EDUCATION

Ecoles de commerce : comment bien choisir

HD-400---ecole-commerce-3Il existe plusieurs centaines de formations en commerce et management. Si les Grandes Écoles offrent les meilleurs débouchés professionnels, le recrutement est tellement diversifié (Prépa, IUT, Bachelor…) qu’il est utile de planifier ses objectifs dès la terminale. Pour cibler la porte d’entrée la plus adaptée à son profil.

-

« En France, le terme « École de commerce » n’est pas protégé. Du coup, on trouve des centaines d’écoles ! » Frédéric Devaux, directeur des études de l’institut Perrimond, prépa privée à Marseille, confirme le désarroi vécu par les lycéens et leurs familles. Entre la multitude d’écoles et de concours, difficile de s’y retrouver. « Cela peut susciter quelques angoisses », concède Jean-François Fiorina, directeur adjoint de Grenoble EM. « Il faut démêler une offre à la fois complexe et variée », pointe Carole Gibrat Tach, en charge du dossier Écoles de commerce à l’Onisep. Car à chaque projet, et chaque profil, correspond une stratégie.

 

La formation d’excellence du tertiaire

Mais déjà, qu’est-ce au juste qu’une « école de commerce » ? « Il faut en finir avec l’image du cadre avec son attaché-case », sourit Jean-François Fiorina. Généralistes au point de s’appeler désormais Écoles de management, elles mènent vers tous les métiers du tertiaire. « Cela va bien plus loin que le commerce, expose Frédéric Devaux. Elles forment des personnes capables d’analyser et comprendre leur environnement. » De nombreuses options permettent de se spécialiser : marketing, développement commercial, comptabilité, audit, contrôle de gestion, ressources humaines, communication… « C’est l’école de tous les rêves, de tous les possibles, résume Jean-François Fiorina. Au-delà du conseil, du marketing ou de la finance, certains de nos diplômés deviennent entrepreneurs, cadres dans l’administration ou responsables d’ONG ! »

 

Des profils variés

À qui s’adressent ces écoles ? Pour Frédéric Devaux, « c’est une question de sensibilité. Il faut être animé par une ambition sereine, avoir le sens des responsabilités, l’esprit d’équipe, ne pas craindre l’échec… » La formation convient ainsi à ceux qui ont été délégués de classe, initié des projets… « Il faut être curieux du monde qui nous entoure », complète Alain Joyeux, président de l’APHEC, association des enseignants des prépas commerciales. Les qualités les plus répandues : « aisance à l’écrit et à l’oral, intérêt pour l’interculturel et l’international, polyvalence et adaptabilité à de nouveaux métiers, notamment dans le digital et le numérique… Ce sont des formations pour les élèves qui ont la gnaque ! »

 

Privilégier les Grandes Écoles

« Il faut se méfier des promesses trop belles », glisse un spécialiste. La référence, ce sont les 37 Grandes écoles, membres de la Conférence des Grandes Écoles.

« Elles sont les seules à délivrer le grade de Master, précise ainsi Frédéric Devaux. Ce bac + 5 est le plus haut niveau de diplôme professionnel dans le tertiaire. » On l’obtient via le « programme Grande école », formation en 3 ans où l’on entre à bac + 2. « Il offre des garanties, car il a obtenu un visa ministériel », signale Catherine Gautier, déléguée du concours Passerelle. Une reconnaissance qui assure un enseignement de qualité, selon Jean-François Fiorina : « Les cours correspondent au niveau des élèves, et sont adaptés aux besoins des entreprises. La formation inclut des séjours à l’étranger, ouvre à de bons stages. Les établissements intègrent également de nombreux services pour les étudiants : accompagnement à la carrière, vie associative… »

Frédéric Devaux partage la même analyse : « Les Grandes écoles sont connectées au monde de l’entreprise. Elles sécurisent les parcours professionnels, en France ou à l’étranger. » Notamment grâce aux alumnis, les réseaux d’anciens. « C’est la valeur ajoutée des Grandes écoles », certifie Jean-Michel Huet, président de Neoma Alumni (Rennes et Rouen). À la clé, beaucoup d’avantages, comme un « centre carrière » pour accompagner les diplômés, des clubs pour tisser des liens…

 

HD-400---ecole-commerce-2Prépa : la voie royale

Même si les choses évoluent, les meilleures écoles continuent à privilégier les élèves de prépas. « C’est la voie royale, annonce Frédéric Devaux. Elles permettent à 10 000 étudiants par an d’accéder au plus grand nombre d’écoles. » Souvent publiques, donc gratuites, ces prépas se déclinent selon trois bacs : S, ES et STMG. Les élèves passent ensuite des concours spécifiques, ouverts également aux prépas littéraires (voir encadré).

Quel est l’intérêt ? « En prépa, on apprend à travailler efficacement, à analyser, synthétiser, réfléchir… » décrit Alain Joyeux. Pour devenir « des acteurs critiques du monde contemporain ». Et si le niveau est relevé, il assure que « les choses ont beaucoup changé. Les enseignants se muent en coach, pour accompagner l’étudiant dans une relation de confiance. » Il faut tout de même digérer un programme intense de mathématiques, géopolitique, économie, langue, philosophie… « Cela demande un travail constant, mais dans une ambiance bienveillante », analyse Frédéric Devaux. Mais inutile de cibler absolument une grande prépa parisienne, promet Alain Joyeux. « Un élève brillant atteindra l’école qu’il désire, quelle que soit sa prépa. »

 

HD-400---ecole-commerce-1-bIUT, BTS, Bachelor : les admissions parallèles

Soucieuses de diversifier leurs promotions, les écoles ont développé de nouvelles portes d’entrée. « Aujourd’hui, moins de la moitié des diplômés sont issus des prépas », note Carole Gibrat Tach, à l’Onisep. La principale alternative, c’est l’admission parallèle. Des concours ouverts aux titulaires d’un diplôme bac + 2 ou bac + 3, notamment aux BTS et DUT (voir encadré). « Les admissions parallèles ouvrent à beaucoup d’écoles, sauf les cinq premières du classement, annonce Frédéric Devaux. Si on ne sent pas la prépa, mieux vaut s’épanouir dans un bon BTS ou DUT, et effectuer de bons stages. »

Il existe une « troisième voie » en plein essor : les Bachelor. Des formations à bac+3 dispensées par les Grandes écoles, accessibles sur concours dès le bac (voir encadré). Attention : l’inscription ne se fait pas sur Parcoursup !

Une fois diplômés, 2/3 des étudiants vont tenter les concours pour les Masters, selon Didier Wehrli, directeur du programme Bachelor à l’EM Strasbourg. « À bac + 3, on n’est pas assez concurrentiel sur le marché du travail. Notre Bachelor s’inscrit dans un chemin vers le bac + 5. » Il conviendra à ceux qui ont envie de « concret » dès le bac : découvrir le marketing, la communication, les ressources humaines, faire des stages, aller à l’étranger…

Au final, le choix est cornélien en terminale. « Chaque étudiant doit définir sa stratégie, selon son niveau, ses envies, ses attentes », confirme Jean-François Fiorina. La clé peut être la question financière : à la différence des BTS, DUT et Prépas, le Bachelor est payant.

 

Choisir la bonne école

Une fois admis aux concours, comment choisir son école ? « C’est l’un des plus grands choix de sa vie », prévient Jean-Michel Huet, chez Neoma Alumni. Le principal critère pris en compte, c’est le classement des écoles. Le podium : HEC, ESSEC et ESCP.

D’autres éléments sont à étudier : les labels internationaux attestant de la qualité pédagogique, les spécialités des écoles… Alain Joyeux mentionne également les « liens avec l’étranger, les opportunités de doubles diplômes ». Attention également aux réseaux d’anciens et à la réputation de l’école, qui peut influer sur le niveau de salaire et de responsabilités à la sortie.

Et mieux vaut apprécier la ville ! « Il faut prendre le temps de visiter, de parler avec les autres étudiants, conseille Jean-François Fiorina. Pour voir si l’on aimerait être à leur place. » Mais Frédéric Devaux tient à rassurer les plus inquiets : « Inutile de trop s’en faire. Quel que soit son choix, si on est dans l’un des 37 Programmes Master Grandes écoles, c’est le top ! ».

-

__________

ZOOM

Un budget à prévoir

Les écoles de commerce représentent un budget conséquent : parfois plus de 10 000 euros l’année ! « Nous ne recevons pas de subventions, justifie Jean-Michel Fiorina, directeur adjoint de Grenoble EM. Ces formations de haut niveau ont un coût ! Mais on propose tous des solutions pour les étudiants modestes : bourses, alternance, prêts… Il faut nous en parler en amont, et ne surtout pas s’autocensurer pour raisons financières… » Car c’est un « investissement pour l’avenir » : beaucoup de diplômés gagnent ensuite plus de 4 000 euros par mois !

-

Les concours, passage obligé

Qui dit école de commerce, dit concours. Pour les Bachelor, Atout + 3 est la référence. « Cela concerne des lycéens qui font le choix de prendre en main leur orientation », juge Didier Wehrli, délégué du concours. Les épreuves se basent sur le programme scolaire. « On mesure l’agilité intellectuelle des élèves. » L’an passé, 1/3 des 2 500 candidats ont été reçus.

Pour les élèves de prépa, la BCE, banque commune d’épreuves, ouvre les portes de 24 écoles, dont les plus cotées. Mais mieux vaut choisir : pour tenter les 24, il faut passer jusqu’à 17 épreuves, dont 4 contrôles de maths ou d’économie ! La BCE se déroule au printemps, dans 60 centres d’examens. 75 % des 10 000 candidats obtiennent une place.

Passerelle est le plus grand concours d’admission parallèle, avec 13 écoles. Sur 7 000 inscrits, 40 % sont admis. Attention : hormis pour les boursiers, ces concours sont payants, de quelques centaines d’euros à près de 2 000 euros pour toutes les épreuves de la BCE !

-

__________

400-commerce-Fiorina-Jean-FINTERVIEW

Jean-François Fiorina, directeur adjoint de Grenoble Ecole de Management

Quel est le profil des étudiants choisis à Grenoble ?

Il y a une grande diversité des parcours. Les élèves de prépas sont majoritaires en première année de notre Cursus Grandes écoles. Mais avec les admissions parallèles comme Passerelle, les élèves issus d’autres cursus sont majoritaires parmi nos diplômés. Nous recrutons aussi des bacheliers de profils divers pour notre Bachelor.

 

Prépa, DUT, Bachelor… Comment élaborer une stratégie face à toutes ces options ?

Il n’y a pas une stratégie meilleure que l’autre. Pour intégrer les écoles les mieux classées, les prépas offrent un maximum de chances. Cela demande beaucoup de travail, mais le jeu en vaut la chandelle. Certains ne sont pas faits pour cela, n’en ont pas envie. On peut préférer obtenir un premier diplôme bac+2, du type DUT, et décider ensuite de tenter les admissions parallèles. Et le Bachelor permet d’être tout de suite dans le concret, un parcours professionnalisant. Chacun doit trouver l’approche qui lui correspond.

 

Difficile de choisir dès la terminale !

Il ne faut pas se focaliser sur un seul choix. Rien n’empêche un élève de postuler partout : IUT, prépa, de passer les concours des Bachelor… Il pourra ensuite choisir en fonction des résultats. Ne rien s’interdire, c’est augmenter ses chances.

 

Mot-clé:

Pas de commentaires pour le moment.

Donnez votre avis