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Eduquer les enfants au respect de l’environnement

HD-387---environnem-sacPour préserver la planète, chacun est en mesure d’agir à son propre niveau. Et cela commence par notre comportement au quotidien au sein même de notre famille. Pour les parents, la mission est double : montrer l’exemple et transmettre les bons gestes.

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« Ferme le robinet quand tu te laves les dents, pense à éteindre la lumière en sortant d’une pièce… » Nombreux sont les enfants à entendre ou avoir entendu ces injonctions parentales. Sans réellement en connaître la justification environnementale, il s’agissait surtout de faire prendre conscience des conséquences financières de ce gaspillage sur les charges de la maison.

Aujourd’hui, la donne environnementale a changé et la planète est plus que jamais menacée par la persistance de comportements quotidiens pourvoyeurs de dépenses énergétiques et de déchets. Aussi le rapport à l’environnement se doit d’être intégré dans la mission éducative des parents. Car c’est bien au sein de la famille et dans la vie de tous les jours que se joue l’acquisition des bons réflexes.

S’il est évident que le temps manque cruellement pour une « conférence environnementale » entre les déposes à l’école, les séances de devoirs, l’entretien de la maison et les journées harassantes, c’est avant tout par l’exemple que les parents donneront du sens à ces valeurs vertes. Et pour éviter le discours qui sonnerait faux, rien de tel que des actions concrètes. Correctement trier les déchets, acheter des légumes de saison, cuisiner maison, connaître la provenance de ce que l’on mange, réparer avant de jeter, fonctionner avec des sacs de course réutilisables, baisser le chauffage à la bonne température, repenser son utilisation systématique de la voiture, ressortir son vélo, composter ses déchets, privilégier la douche rapide… Autant de principes de vie simples qui, appris et vécus dès le plus jeune âge, deviendront plus tard des évidences.

 

Une seule initiative peut tout changer

Si l’école a bien évidemment un rôle de sensibilisation à jouer également, Roland Gérard, co-directeur du réseau école et nature, déplore que les classes environnement de plusieurs semaines aient pratiquement disparu au profit de séjours trop courts de 3-4 jours. « Il y a 30 ans, il y avait une vraie culture de la sortie scolaire et de la classe environnement plus qu’aujourd’hui. Or, si un gamin apprend à aimer la nature, cela aura une influence très importante dans le futur. C’est à la population de s’emparer de ces questions pour les enfants. » Pour lui, la clé de la réussite est dans « le multipartenariat dans les territoires entre les responsables de collectivité, les animateurs, les associations, les enseignants et bien sûr les parents d’élèves pour que se crée une stratégie d’éducation à l’environnement. » Il en veut pour preuve, les cantines bio et nombre de leurs mises en route grâce à des parents motivés, désireux d’une nourriture de qualité pour leurs enfants. « Un parent d’élève peut suffire pour entraîner le groupe ! », insiste Roland Gérard.

Ainsi, la multiplication de cantines prônant des produits issus de l’agriculture biologique et locaux peut générer un mouvement vertueux en minimisant l’usage des pesticides sur tout un territoire.

 

Programmer une sortie en pleine nature

Mais pour être sensibilisé à ces thématiques environnementales, encore faut-il aller sur le terrain, au contact de la nature. Pour cela, inutile d’attendre une initiative scolaire, les parents peuvent prévoir, par exemple, une sortie en pleine nature non loin d’un milieu urbain ou partir à la découverte de leur environnement proche, pour ceux qui disposent d’un jardin. Avec les enfants, on pourra s’intéresser au rôle précieux des insectes, découvrir l’immense variété du monde végétal, et plus concrètement, pourquoi ne pas se lancer dans un système de récupération d’eau de pluie ou encore fabriquer un hôtel à insectes…

 

HD-387---environn-mainsDe nouveaux éco-gestes

Et même quand les enfants sont déjà habitués à vivre en harmonie avec les préoccupations environnementales certains parents trouvent encore des marges de progression. C’est le cas d’Hervé et Mélanie dont l’habitation est déjà maison témoin pour le tri sélectif et le compostage de déchets ménagers. Ils ont décidé de relever le défi des familles à énergie positive (lire en encadré page 33) de leur communauté de communes avec leurs deux filles (Ilona 17 ans et Evane, 13 ans). Au final, de nouveaux éco-gestes à intégrer pour ces deux adolescentes, à savoir la douche rapide et, le plus dur, les câbles de téléphone portable à débrancher une fois l’appareil rechargé !

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ZOOM

Faire classe… dehors !

L’éducation à l’environnement peut démarrer très tôt ! Crystèle Ferjou, enseignante à l’école Louis Canis de Pompaire dans les Deux-Sèvres, pratique la classe dehors tous les jeudis matins de 9 h à 12 h avec ses tout-petits, de petite et moyenne sections, depuis 5 ans. Les 3-5 ans vont ainsi toute l’année et par tous les temps sur un terrain communal, une grande prairie entourée d’arbres avec une mare. Là-bas, activité jardinage et observation de la nature, mais aussi un coin « terre » pour creuser et des gros troncs d’arbres pour grimper et développer son imaginaire. L’important, pour Crystèle Ferjou, est avant tout de développer une approche sensorielle qui leur permet de commencer à s’engager dans la démarche éco-école de leur établissement. Se familiariser avec les petites bêtes précieuses du jardin, ne pas gâcher l’eau et même utiliser les toilettes sèches présentes sur le site… Autant d’éco-gestes qui développent la conscience environnementale de cette nouvelle petite élite verte !

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INTERVIEW

Clément Bresciani, conseiller info-énergie en Haute-Normandie

En quoi consiste le défi des « Familles à énergie positive »* ?

C’est un concours engageant des équipes, composées de familles, mais aussi de voisins, de salariés d’une entreprise, ou de parents d’élèves. Leur objectif ? Economiser au moins 8 % d’énergie par rapport à l’hiver précédent (facture à l’appui) grâce à du bon sens et des éco-gestes simples.

 

Combien de familles ont participé cette année en France ?

En 2015, ce sont 8 000 familles inscrites dans 120 territoires, soit plus de 25 000 personnes qui ont relevé le défi. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter chaque année ! C’est un bon moyen de sensibiliser toute la famille à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre en réalisant d’intéressantes économies d’énergie, 200 euros par an en moyenne par famille.

 

Quelle est la tranche d’âge où les enfants se prennent le plus au jeu ?

Avec les 6-12 ans cela marche pas mal. Plus petits, c’est un peu compliqué et plus grands, ils ont du mal à s’impliquer car c’est l’adolescence. Alors rien de tel que de jouer sur les aspects consoles de jeux vidéo, par exemple, en instaurant une durée de consommation à respecter sur la semaine. Cela favorise leur responsabilisation tout en permettant des économies d’énergie.

 

Relever un défi en famille rapproche-t-il ses membres ?

Cela crée des liens lors des rencontres entre les familles participantes mais aussi entre les membres d’une même famille à l’occasion des jeux qui y sont organisés. On note aussi que cela crée de la discussion sur les thématiques environnementales.

 

* Issu d’un projet européen « Energy Neighbourhoods », mené dans 17 pays, le défi des « Familles à énergie positive » est conçu et coordonné par l’ONG Prioriterre.

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