EDUCATION

Sécurité routière : l’école au coeur de la prévention

HD-398---route-2-AFPAPER, ASSR1 et ASSR2. Au cours de sa scolarité, chaque élève sera amené à passer trois attestations à la sécurité routière. Chacune d’entre elles joue un rôle important dans la lutte contre les dangers sur la route.

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Chaque semaine, une trentaine de jeunes de 15 à 24 ans trouvent la mort sur les routes de France. A l’origine de près de la moitié des décès, la route est la première cause de mortalité chez les garçons de 15 à 19 ans. Ces chiffres impressionnants font d’autant plus froid dans le dos que la mortalité liée aux accidents de la route a tendance à baisser depuis plusieurs années sur l’ensemble de la population. A la recherche de nouvelles expériences et peu conscients des dangers qu’ils prennent, les jeunes ont toujours tendance à se mettre plus en danger sur la route que le reste de la population.

L’Etat, mais aussi les associations agréées, au premier rang desquelles la Prévention routière, agissent au jour le jour pour réduire ces chiffres. Des actions de sensibilisation aux dangers de la route et des campagnes de prévention ciblant spécifiquement les jeunes sont organisées tout au long de l’année. Mais la prise de conscience passe aussi par un travail de fond qui débute dès le plus jeune âge et dans lequel l’Education nationale joue un rôle central. Si cette implication des enseignants remonte à loin (elle date d’une loi de 1957), elle s’est renforcée dans les années 1970, au moment où la mortalité routière a atteint son plus haut niveau. Elle n’a, depuis, jamais été remise en question.

 

HD-398---route-AFPL’APER en primaire

L’éducation à la sécurité routière débute aujourd’hui dès l’école primaire. De la maternelle au CM2, chaque élève doit suivre un parcours pédagogique complet au cours duquel il doit notamment apprendre à marcher sur un trottoir seul ou accompagné, à traverser la route sur un passage piéton, à identifier les dangers potentiels quand il roule à vélo ou en trottinette ou encore à bien se tenir quand il est passager d’une voiture ou d’un car. Il doit en outre acquérir les premiers gestes de premiers secours. A chaque fin de cycle, l’enseignant doit évaluer les compétences acquises par ses élèves. Délivrée aux élèves de cycle 3 (CM1-CM2-6e) – « sans nécessairement attendre la dernière année du cycle » –, l’Attestation de première éducation à la route (APER) est intégrée au livret scolaire et figure dans le livret personnel de compétences.

Pour faire acquérir ces compétences, les enseignants peuvent s’appuyer sur les manuels mis à leur disposition ou piocher parmi les séances que s’échangent les professeurs sur les forums spécialisés. Ils peuvent aussi se rendre sur des sites Internet tel Ecoledelaroute.fr, fruit d’une collaboration entre l’association Maif Prévention et l’éditeur d’outils pédagogiques Rue des écoles, ou bien emprunter du matériel à l’antenne départementale du réseau Canopé. Ils peuvent enfin et surtout faire appel au correspondant sécurité dont ils dépendent. Ce référent, présent dans chaque académie ou chaque département, est là pour les aider à monter des actions dans leur classe et les mettre en relation avec les partenaires susceptibles d’intervenir sur la sécurité routière.

 

Faire passer les messages

A l’école élémentaire Louis-Pradel de Chassieu, par exemple, les enseignants ont fait appel à la police municipale. A plusieurs reprises, des agents sont intervenus dans l’école auprès des élèves de CM1 et de CM2. Après avoir passé plusieurs séances à leur faire découvrir les principaux panneaux routiers et à leur apprendre les règles de sécurité, ils ont organisé dans la cour de l’école des ateliers vélo au cours desquels les élèves ont appris à freiner, à s’arrêter aux stops, à éviter les obstacles, etc. Les enseignants peuvent aussi, selon les cas, se tourner vers la police nationale, vers la gendarmerie, le service Prévention de la ville ou du Conseil départemental ou bien vers une association agréée.

Ateliers pratiques, mais aussi quizz, visites d’expositions ou diffusions de vidéos, tous les moyens sont bons pour faire passer les messages. Les enseignants les plus motivés peuvent aussi faire passer à leurs élèves le permis piéton ou le permis cycliste. Si ces dispositifs, proposés par l’association Maif Prévention avec le soutien de l’Éducation nationale, de la Sécurité routière, de l’ADEME, de la Police et de la Gendarmerie nationale, n’ont pas de caractère officiel, ils ont l’intérêt de permettre aux enseignants d’aborder l’éducation à la sécurité routière de manière plus ludique et de s’appuyer sur des progressions bien construites qui ont fait leurs preuves.

 

L’ASSR au collège

Dans le secondaire, chaque collégien doit décrocher l’Attestation scolaire de sécurité routière (ASSR). Celle-ci se divise en deux parties. Les élèves de cinquième ou atteignant l’âge de 14 ans au cours de l’année civile doivent passer l’ASSR1. Chaque établissement organise l’examen au cours duquel l’élève doit répondre à des questions à choix multiples après avoir visionné 20 séquences vidéo. Les situations abordées portent aussi bien sur le comportement des piétons que sur les équipements et les règles de sécurité à respecter par les cyclistes, sur l’utilisation de rollers et de skates, ainsi que sur les principaux panneaux. Le candidat doit obtenir une note d’au moins 10/20 pour décrocher l’ASSR1. Des séances de rattrapage sont toutefois prévues.

Cette attestation est à conserver précieusement car elle sera demandée à tous ceux qui souhaitent obtenir le permis AM (ex-BSR), indispensable pour conduire un scooter (lire encadré). Elle est également indispensable pour obtenir l’ASSR2, passée par tous les élèves de 3e ou atteignant l’âge de 16 ans au cours de l’année civile. L’épreuve est similaire à celle de l’ASSR1, même si elle met plus l’accent sur les règles de sécurité à respecter par les conducteurs de scooter, sur les vitesses maximales autorisées, sur les distances de freinage, sur les effets de l’alcool et de la drogue au volant ou encore sur les sanctions en cas d’infraction au code de la route. Ce document aussi doit être conservé car il sera demandé par l’auto-école au moment de s’inscrire à la préparation du permis de conduire, que ce soit en conduite accompagnée ou non.

 

HD-398---route-3-AFPDes actions trop rares

Pour mieux faire passer des messages de prévention, les établissements peuvent organiser des débats sur la sécurité, diffuser des films sur la sécurité routière ou, mieux encore, faire témoigner devant les élèves des victimes ou des auteurs d’accident de la route. Ils peuvent aussi organiser des ateliers sur les angles morts, mener des débats sur le thème « Est-ce que ça n’arrive qu’aux autres ? », faire venir au sein de l’établissement une voiture-tonneau reproduisant les effets d’un accident ou bien utiliser un simulateur de deux-roues pour faire acquérir les bons réflexes aux cyclomotoristes. Aussi efficaces soient-elle, ces actions de sensibilisation restent néanmoins trop rares. Trop souvent en effet les enseignants se contentent de demander à leurs élèves de s’entraîner chacun de leur côté aux épreuves de l’ASSR en se rendant sur un site Internet. La sécurité des jeunes mérite pourtant mieux.

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ZOOM

7 heures de pratique pour décrocher le permis scooter

Pour conduire seul un scooter, un quad, une voiturette ou tout autre véhicule ne dépassant pas les 50 cm3 (4kW pour les modèles électriques) et les 45 km/h, il faut non seulement avoir au moins 14 ans, mais aussi décrocher le Brevet de sécurité routière (BSR) qui valide la catégorie AM du permis de conduire. Pour cela, le candidat doit suivre une formation de 7 heures dans une auto-école ou une association agréée par le préfet. L’ASSR1, qui valide les connaissances théoriques, doit obligatoirement être présentée au moment de l’inscription. Attention : depuis 2013, le BSR a une validité de 15 ans.
Plus d’infos ICI.

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398-route-Jerome-DamblantPOINT DE VUE

Jérôme Damblant, IA IPR Histoire-Géographie, correspondant académique sécurité routière de l’académie d’Amiens

« Bien qu’elle fasse partie des missions de l’école, l’éducation à la sécurité routière est abordée de manière très disparate selon les établissements. Certains enseignants se contentent de faire passer l’ASSR. D’autres font l’effort de faire venir la voiture-tonneau, mais ne mènent pas toujours le travail en amont et en aval indispensable pour que l’animation ait un effet concret sur le comportement des jeunes. En fait, la prévention liée aux risques routiers est surtout efficace quand elle s’inscrit au cœur des apprentissages. Nous formons les référents sécurité routière présents dans chaque établissement pour qu’ils incitent les enseignants à parler de sécurité routière pendant leurs cours. Le professeur de mathématiques peut proposer un exercice de calcul sur les distances de freinage et terminer son cours en précisant qu’un accident à 50 km/h équivaut à une chute de 3 étages. Son collègue de SVT peut dire un mot sur les effets de l’alcool sur la route quand il évoque les addictions. L’enseignement moral et civique est l’endroit idéal pour parler des incivilités routières. Le message passe mieux quand il vient d’un professeur, mais nous avons beaucoup de travail à faire pour faire prendre conscience aux enseignants qu’ils ont, chacun à leur niveau, un rôle important à jouer dans l’éducation à la sécurité routière. »

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ETAT DES LIEUX

Encore trop de jeunes victimes !

Après avoir connu une hausse pendant presque un an, le nombre de victimes d’accidents de la route a enfin repris sa tendance à la baisse. Selon le dernier baromètre de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, la mortalité routière au mois de septembre est 13,5 % plus faible qu’au mois de septembre 2016, soit 45 personnes tuées en moins.

Le nombre d’accidents aussi a baissé (147 de moins, soit une baisse de 2,8 %), tout comme le nombre total de victimes (blessés et tués), qui est en recul de 3,1 %. Si les victimes de plus de 65 ans ont vu leur nombre baissé franchement, les jeunes, eux, ne profitent pas de cette tendance. 597 des 3.473 morts sur les routes de France ces 12 derniers mois étaient âgés de 18 à 24 ans, soit à peu de choses près le même nombre que l’année précédente. Si l’on regarde sur le plus long terme, la tendance est toutefois plus encourageante. Depuis 2010, la mortalité des 18-24 ans a baissé de 29 %, soit 237 vies sauvées chaque année. Des chiffres encourageants, mais qui restent toujours trop élevés.

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POUR EN SAVOIR PLUS

… sur l’attestation de première éducation à la route dans les écoles maternelles et élémentaires, vous pouvez vous reporter à la circulaire n° 2016-153 du 12 octobre 2016.

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