sportive, sur le temps scolaire, pourra reprendre normalement et les activités sportives extrascolaires en plein air des mineurs seront maintenues ». En pratique, les gymnases, piscines et autres salles de sport sont de nouveau ouverts pour les élèves, avec l’application du protocole sanitaire, réactualisé. Un retour à la situation qui prévalait depuis la rentrée de septembre jusqu’à la mi-janvier avant la suspension du sport en milieu fermé.

 

421---dossier-foot« Un des problèmes de la jeunesse d’aujourd’hui, c’est le manque d’activité physique »

Pourquoi ce retournement de situation, cet assouplissement, alors que dans le même temps des mesures plus contraignantes sont prises pour endiguer la pandémie de la covid (« reconfinement » dans 16 départements) ? Le ministre de l’Education nationale, le 19 mars, détaillant les mesures annoncées la veille par le Premier ministre, a livré la réponse : « Un des problèmes de la jeunesse d’aujourd’hui, c’est le manque d’activité physique, le risque de sédentarité, le risque de problèmes de santé lié à cela, le risque de déprime aussi… ».

Une constatation (tardive) partagée par nos deux grands témoins, le professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport, et Benoît Hubert, secrétaire général du syndicat national de l’éducation physique de l’enseignement public, dont les interviews (réalisées avant l’annonce du retour de l’EPS en milieu fermé) sont à découvrir dans les pages qui suivent.

 

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ZOOM

En dehors de l’école, le sport toujours au ralenti

Si l’interdiction du sport en intérieur vient d’être levée dans les écoles, collèges et lycées sur le temps scolaire, elle reste de mise pour toutes les activités sportives périscolaires et extrascolaires, c’est-à-dire celles des associations et des clubs sportifs, qui se déroulent en milieu clos.

Inégalités entre les sports

Alors que les jeunes adeptes d’athlétisme, de football ou encore de cyclisme, peuvent encore assouvir leur passion (« dans le respect des consignes sanitaires… »), les férus de badminton, gymnastique, basket ou judo, entre autres, doivent encore laisser leur équipement au vestiaire. Une situation inégalitaire qui plonge le monde associatif du sport amateur dans la crise. Les jeunes adhérents et licenciés vont-ils se lasser, ne pas renouveler leur inscription, se tourner vers d’autres sports ?

L’arrivée du printemps, avec des conditions météorologiques favorables à une pratique en extérieur, devrait néanmoins permettre à certains clubs et associations de retrouver leurs jeunes sportifs. C’est par exemple le cas pour le tennis de table, dont la fédération vient de mettre en place un ensemble de consignes sanitaires à respecter pour une reprise en extérieur : prévoir un minimum de 3 mètres (longueur et largeur) entre chaque table, pas d’accès aux vestiaires collectifs, chaque joueur doit arriver en tenue de sport à la séance et avec son propre matériel, les joueurs ne doivent pas s’essuyer les mains sur la table, et, lors de la pratique en double, conserver le port du masque !

Autant de règles qui s’ajoutent aux gestes barrières généraux : pas de poignées de main ni d’embrassades, distance physique, toux dans son coude, etc.

 

421---dossier-piscineApprendre à nager… « redevient possible »

Comme tous les lieux sportifs en intérieur, les piscines étaient fermées depuis le 15 janvier pour tous les élèves. Une situation préoccupante, notamment pour les plus jeunes, en école élémentaire, censés apprendre à nager ; l’apprentissage ayant déjà été mis à mal depuis mars 2020 avec le confinement.

Dans un courrier adressé fin février à la ministre déléguée aux Sports, le syndicat national professionnel des maîtres-nageurs sauveteurs, avait fait part de ses inquiétudes. « Les enfants n’ayant pas accès de façon normale à l’éveil aquatique et à l’apprentissage de la natation depuis un an, nous sommes inquiets du nombre de noyades qui pourrait encore grandir en 2021. Pour endiguer cette recrudescence des noyades l’été, il faut que les MNS puissent jouer pleinement leur rôle et éduquer la population à la nage et au sauvetage. Il nous faut sauver des vies. »

La ministre Roxana Maracineanu, ancienne championne du monde de natation, en réponse, s’était elle aussi alarmée : « Beaucoup d’élèves de primaire et du collège, où s’apprend l’essentiel de la nage, n’ont pu avoir cours. À l’approche de l’été, c’est très problématique, avec le fléau des noyades qui est en constante augmentation à cette période ».

Le message a été entendu. Vendredi 19 mars, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, l’a déclaré : « La piscine en temps scolaire redevient possible ».

 

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POINTS DE VUE

421---pr-carreFrançois Carré, cardiologue et médecin du sport, professeur de physiologie cardio-vasculaire à l’Université de Rennes 1, cofondateur de l’Observatoire de la sédentarité

« L’abstention de pratique régulière d’activité physique et/ou sportive retentit rapidement et de manière importante sur les capacités cognitives et physiques de tous les enfants et adolescents »

 

Le sport en salle est suspendu à l’école (comme hors de l’école) depuis la mi-janvier ; en conséquence, pour des raisons pratiques (impossibilité parfois de pratiquer en extérieur), de nombreux élèves sont privés d’activité sportive. Quelles sont les conséquences sur leur santé, « dans leurs corps » mais aussi « dans leur tête » ?

Je tiens tout d’abord à préciser que je ne suis pas convaincu que les risques de contamination entre les enfants à l’école soient plus importants pour une classe de 30-35 élèves qui suit son cours d’EPS dans un grand gymnase aéré, que dans une cantine qui regroupe une population scolaire bien plus grande, et dans un espace pas toujours plus aéré qu’un gymnase, ou bien que lors des périodes de récréation.

Le manque d’activité physique est délétère sur l’ensemble du corps humain dont la « tête » fait partie, même si au pays de Descartes c’est bien trop souvent oublié en particulier par les « décideurs ». L’activité physique est liée aux contractions des muscles, lesquelles libèrent des centaines d’hormones qui ont des effets bénéfiques généraux sur l’ensemble du corps mais aussi spécifiques sur les différents organes : cœur, tube digestif, os, et… cerveau. Il est ainsi bien prouvé qu’en moyenne les enfants qui pratiquent une activité physique ont de meilleurs résultats scolaires que ceux qui sont inactifs et sédentaires.

Les résultats d’une étude menée par l’ONAPS (Pr. M. Duclos) – encore en cours de publication – ont observé après le premier confinement chez des enfants de CE1 une baisse moyenne des capacités physiques de 20 % et des fonctions cognitives de 40 % par rapport à celles relevées avant le confinement. Une prise de poids significative a aussi été rapportée chez l’ensemble des enfants scolarisés surtout ceux qui étaient les plus actifs et sportifs avant le confinement.

Il n’y a donc aucun doute, l’abstention de pratique régulière d’activité physique et/ou sportive retentit rapidement et de manière importante sur les capacités cognitives et physiques de tous les enfants et adolescents. Le retentissement sur le lien social est aussi bien connu. Il est donc important que des solutions « de secours » soient mises en place par exemple dans les cours d’école où il doit être possible de proposer des activités.  

 

 Plus largement, la sédentarité des jeunes, toujours plus « accros » aux écrans, semble s’accentuer ces dernières années. Cela est-il inquiétant ?

Cela n’est pas inquiétant c’est extrêmement inquiétant ! « Sitting is the new smoking » disent les Anglo-saxons. Cela veut dire que nous n’avons pas conscience du risque que cela représente pour la santé de nos enfants. En effet, il faut comprendre et accepter que nous sommes nés pour bouger. Nos gènes ne fonctionnent bien que si nos muscles se contractent, sinon notre organisme s’encrasse avec une élévation du niveau de stress oxydant et une baisse de l’immunité. 

En dehors du surpoids et de l’obésité, qui ne cessent d’augmenter chez les enfants, ces troubles, qui vont favoriser le développement dans 20-30  ans des maladies chroniques (diabètes, cancers, infarctus, pathologies pulmonaires, dépressions…) sont invisibles à l’oeil nu. On pense donc que nos enfants sont en bonne santé, et à quoi bon s’inquiéter. Nous avons des marqueurs qui prouvent formellement que l’état de santé des enfants et des adolescents n’est pas bon.

D’une part, la capacité physique des collégiens a diminué de 25 % en 40 ans (1971-2011) et, actuellement, si cette diminution est moindre, c’est peut-être parce qu’elle ne peut pas baisser plus. Or, notre capacité physique est notre capital santé que l’on construit pendant l’enfance, c’est aussi le meilleur marqueur d’espérance de vie d’une personne, donc il est licite de craindre que l’espérance de vie des adolescents diminue.

D’autre part, les niveaux moyens de pression artérielle et de glycémie (taux de sucre dans le sang) relevés chez les adolescents ont augmenté en comparaison avec ceux des générations précédentes.

Ainsi, ce tsunami d’inactivité et de sédentarité, dépendant  surtout de nous et de l’éducation donnée aux enfants, qui submerge nos sociétés, nous met face à une bombe à retardement sanitaire qui, d’une part va gâcher la qualité de vie des futurs adultes et, d’autre part, va poser des problèmes socio-économiques majeurs. Rien n’est cependant perdu, il suffit de changer un peu nos modes de vie, pour que les effets correcteurs apparaissent rapidement et cela est vrai à tout âge. 

 

Activité physique, temps devant les écrans : les recommandations à suivre

« Actuellement en France 2/3 des enfants et adolescents ne respectent pas les recommandations sanitaires pour l’activité physique et le temps journalier passé assis qui définit la sédentarité, explique le professeur François Carré. Devant ces chiffres l’ANSES *, en novembre 2020, a tiré la sonnette d’alarme en soulignant qu’il était extrêmement rare qu’un tel pourcentage d’une population soit relevé. Rappelons qu’il est aujourd’hui recommandé qu’avant 5 ans un enfant bouge au moins 3 heures chaque jour et que la télévision ne doit pas être utilisée comme baby-sitter idéale (pas de télévision jusqu’à 2 ans et moins d’1 h par jour entre 3 et 5 ans). A partir de 6 ans et jusqu’à 17 ans, une heure d’activité physique et/ou de sport chaque jour et pas plus de deux heures d’écran par jour (soit 14 heures par semaine quand même).

* Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. www.anses.fr/fr.

 

421---B.-HUBERTBenoît Hubert, secrétaire général du SNEP, syndicat national de l’éducation physique de l’enseignement public (affilié à la FSU)

« Cette situation génère de grandes inégalités territoriales mais aussi une fin objective de l’EPS avec l’impossibilité de mettre en œuvre les programmes »

 

Depuis la mi-janvier, les cours de sport en intérieur sont suspendus. Nous sommes en période hivernale… comment s’organisent les profs d’EPS pour faire cours ?

L’interdiction des cours d’EPS en milieu couvert a obligé l’ensemble des enseignants à retravailler de nouveau les programmations d’activités en fonction des possibles. Les contraintes sont extrêmement fortes entre les conditions climatiques qui ne peuvent se mesurer que jour après jour et les espaces extérieurs disponibles qui ne sont pas non plus pléthoriques et qui doivent être partagés, à l’échelle d’un bassin, entre tous les établissements scolaires.

Il aurait été ubuesque, et cela aurait rendu encore plus incompréhensible la décision gouvernementale, de mettre sur un même lieu plusieurs classes au même moment générant ainsi un brassage bien supérieur à ce qui est à l’œuvre dans les établissements scolaires.

Les enseignants, attachés à leurs missions, à leur rôle social, à leur discipline ont donc dû s’adapter encore une fois pour tenter de proposer des activités physiques aux élèves dans des conditions sécuritaires optimales. Les possibilités ne sont pas de même nature suivant l’endroit où on se trouve en France, les conditions climatiques étant bien différentes. Si des activités restaient possibles bien que fortement réduites dans le choix (course d’orientation, endurance, ultimate…) à certains endroits, à d’autres, les activités physiques ont tout simplement été supprimées pour être remplacées par des cours théoriques en salle de classe. Cette situation génère de grandes inégalités territoriales mais aussi une fin objective de l’EPS avec l’impossibilité de mettre en œuvre les programmes, les programmations et au bout du compte les évaluations, les certifications.

 

Regrettez-vous cette décision ? Auriez-vous souhaité des aménagements (renforcement du protocole sanitaire par exemple) pour poursuivre les cours dans les gymnases, à la piscine ?

Cette décision a été d’une brutalité sans précédent. Aucune étude ne vient appuyer et justifier cette mesure en administrant la preuve que les milieux couverts pour la pratique physique était un facteur de contamination important.

Les enseignants avaient déjà dû s’adapter et parfois bricoler à plusieurs reprises en fonction des décisions administratives. Des protocoles stricts, après un travail important des équipes d’établissement, avaient été mis en place pour protéger les personnels comme les élèves. Cette décision a été incompréhensible et a généré beaucoup de colère et de désarroi.

L’impossibilité d’une EPS additionnée à un couvre-feu à 18h empêchant le fonctionnement de nombre d’associations sportives extrascolaire ont produit, pour nombre de jeunes, l’arrêt complet de toute activité physique.

Les incompréhensions sont lourdes quand, par ailleurs, les regroupements pour certains sportifs restent possibles, quand les conservatoires de danse continuent leurs activités alors même que ces mêmes activités sont interdites dans le cadre scolaire, quand on préserve la pratique de certains enseignements de spécialité…

D’autres mesures étaient possibles et n’ont malheureusement pas été retenues. Par exemple, passer en demi-groupes pour l’ensemble du système éducatif, et pas seulement dans les lycées, aurait permis la continuation de l’enseignement de l’EPS. Avoir moins de 20 élèves dans 700 à 1000 mètres carrés d’un gymnase semble bien plus sécure en terme sanitaire que 36 élèves dans les 70 mètres carré d’une salle de classe moins bien aérée compte tenu des froids qui règnent…

Ce qui est encore plus grave dans la situation, c’est qu’aucune perspective, de quelque nature qu’elle soit, n’est donnée. Des clauses de revoyure, pour étudier la situation ne sont pas à l’ordre du jour. Du coup il est impossible de se projeter, de savoir de quoi demain sera fait, d’anticiper et de travailler à une reprise éventuelle. Cette gestion au jour le jour met en difficulté l’ensemble des enseignants et des élèves.

 

Depuis un an, entre périodes de confinement et périodes de restriction de la pratique sportive, craignez-vous des conséquences de cette situation, à plus ou moins long terme, sur la santé physique des élèves ?

De nombreuses études menées par différents organismes montrent les impacts et les dangers de l’inactivité, de la sédentarité. Les retours empiriques des enseignants après les périodes de confinement et suite aux restrictions de pratique montrent des impacts déjà préoccupants avec des prises de poids d’élèves, des baisses de capacités cardio-vasculaires, des pertes de capacité d’endurance…

Au-delà de ces mesures qui seront lourdes de conséquences sur la santé physique des adultes en devenir et déjà préoccupantes à leur âge, l’EPS travaille à donner le goût de la pratique, à créer des habitus pour que tout au long de leur vie, les élèves adoptent des attitudes actives, s’engagent dans des pratiques physiques. Ce travail ne peut être mené correctement et fait craindre encore plus une sédentarité accrue post Covid.

Un autre impact sensible porte sur la santé psychique des jeunes. Le besoin fort de lien social, de relations a été fortement éprouvé. Les échanges que permettaient les pratiques, les rencontres, la confrontation avec d’autres, les apprentissages avec et par d’autres, l’imprégnation et l’appropriation d’une culture qui est celle des activités physiques sportives et artistiques ont été mis à l’arrêt et plongent nombre d’élèves dans un mal-être dont on ne mesure pas encore l’importance même si le malaise étudiant peut en donner largement des indications.

Investir dans l’EPS et les pratiques physiques est une nécessité et un investissement nécessaire de long terme qui permettrait de construire un avenir où la santé au sens de l’OMS serait améliorée au bénéfice de l’ensemble de la société.

 

Plus largement, au-delà de la crise sanitaire actuelle, quel est votre regard sur l’enseignement du sport à l’école aujourd’hui ? Equipements, temps d’enseignement, formation des profs… Les élèves bénéficient-ils d’une éducation physique et sportive de qualité ?

Hors des discours de promotion gouvernementaux, le constat des politiques menées est malheureusement sans appel. De nombreux postes d’enseignants d’EPS sont supprimés, les horaires ont baissé dans la voie professionnelle, la réforme du lycée a obligé la mobilisation des mercredis après-midi grevant les activités du sport scolaire, l’EPS n’est pas reconnue sur le plan des pratiques au diplôme national du brevet, est minorée au baccalauréat, les programmes sont problématiques… Il aura fallu deux ans de batailles pour enfin obtenir un enseignement de spécialité que nombre d’acteurs conteste.

Par ailleurs, l’introduction par le ministre du « concept » « sport à l’école » génère de nombreuses confusions et rend floues les frontières entre EPS, sport scolaire, sport extrascolaire et finit par faire croire qu’il suffirait de bouger pour que les pratiques scolaires soient renforcées. C’est ainsi que se sont mis en place des dispositifs comme le 2S2C (« Sport-santé-culture-civisme ») ou encore les 30 minutes d’activités par jour.

Ce faisant, on ne s’attaque pas aux problèmes de fond qui sont le manque d’installations de qualité (beaucoup d’installations quand elles sont présentes sont vétustes), des horaires insignifiants et marquants de grandes ruptures (de 4 heures en 6e au collège puis 3 et enfin 2 au lycée alors que le décrochage des jeunes de la pratique intervient à ce moment-là) et qui ne sont que des horaires théoriques et non des temps de pratique effectifs, des programmes qui donnent la part belle à des compétences sociales et comportementales (dont nous ne nions pas l’intérêt) en lieu et place des apprentissages réels dans les APSA (« Activités physiques, sportives et artistiques »), etc.

La formation des enseignants d’EPS reste de qualité mais le sous-investissement dans les STAPS face à l’engouement des jeunes pour ces filières nuit de plus en plus à cette qualité avec des temps de pratiques et d’approfondissements théoriques de plus en plus restreints faute de recrutements et d’installations à disposition.

Les chantiers sont nombreux et importants et devraient faire l’objet d’un grand plan de développement qu’on ne voit malheureusement pas venir malgré le contexte des JOP 2024 (« Jeux olympiques et paralympiques », organisés à Paris en 2024) et du nouveau périmètre de l’Education nationale et de la Jeunesse intégrant le ministère des Sports.

 

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