VIE DE LA PEEP

93e congrès de la PEEP

Discours-VMLe 93e congrès national bisannuel, qui avait pour thème « L’Ecole au cœur du numérique », a été organisé cette année par l’Union académique de Lille, du 14 au 16 mai. La ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, était présente à l’ouverture du congrès,le  jeudi 14 mai.

 

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NVB1Après le discours de Valérie Marty, présidente de la PEEP, où elle a abordé, outre le thème du numérique : les rythmes scolaires, la réforme du collège, la laïcité et le « vivre ensemble », les affaires de pédophilie au sein de l’éducation nationale et surtout le statut de représentant de parents d’élèves, la ministre s’est longuement exprimée dans un discours fleuve de plus d’une heure, bien accueilli par les congressistes, défendant notamment sa réforme du collège, fortement controversée par ailleurs.

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Discours d’ouverture de la présidente, Valérie Marty

 

Madame la ministre,

Madame la vice-présidente du conseil régional,

Madame la vice-présidente du conseil départemental,

Madame la maire adjointe,

Monsieur le recteur,

Monsieur le directeur académique,

 

Mesdames, Messieurs les représentants syndicaux,

Madame la présidente, Monsieur le président de l’Union Académique du Nord,

Mesdames, Messieurs les présidents,

Chers parents,

 

C’est avec un réel et sincère plaisir, Madame la ministre, que nous vous accueillons à Lille, cette belle et dynamique métropole du Nord de la France, pour notre 93ème congrès, temps fort de la vie de notre mouvement, qui réunit responsables d’association et simples parents d’élèves.

Cette année fut encore riche et dense en actualité éducative. Je pense que vous ne me contredirez pas là-dessus, Mme la ministre ! En effet, pas une semaine depuis votre prise de fonctions sans événement marquant ou annonce importante dans le domaine éducatif : la refonte des rythmes scolaires, les événements tragiques de janvier 2015 et leurs répercussions sur l’Ecole, les affaires de pédophilie au sein de l’éducation nationale, la réforme du collège… La liste est longue.

 

Le thème de notre 93ème congrès, « l’Ecole au cœur du numérique », est moins polémique mais tout aussi important car l’Ecole de demain devra absolument intégrer la révolution numérique, c’est une évidence sur laquelle tout le monde s’accorde. L’intégration des nouvelles technologies dans les apprentissages, mais aussi dans la relation de l’Ecole avec son environnement, est un véritable changement de paradigme pour cette institution.

 

L’annonce, il y a quelques jours, par le président de la République d’un ambitieux plan « e-education » d’un milliard d’euros, nous conforte dans le choix de cette thématique, plus que jamais cruciale.

 

La prise de conscience par les politiques et les responsables de l’éducation nationale du retard de l’Ecole française en la matière, va permettre peut-être de bousculer les pratiques et faire entrer les nouvelles technologies de manière massive à l’Ecole. Il est vrai que la loi de refondation de l’Ecole du 8 juillet 2013 fait une large place au numérique.

 

L’enseignement de la programmation informatique à l’Ecole, l’initiation des jeunes dès le primaire, puis au collège et au lycée, pour mieux s’intégrer dans le monde professionnel de demain, la formation spécifique et indispensable des enseignants (Capes, agrégation…) : tous ces aspects seront certainement abordés au cours de la table ronde qui se déroulera cet après-midi.

 

La question des rythmes scolaires ou plus précisément celle de l’aménagement du temps scolaire demeure un sujet de controverse dans les écoles primaires de toutes les régions de France et une préoccupation des parents.

 

L’année scolaire s’achève et les premiers bilans pourront être réalisés au sein des écoles. L’évaluation des différentes organisations mises en place devra être réalisée avec les représentants de parents avec lucidité et courage. Il ne sera nullement question de faire de l’autosatisfaction, comme cela a pu être le cas, dans la mise en place des nouvelles organisations.

 

Le dialogue avec les familles, les enseignants, les animateurs, sera primordial pour réussir cet exercice. Il faudra que chacun sorte de sa posture pour travailler avec l’autre… Les communes vont devoir apprendre à travailler avec les parents.

 

Mais nous pouvons déjà faire le constat que l’école maternelle est en difficulté avec ce nouvel aménagement du temps scolaire. Les élèves de maternelle peinent à s’adapter à ces nouveaux rythmes, fatigués, souvent désorientés avec la multiplication des adultes les encadrant. Pour la PEEP, les écoles maternelles doivent être exclues de cet aménagement.

 

En cette fin d’année scolaire, le projet de réforme du collège agite la sphère publique française. Le collège est depuis plusieurs années le lieu où les élèves, en pleine croissance, s’essoufflent pour certains, s’ennuient pour d’autres et pour quelques-uns décrochent tout bonnement.

 

Depuis la réforme Haby, nombre de rapports ont été produits sur le sujet. Les constats sont largement partagés par la communauté éducative mais, encore une fois, pas les orientations, ni les solutions…

En 1978, le successeur de René Haby, Christian Beullac le déclarait publiquement « le collège unique ce n’est pas le collège uniforme ; c’est le lieu où doit se réaliser l’égalité des chances, et où pour cela la personnalité de chaque élève doit être prise en compte par une pédagogie adaptée et différenciée. »

 

Nous pourrions simplement considérer que deux camps ou deux visions de l’Ecole s’affrontent au sujet de cette réforme : les réformateurs d’une part et les conservateurs de l’autre. Certains pensent que les champs disciplinaires et les savoirs fondamentaux doivent être au cœur de l’organisation du collège alors que d’autres pensent au contraire que des champs transdisciplinaires et les compétences doivent structurer l’enseignement des élèves. D’aucuns estiment que l’équité est d’offrir la même chose à tous ; alors que d’autres défendent l’idée de prendre en compte les différences des élèves. Faut-il individualiser, ou uniformiser ? Nous ne pouvons nous installer dans une posture aussi simpliste !

 

Sur cette question, il nous faut sortir des débats partisans,

Ne pas prendre l’Ecole en otage,

Construire ensemble dans le seul intérêt des élèves.

Restons optimistes et constructifs, car tous s’accordent sur la nécessité de faire réussir tous les élèves !

 

La PEEP accueille favorablement l’introduction d’enseignements interdisciplinaires qui pourraient donner du sens aux apprentissages, les rendant plus concrets. Ces enseignements devraient modifier la manière d’aborder des sujets et faire travailler de manière collective les élèves. Ces Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) nous rappellent les « itinéraires de découvertes » qui se sont beaucoup éloignés de leurs objectifs initiaux au fil des années. Qu’en sera-t-il de ces EPI ? Comment ces enseignements seront-ils coordonnés au sein des établissements ?

 

Cette réforme souhaite mettre l’accent sur l’apprentissage des langues vivantes en introduisant l’enseignement de la LV2 dès la classe de cinquième. C’est une évolution logique dans un environnement plus ouvert sur le monde. Mais avancer l’âge de l’apprentissage n’est pas une garantie d’un meilleur niveau de la maîtrise d’une à deux langues vivantes par les élèves à la fin de leur parcours.

 

Les options latin et grec ne sont pas comme certains voudraient les caricaturer : des « viviers de bons élèves ». Les établissements ne pratiquent pas de ségrégation, ils organisent les classes en préservant un certain équilibre entre les différents niveaux.

 

Et heureusement que l’école française a de bons élèves… de grâce, n’opposons pas les familles de milieu favorisé à celles de milieu plus difficile, les bons élèves à ceux qui sont plus en difficulté, les élèves des centres-villes à ceux des milieux ruraux…Tous doivent pouvoir réussir, car c’est un collège pour tous que nous voulons !

 

Après les attentats de janvier 2015 qui ont ébranlé toute la Nation et leurs répercussions au sein des établissements, la PEEP a participé, avec toute la communauté éducative, à la « Grande mobilisation de l’Ecole pour les valeurs de la République ». L’Ecole doit s’emparer des vrais problèmes liés à la laïcité et aux difficultés du « vivre ensemble » au sein des établissements scolaires. A la PEEP, nous demandons que les parents d’élèves soient absolument associés aux discussions sur ces questions. Ils doivent être informés, avoir des moments de partage sur la laïcité – qui n’a pas la même signification pour tous ; des événements récents l’ont encore montré – et l’enseignement moral et civique. Il faut que l’Ecole soit plus lisible pour eux.

 

Les Comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) doivent être animés dans tous les établissements scolaires. Ils sont les piliers de ces questions et les représentants de parents y trouvent toute leur place.

Les écoles primaires doivent pouvoir elles aussi avoir de tels comités. La communauté éducative doit pouvoir s’emparer de ces questions à tous les niveaux de la scolarité.

La PEEP a fait la proposition de créer au niveau départemental un comité de parents d’élèves missionné sur toutes les questions de relations famille-Ecole, citoyenneté, climat scolaire, etc. Ce comité serait chargé également de l’animation du lien parent et institution scolaire.

Que les parents deviennent acteurs !

 

Le drame de Villefontaine, autre événement terrible, nous a également tous bouleversés. Et a fait écho, pour certains de nos responsables, à d’autres situations dramatiques de ce type qu’ils ont vécues en tant que responsables associatifs… quand on peine à apporter toutes les réponses aux familles, à apaiser leur colère, lorsque que l’on partage la douleur avec les autres parents !

Madame la ministre, vous êtes intervenue à la suite de ce drame et les parents ont apprécié la rapidité avec laquelle vous avez diligenté une enquête administrative.

La PEEP a pris acte des annonces visant à inscrire dans la Loi l’obligation de transmettre les informations relatives aux condamnations des agents exerçant une activité en contact avec des mineurs.

La disposition d’éloigner des enfants les personnels de l’éducation nationale ayant eu une condamnation est nécessaire. Elle doit être étendue, bien sûr, à tous les personnels travaillant au contact des enfants : les animateurs, les surveillants des collèges et lycées, les agents techniques…

Des employeurs différents tels que les collectivités territoriales devront eux aussi prendre des mesures strictes vis à vis de leur personnel…

La tâche sera complexe, mais indispensable, afin de protéger nos enfants.

En outre, il est essentiel de sensibiliser tous les chefs d’établissement, directeurs d’école, enseignants, à l’impérative exemplarité des comportements des adultes. Il ne doit pas y avoir de tolérance pour des comportements, même « limites ». Les élèves doivent pouvoir étudier dans un climat scolaire serein et se sentir protégés et guidés par les adultes qui les entourent.

 

La PEEP fortement impliquée dans toutes les questions de prévention et de lutte contre les violences scolaires, travaille étroitement avec la délégation d’Eric Debarbieux. Nos équipes sur le terrain engagées sur le sujet de la lutte contre le harcèlement, observent déjà des changements d’attitude. Le sujet n’est plus tabou, la prise de conscience est réelle. Les chefs d’établissement du second degré se sont engagés et interviennent auprès des familles.

 

Enfin, je terminerai avec le sujet qui nous tient à cœur…

 

Cette année sera très certainement celle des parents d’élèves, et je porte ce vœu…

Madame la ministre, vous avez très rapidement mis en exergue dans vos priorités l’importance de la place des parents d’élèves et de leurs représentants au sein de l’Ecole. Et nous y sommes très sensibles à la PEEP, car à l’origine du mouvement de parents d’élèves en France, nous sommes déjà convaincus de cette valeur fondamentale : « Créé par des parents pour des parents ».

Depuis 1926, nous portons en nous ces valeurs.

Ce n’est qu’en 1968 que nous obtenions l’organisation des premières élections de parents d’élèves au conseil d’administration des collèges et lycées.

Presque 10 ans plus tard, celle des élections au sein des écoles primaires et ainsi une place pour les parents.

Il nous a fallu 36 ans pour que les parents soient représentés à tous les niveaux de l’éducation nationale !

Nous avons le gène de la persévérance inscrit dans notre génome, à la PEEP…

Ainsi, nous avons continué inlassablement à avancer nos idées et à défendre le statut de représentant de parents d’élèves. Vous avez mandaté les inspections générales de l’éducation et du travail afin qu’elles fassent des propositions.

Rien ne sera facile, nous le savons, nous avons déjà perçu les résistances et mesuré les difficultés.

Le Medef, lors de discussions informelles, nous faisant part de leur réticence, de leur manque d’intérêt pour cette question.

Non, ce n’est pas une question annexe !

Oui, cela est fondamental pour faire progresser l’Ecole, la réussite des écoliers et notre société !

Il faut permettre à tous les salariés, quel que soit leur métier, leur activité, de pouvoir s’investir en tant que représentant de parents d’élèves.

Il nous faut diversifier les compétences, les regards sur l’Ecole.

Il nous faut faire comprendre que cet investissement est une chance pour tous, même pour l’entreprise.

Car des salariés ayant des responsabilités associatives développent des compétences telles que celles de l’organisation, de l’efficacité, afin de pouvoir mener ces trois vies : professionnelle, associative et familiale… des qualités humaines aussi, telles que l’empathie et l’écoute…

Tournés vers les autres à la recherche de solutions, les responsables associatifs ont un esprit constructif.

 

Avoir un statut aura un coût, oui… qui sera très largement compensé par les bénéfices que la société en tirera !

  • Inciter et donner la possibilité à tous les parents de s’investir dans l’Ecole, de dépasser la posture individualiste pour celle du collectif,
  • Investir le débat public sur un sujet aussi crucial que l’avenir de nos jeunes,
  • Responsabiliser les citoyens.

 

Nous y sommes presque !

Madame la ministre, nous devons réussir ensemble à aller au bout de ce défi. Car développer ce statut de représentant de parents d’élèves ne pourra se faire sans donner les moyens aux représentants de parents d’élèves d’assumer leur mission.

 

La relation des parents avec l’Ecole et ses acteurs est le pilier de la réussite des élèves et d’une amélioration du climat scolaire.

Mieux connaître l’autre, c’est aussi le respecter, respecter son rôle. C’est restaurer les rôles, missions et responsabilité de chacun.

A chacun sa place ; celle des parents avec l’éducation : la transmission d’une certaine vision de la vie. Celle de l’école : la transmission des compétences et connaissances.

Il y a bien évidemment des domaines qui seront partagés entre l’école et les parents, comme les règles du « vivre ensemble ».

 

Au commencement de notre engagement est une promesse, celle de porter la voix des parents. Ainsi, avec persévérance et force, chacun de nous a contribué à écrire l’histoire de notre Fédération.

 

La PEEP œuvre pour faire avancer l’Ecole !

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