EDUCATION

Service national universel : c’est pour bientôt !

HD-405---SNU-2-SIPAVoulu par le président de la République Emmanuel Macron, le tout nouveau service national universel sera expérimenté à partir du mois de juin. Avant une montée en puissance du dispositif à partir de l’année suivante.

 

 

Vingt-deux ans après la fin du service militaire, les jeunes Français vont à nouveau être appelés sous les drapeaux. Promis par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, le Service national universel (SNU) devrait voir le jour au mois de juin prochain. Dans un premier temps, seuls quelque 150 à 200 volontaires issus chacun de 13 départements (1) pilotes l’expérimenteront. Cette phase de test devra permettre d’affiner le dispositif avant de l’étendre à tous les départements l’année suivante et à tous les jeunes Français au plus tard à partir de 2026.

Le Service national universel durera un mois et sera divisé en deux parties. Pendant les quinze premiers jours, les jeunes seront accueillis en internat hors de leur département. Les journées seront rythmées par différents modules : des activités de pleine nature, des séances d’autodéfense, des initiations aux sports de combat, un apprentissage des gestes de premier secours, etc. Les jeunes seront également sensibilisés à la protection de la planète, à la Défense ou encore aux risques d’attentat. Cette période sera également mise à profit pour repérer les jeunes en souffrance ou en décrochage scolaire et tenter de leur trouver des solutions. Ceux qui le souhaitent pourront même débuter leur formation au code de la route.

Chaque jour, les appelés se lèveront à 6 heures et se coucheront à 23 heures, devront revêtir un uniforme et respecter les horaires qui leurs seront imposés. En dehors des activités communes, ils seront intégrés à une « maisonnée » avec une dizaine d’autres appelés. Chaque soir, un conseil sera organisé afin de permettre aux jeunes de faire le point sur la journée passée et de prendre ensemble les décisions utiles à la vie du groupe (tâches domestiques et autres…). Un vrai exercice de démocratie ! Les téléphones seront interdits dans la journée, mais autorisés le soir pour joindre leur famille.

 

HD-405---SNU-3-sipaObligatoire pour tous

Une fois rentrés dans leurs familles, les appelés devront passer 15 autres jours au sein d’une structure d’intérêt général près de chez eux. Selon les cas, il pourra s’agir d’un établissement public (administration, armée…), d’une collectivité locale (commune, conseil départemental…), d’une association (aides aux personnes en difficulté, rénovation du patrimoine…), d’un centre de loisirs, d’un club sportif, etc. Les jeunes pourront choisir dans la mesure du possible le type d’organisme qu’ils souhaitent intégrer en fonction de leur projet de vie.

Alors qu’il avait un temps été évoqué qu’il soit facultatif, le Service national universel sera bel et bien obligatoire. Garçons comme filles, tous les jeunes l’effectueront après leur classe de 3e. Des aménagements sont actuellement étudiés afin qu’un maximum de jeunes porteurs de handicap, de soutiens de famille, d’apprentis et de jeunes parents y prennent part.

 

Encore des inconnues

Si les contours du dispositif sont figés, il reste encore un certain nombre de points à préciser. La période de test qui débutera en juin est censée y apporter des réponses. La première interrogation concerne les exemptions. Si tous les jeunes de plus de 16 ans sont censés intégrer le SNU, dans la pratique, il y en aura toujours qui ne pourront pas l’effectuer, que ce soit à cause d’un handicap trop lourd, d’un problème psychologique grave, d’une personnalité trop décalée, etc. Reste à savoir sur quels critères ce choix sera fait et qui prendra la décision. On ne sait pas non plus si des sanctions seront prévues dans le cas où un jeune manquerait à l’appel. S’il avait été question un temps que l’attestation de SNU soit demandée pour passer le baccalauréat, candidater au permis de conduire ou entrer dans la fonction publique, rien n’a encore été définitivement décidé.

Les périodes pendant lesquelles se dérouleront les SNU restent aussi à définir. Les 15 jours d’internat se dérouleront pendant les périodes de vacances scolaires, mais peut-être aussi sur le mois de juin, période où les élèves de seconde terminent généralement les cours assez tôt. Les congés de fin d’année, eux, devraient être épargnés. Le ministère réfléchit également à la possibilité pour les jeunes apprentis ou employés ayant des impératifs professionnels ainsi que les chargés de famille ayant des obligations familiales de demander un report sur une autre période de l’année. Les missions d’intérêt général (d’une durée de 15 jours, soit environ 100 heures) seront elles aussi réalisées hors du temps scolaire, mais pourront s’étaler sur les mercredis après-midi, les fins de journée ou les week-ends.

 

HD-405---SNU--AFPQuel encadrement ?

Reste enfin à savoir qui assurera l’encadrement des appelés. Si l’Armée a pris part à l’élaboration du projet et si des militaires participeront à la formation des encadrants, intègreront l’équipe de direction des centres SNU et interviendront lors de certaines activités, notamment le module « Défense nationale et résilience », ils n’assureront pas l’encadrement global du dispositif. D’ailleurs, le dispositif n’a pas vocation à être militaire. L’uniforme sera civil et aucune arme ne sera manipulée. « Les jeunes seront encadrés par des professionnels qui ont une solide expérience de l’encadrement des adolescents ou des jeunes », promet juste le ministère. Les réservistes et des personnels volontaires de l’Education nationale pourraient également être mobilisés. Tous devraient suivre au préalable une formation spécifique à l’intervention dans le cadre du « SNU ».

 

Le SNU ne doit pas être un palliatif

A terme, le SNU ambitionne d’être bien plus qu’une simple parenthèse dans la vie des jeunes adolescents. Il se veut comme un moment propice à la découverte, à la mixité et à la cohésion sociale. Il entend sortir les jeunes de leur environnement immédiat, leur faire faire des rencontres intéressantes, leur faire vivre des expériences inédites. Ce sera l’occasion de leur faire prendre conscience des valeurs de la République, de les inciter à s’engager dans des actions envers les autres, mais aussi un moment privilégié pour faire un état des lieux de la jeunesse et repérer ceux qui sont en difficulté afin de leur proposer des solutions concrètes pour les aider à mieux appréhender la suite de leur cursus scolaire ou de leur vie professionnelle.

Sur le papier, le projet est plutôt séduisant. Et c’est tant mieux car sa réussite implique que les appelés s’approprient le dispositif. Reste que les ambitions du SNU sont élevées et que rien ne permet de s’assurer qu’elles seront toutes atteintes. Pour qu’il fonctionne, il faudra surtout que le SNU parvienne à trouver sa place. « Nous avons attiré l’attention de la Commission sur le fait que le SNU ne devait pas servir de palliatif à ce qui n’aurait pas fonctionné à l’école, prévient Hubert Salaün, administrateur de la PEEP, entendu au nom de la fédération dans le cadre des travaux d’élaboration du SNU. C’est à l’école que les jeunes doivent faire l’expérience de la mixité sociale. C’est à l’école que les problèmes de santé ou d’illettrisme doivent être détectés et résolus. C’est à l’école encore que les notions de solidarité, de sécurité ou de citoyenneté doivent être inculquées. A 16 ans, c’est trop tard. » L’un des objectifs de la phase d’expérimentation qui s’ouvre en juin sera donc aussi de prouver que le SNU peut être complémentaire de l’école.

 

Note

1 – Ardennes, Cher, Creuse, Eure, Guyane, Haute-Saône, Loire-Atlantique, Morbihan, Nord, Puy-de-Dôme, Val-d’Oise, Vaucluse.

-

__________

ZOOM

5 chiffres à retenir

  • 800 000 jeunes seront, à terme, appelés chaque année.
  • 0 euro sera laissé à la charge des familles. Tous les frais seront couverts par les pouvoirs publics.
  • 75 % des jeunes adhèreraient au projet, selon le ministère de l’Education nationale
  • 3 000 jeunes expérimenteront le SNU dès juin
  • 1 mois, la durée totale du SNU

S’engager plus longtemps, c’est possible

Après leur SNU, les jeunes qui souhaitent poursuivre leur engagement pourront effectuer un service civique. Ce dispositif permet aux 16-25 ans d’accomplir une mission d’intérêt général dans 9 domaines jugés prioritaires, dont la solidarité, le sport, l’environnement ou l’intervention d’urgence. En échange, ils reçoivent une indemnité par l’Etat et une aide complémentaire par l’organisme d’accueil.

-

__________

itw-405---GabrielAttalPOINT DE VUE

Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la jeunesse, chargé de la mise en place du SNU

« Le Service national universel est un engagement de campagne du président de la République. Il a pour ambition d’être l’une des réformes sociétales les plus structurelles du quinquennat dans un pays qui, depuis une vingtaine d’années, voit ses fractures se creuser. Il faut donc recréer une cohésion nationale, sociale et territoriale autour de valeurs, nos valeurs, celles qui nous représentent tous : la République, le drapeau, l’hymne national, etc. Pour cela, toutes les jeunesses de notre pays, aisées ou non, urbaines ou rurales, métropolitaines ou ultra-marines, doivent se rencontrer et partager une expérience commune.

Ce moment doit aussi permettre de lever les freins à l’engagement. S’engager, c’est donner de son temps pour l’intérêt général. C’est aussi grandir, développer des compétences qui seront utiles pour s’insérer professionnellement. Or, si une écrasante majorité des jeunes veulent s’engager, ils sont trop nombreux à être freinés, pour des raisons financières, sociales, géographiques, culturelles.

Ce projet de société doit ouvrir le champ des possibles à des jeunes qui vivent dans une société qu’ils ressentent comme profondément inégalitaire. Il doit permettre à chaque jeune, quel que soit son parcours scolaire et son itinéraire personnel, de trouver sa place dans la société. Le SNU est un investissement qui redonnera à notre jeunesse la place qui est la sienne et qui peut nous permettre de franchir une étape décisive dans la lutte contre le décrochage ou en matière de santé des jeunes, notamment. »

 

Mot-clé:

Pas de commentaires pour le moment.

Donnez votre avis