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Hyperactivité : quand tout va trop vite

HD-407---hyperactiviteLe trouble hyperactif, ou TDAH, toucherait un enfant sur 20. Il peut causer de grandes souffrances chez ceux peinant à contrôler leur corps et leur attention. Mais, s’il est bien pris en charge, les perspectives sont très positives.

 

 

Tous les enfants sont-ils hyperactifs ? Non, bien évidemment ! « Il y a un effet de mode, mais il n’y a pas plus d’enfants hyperactifs qu’avant », certifie Nathalie Franc, pédopsychiatre au CHRU de Montpellier. « Il ne faut pas confondre l’ébullition sociétale et l’hyperactivité », sourit la pédopsychiatre Marie-France Le Heuzey, auteure de « L’enfant hyperactif » (éd. Odile Jacob).

L’hyperactivité, également appelé TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) est un trouble de développement du cerveau, de la même catégorie que l’autisme. Il toucherait près d’un enfant sur 20, avec une prédominance de garçons diagnostiqués. Il se manifeste par divers symptômes. « Notamment l’inattention, la difficulté à se concentrer, à aller au bout des choses », décrit le Dr Franc. « L’enfant n’arrive pas à se fixer sur une tâche, une conversation, un jeu, complète le Dr Le Heuzey. Il zappe d’une activité à l’autre. » Cela peut s’accompagner d’une agitation physique. « Ce n’est pas forcément spectaculaire, nuance Nathalie Franc. L’enfant peut avoir du mal à tenir en place, tortiller sur sa chaise, parler fort… » Enfin, elle ajoute que certains patients présentent « une impulsivité, la difficulté à prendre son temps, la tendance à se précipiter, couper la parole, parler sans lever le doigt… »

 

La solution : la psycho-éducation

Mais on ne parle de trouble que lorsque ces symptômes empoisonnent la vie. « À l’hôpital, nous recevons des enfants qui souffrent, précise Nathalie Franc. Ils sont en échec dans tous les domaines de leur vie, malgré leurs capacités. Ils sont isolés, se sentent très dévalorisés. À la maison, les parents s’épuisent à répéter les choses 50 fois, à punir. »

Si l’on a un doute, il faut en parler à son médecin traitant. À partir de 6 ans, l’enfant peut rencontrer un pédopsychiatre ou un neuropédiatre. Mais la solution passe surtout par la « psycho-éducation ». « S’informer, mettre en place des stratégies pour aider l’enfant à la maison et à l’école », explicite le Dr Le Heuzey. « Il faut arrêter de penser que l’enfant fait exprès, qu’il provoque, qu’il est fainéant, et au contraire l’encourager et le valoriser », ajoute Nathalie Franc. « Cet accompagnement représente 90 % du traitement, note Marie-France Le Heuzey. Il peut changer la vie des familles. »

« Seulement en dernier recours », une molécule psychostimulante et très contrôlée, le méthylphénidate, pourra aider à être « plus attentif, plus éveillé, moins agité », selon les médecins.

Dans tous les cas, inutile de culpabiliser : les causes, incertaines et multiples, ne sont pas liées à l’éducation. Par contre, il est important de réagir, pour éviter une adolescence très difficile. Bien accompagné, un enfant verra ses symptômes s’estomper. Le Dr Le Heuzey connaît des centaines de TDAH bacheliers, « qui ont fait des études et s’épanouissent dans leur vie ». Être hyperactif n’a donc rien d’une fatalité !

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itw-407---hyperactifCONSEILS

Nathalie Franc, pédopsychiatre au CHRU de Montpellier, auteur de « 100 questions-réponses, l’hyperactivité de l’enfant » (éd. Ellipses)

« Les parents ont un rôle actif à jouer »

Vers qui se tourner si l’on s’inquiète pour son enfant ?

L’Éducation nationale et beaucoup de médecins connaissent mal ce trouble. Les parents peuvent contacter l’association Hypersupers TDAH France, qui recense des professionnels bien formés, à même de poser un diagnostic.

 

Faut-il prendre des médicaments à tout prix ?

La plus grande partie de la prise en charge, c’est la psycho-éducation, l’accompagnement. Dans un second temps seulement, on envisage les médicaments. Cela se prescrit à l’hôpital, et il faut que le bénéfice soit réel et conséquent.

 

Les parents ont tendance à culpabiliser…

Mais ce n’est pas une histoire d’éducation ! Il y a des facteurs génétiques, des causes multiples. Par contre, ils ont un rôle actif à jouer pour aider leurs enfants à aller mieux.

 

 

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