MAGAZINE

Le service civique passe à la vitesse supérieure !

HD-390---service-civique-1-Depuis sa création en 2010, le service civique a permis à quelque 120 000 jeunes de vivre une expérience au service des autres. Le dispositif est amené à prendre encore de l’ampleur.

-

C’est l’une des conséquences des attentats de Paris du 13 novembre 2016 et de la montée du chômage. Le 31 décembre dernier, à l’occasion de ses vœux aux Français, François Hollande a fait part de sa volonté d’étendre le service civique. Le chef de l’Etat souhaite que d’ici 3 ans, 350.000 jeunes s’engagent chaque année dans des actions au service des autres. « Il n’y a pas de Nation sans la participation des citoyens, sans leur engagement, a-t-il précisé lors de ses vœux. S’engager, c’est être utile deux fois, pour soi et pour les autres ».

Cette nouvelle forme d’engagement est un dispositif essentiel pour recréer du lien social et renforcer la mixité sociale. C’est aussi une opportunité à saisir pour certains jeunes. Dans le cadre de son service civique au Secours catholique de la Loire (42), Antoine a participé à des tris de vêtements. « Arrivé à une période charnière de mon orientation, je me suis dit que le volontariat me permettrait d’acquérir une expérience humaine et associative non négligeable et de grandir intellectuellement, de connaître le monde professionnel et le travail en équipe. Cette expérience m’a redonné confiance en moi », admet-il. Marine, elle, a été chargée par l’association Unis-cité de sensibiliser les familles de quartiers difficiles aux gestes écologiques. « Ce n’était pas évident parce que les éco-gestes étaient loin d’être la priorité de ces familles. Pour autant, ce service civique m’a convaincue de l’importance des questions environnementales et m’a donné envie de me diriger vers le développement local ».

 

Un service « universel » depuis 2015

Depuis sa création en mai 2010, 120 000 jeunes ont effectué un service civique. Un quart d’entre eux ont participé à une action de solidarité, 19 % ont œuvré dans le domaine de l’éducation et 18 % dans celui de la culture et des loisirs. Les autres ont effectué des missions en lien avec l’environnement, la citoyenneté ou le sport.

L’année dernière, le dispositif a été étendu. Le 1er juin 2015, le service civique est devenu « universel », permettant ainsi à chaque jeune qui le souhaite de se voir proposer un contrat. Pour répondre à la demande, plusieurs mesures ont été prises, notamment dans les domaines de l’enseignement agricole (lire encadré ci-dessous), de la santé, du sport…

Maxime est l’un des premiers à avoir profité de cette extension. Depuis le mois de septembre, ce jeune homme de 22 ans effectue son service civique dans le club de handball de sa ville. Un club qu’il connaît bien puisqu’il y entraînait bénévolement une équipe de jeunes depuis deux ans. « Le service civique me permet de continuer à faire ce que j’aime tout en recevant une petite indemnité », reconnaît-il. Le club aussi y voit son intérêt puisqu’il s’assure de garder son entraîneur au moins jusqu’à la fin de la saison et qu’il peut même lui confier quelques missions supplémentaires. Tout cela sans débourser un centime puisque les frais sont pris en charge par l’Etat et par la fédération de handball.

 

HD-390---service-civique-2350.000 services civiques d’ici 3 ans

Les clubs de sport comme les autres associations sont de plus en plus nombreux à déposer des annonces sur le site de l’agence du service civique (Service-civique.gouv.fr) pour trouver la perle rare. L’association Zup de co, par exemple, recherche plusieurs jeunes susceptibles d’intervenir dans des collèges de l’éducation prioritaire d’Ile-de-France. Le club de basket-ball gransois, installé dans les Bouches-du-Rhône (13), cherche à embaucher un jeune en service civique pour organiser des rencontres intergénérationnelles. La ligue de l’enseignement du Calvados (14), elle, s’est tournée vers ce dispositif pour renforcer son action en faveur de la promotion de la lecture auprès des enfants de la ville de Caen.

 

Un service qui restera facultatif

Si les offres se multiplient, elles ne sont pas encore suffisantes pour répondre à l’ambition de François Hollande de généraliser le service civique. Le chef de l’Etat souhaite en effet que, d’ici 3 ans, 350.000 jeunes effectuent chaque année un service civique. A terme, la totalité d’une classe d’âge, soit quelque 700.000 jeunes, pourraient même être concernés. Pour atteindre cet objectif, il est question de raccourcir les missions (autour de 2 ou 3 mois au lieu de 9 mois en moyenne actuellement) et l’agence du service civique pourrait être transformée en un haut-commissariat à l’engagement. Chaque jeune pourrait par ailleurs, dès l’âge de 16 ans, se voir remettre un « carnet d’engagement » dans lequel seraient consignées toutes les actions qu’il aura menées au service de la collectivité.

Le service civique ne devrait toutefois pas devenir obligatoire comme cela avait un temps été envisagé. Une chose est sûre : ce passage à la vitesse supérieure coûtera cher. Si un budget de 391 millions est prévu pour 2016, la généralisation du service civique pourrait coûter plus d’un milliard d’euros à l’Etat chaque année. Le prix de la solidarité.

-

__________

ZOOM

Aucune expérience exigée

QUI ? Le service civique est ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour les personnes en situation de handicap), de nationalité française, ressortissants d’un pays de l’espace économique européen (EEE) ou titulaires d’un titre de séjour. Aucune compétence particulière n’est exigée ni aucun diplôme. Pas besoin non plus d’avoir déjà travaillé ou été bénévole. La motivation est le principal critère.

Où ET QUAND ? Chaque mission dure entre 6 et 12 mois sans interruption, avec un minimum de 24 heures hebdomadaires. 80 % d’entre elles se déroulent au sein d’une association. Les autres ont lieu au sein de collectivités locales ou d’établissements publics (les entreprises privées et les organismes à caractère religieux ou politique n’ont pas le droit d’accueillir de service civique).

COMBIEN ? Le jeune perçoit une indemnité mensuelle de 467,34 euros nets versée par l’Etat à laquelle s’ajoutent 106,31 euros versés par l’organisme au titre des frais divers. Les bénéficiaires du revenu de solidarité active peuvent se voir attribuer une bourse supplémentaire de 106,38 euros par mois.

-

Le cas particulier de l’enseignement agricole

Les établissements d’enseignement dépendant du ministère de l’agriculture peuvent eux aussi accueillir des jeunes en service civique pour aider les équipes en place à monter des projets culturels ou sportifs, mener à bien des actions de prévention, renforcer l’information des élèves sur leur orientation, organiser des activités pour les internes, etc.

La convention signée entre l’établissement et le ministère comporte toutefois quelques particularités. Les candidats doivent avoir au moins 18 ans. Les missions, elles, durent en moyenne 8 mois, d’octobre à juin, à raison de 30 heures hebdomadaires. Pour l’instant, seuls les établissements publics d’enseignement sont susceptibles d’accueillir des services civiques, mais une réflexion est en cours pour que les établissements de l’enseignement supérieur et les établissements privés puissent eux aussi y avoir recours. Des missions à l’international pourraient même être prévues.

Les candidats peuvent transmettre leur CV et une lettre de motivation à l’établissement (liste des postes disponibles sur Service-civique.gouv.fr).

Mot-clé:

Pas de commentaires pour le moment.

Donnez votre avis