Travaux personnels encadrés : bien plus qu’un exposé
Pendant leur année de première, les lycéens doivent mener à bien un projet de plusieurs semaines qu’ils devront soutenir devant un jury. La note de ces Travaux personnels encadrés, ou TPE, compte pour les épreuves anticipées du baccalauréat.
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Ce ne sont pas vraiment des exposés, encore moins de simples devoirs à la maison. En fait, les Travaux personnels encadrés n’ont pas grand-chose à voir avec ce que les lycéens de première avaient pu connaître jusque-là. Et c’est d’ailleurs ce qui fait tout leur intérêt. Le TPE est avant tout un travail de réflexion. Mené par groupe de 2 à 4, sa préparation s’étale sur 18 semaines d’octobre à février. Pendant cette période, les élèves se retrouvent 2 heures chaque semaine sous la direction d’un ou plusieurs enseignants chargés de les conseiller et de les orienter. Les premières séances de l’année sont mises à profit pour choisir le sujet du TPE, avec deux impératifs : couvrir au moins deux disciplines scolaires, (le Français et l’Histoire, la Physique et les SVT, par exemple) et porter sur l’un des thèmes définis au niveau national. Pour l’année 2014-2015, trois thèmes communs à toutes les séries sont proposés : Individuel et collectif, Ethique et responsabilité, Santé et bien-être. S’y ajoutent des thèmes spécifiques, tels que Argent ou Consommation en série ES, Héros et personnages en série L, la mesure en S, etc.
Une fois le sujet cerné, la deuxième étape vise à définir une problématique, c’est-à-dire une question à laquelle le TPE va devoir répondre. Pourquoi l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne pose-t-elle problème ? Quelle est l’influence de la musique sur les êtres vivants ? Le clonage : progrès scientifique ou danger social ? La problématique doit nécessairement générer des avis divergents, porter à débat. Cette étape est essentielle, car de cette question de départ dépendra le résultat final et l’intérêt du TPE. Alors les élèves n’hésitent pas à y consacrer plusieurs séances et pour certains, c’est même un vrai casse-tête. « Au bout de plusieurs séances, nous nous sommes aperçus que nous ne trouvions pas assez d’informations sur le sujet parce que notre problématique était trop fermée. Alors nous avons décidé de complètement changer de sujet en cours de route », se souvient Camille, élève au lycée Victor Duruy de Mont-de-Marsan (40).
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La forme ne doit pas être négligée
Une fois la problématique validée par l’enseignant, débute le travail de documentation. Il est réalisé à partir des sources d’information habituelles (manuels scolaires, livres de la bibliothèque, journaux et bien sûr Internet), mais pour sortir du lot, les élèves doivent aller plus loin. Selon le sujet, ils seront peut-être amenés à visiter des musées ou des expositions, à rencontrer des spécialistes du sujet ou des témoins, à regarder des films ou des émissions de télé… Peut-être, pour répondre à leur problématique, jugeront-ils utile de rencontrer le responsable d’une association, de participer à une reconstitution historique ou de mener à bien une expérience scientifique. Toutes les idées sont bonnes à prendre du moment qu’elles font avancer la réflexion. « Un jour, nous nous sommes rendues à Bordeaux pour rencontrer le consul des Etats-Unis, se souvient Camille. Cet entretien a vraiment apporté quelque chose de plus à notre TPE ».
Après avoir mis en commun ces informations, après les avoir ordonnées et synthétisées, les lycéens consacrent les ultimes séances à la mise en forme de leur TPE. Sur ce point aussi, ils devront faire preuve d’inventivité s’ils veulent susciter l’intérêt des examinateurs. Plutôt qu’un banal dossier à spirales, pourquoi ne pas opter pour un format plus original ? Certains élèves choisissent de présenter les résultats de leurs recherches sous la forme d’un site Internet ou d’un diaporama. D’autres vont jusqu’à enregistrer un journal télévisé, à monter une exposition de photos ou une pièce de théâtre. Tous les supports sont envisageables du moment qu’ils mettent en valeur le contenu du TPE. Quoi qu’il en soit, l’idéal est que, dès le début de l’année, les élèves aient une idée assez précise de la forme que prendra le TPE afin de mieux diriger leurs travaux et de mettre de côté les documents susceptibles d’y apparaître.
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La méthode autant que le résultat
Une fois le TPE mis en forme, les élèves doivent le présenter devant un jury. Cette dernière étape doit être préparée scrupuleusement, le matériel nécessaire collecté et vérifié, les tâches réparties, les prises de parole chronométrées. « Nous avons eu 30 minutes pour présenter notre sujet devant le jury. A la fin, les examinateurs nous ont posé des questions sur le fond, aussi bien sur ce que nous venions de dire que sur le document écrit que nous leur avions remis. Mieux vaut donc parfaitement connaître son sujet », conseille Camille.
Au-delà de la qualité des informations avancées et de la présentation, les examinateurs évaluent aussi la démarche empruntée pour parvenir à ce résultat. Ils s’appuient pour cela sur une synthèse que chaque élève doit leur remettre. Dans ce document, ce dernier recense les ressources sur lesquelles il s’est appuyé, décrit le cheminement de sa réflexion, justifie les choix qui ont été faits et fait le point sur les connaissances qu’il a acquises. Les examinateurs demanderont également à voir le carnet de bord, un autre document dans lequel les élèves, au fil des séances, recensent les questions qu’ils sont amenés à se poser, le matériel qu’ils ont à se procurer, le travail que chacun a à faire pour les prochaines séances, etc. Ils y notent également les noms et les fonctions des personnes qu’ils rencontrent, les références des documents qu’ils consultent, ainsi que leurs doutes et leurs impressions…
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Une nouvelle manière de travailler
Lancés il y a plus de 10 ans, les TPE n’ont plus à prouver leur intérêt pédagogique. Ils permettent aux élèves de sortir des sentiers battus en apprenant à travailler avec une méthodologie jamais rencontrée jusque-là qui leur sera utile non seulement pour la suite de leur cursus mais aussi dans leur vie professionnelle future. Grâce au travail de groupe, par exemple, ils n’ont d’autre choix que de se répartir les tâches, de s’accorder une confiance mutuelle, mais aussi d’écouter ce que les autres ont à dire, de trouver des arguments pour imposer leurs idées, éventuellement de faire des compromis pour trouver une position qui convienne à tous… Ils apprennent aussi à synthétiser une importante masse d’informations, à orienter leurs recherches pour ne pas s’éparpiller, à respecter des délais. Ils doivent enfin faire preuve d’une bonne capacité d’adaptation. « Il nous est arrivé d’avoir des idées que nous avons fini par abandonner car cela nous semblait difficile de les intégrer dans notre travail ou de les aborder lors de l’oral. Il ne faut pas hésiter à se remettre en question régulièrement ». Rarement, au cours de leur scolarité, les élèves ont été poussés à ce point à réfléchir sur un sujet donné et à s’impliquer autant dans un travail.
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REPERES
TPE, coeff. 2
Les élèves passent devant un jury composé de deux enseignants qui tiennent compte de l’intérêt du sujet, de la pertinence de la réflexion et de la qualité des documents. La clarté de la présentation et la capacité des candidats à répondre aux questions entrent aussi en ligne de compte. Cette épreuve, notée sur 12, est complétée par une note sur 8 sanctionnant la démarche et le sérieux des élèves tout au long de l’élaboration du projet. La note finale – affectée d’un coefficient 2 – compte pour les épreuves anticipées du baccalauréat, mais seuls les points au-dessus de la moyenne sont pris en compte…
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TEMOIGNAGE
Yoann et Pascal, anciens élèves de première ES
« Ce qui nous a plu dans le TPE, c’est que l’on a travaillé sur un sujet que nous avons nous-mêmes choisi et que nous avons eu toute liberté pour le présenter comme nous le voulions. Nous avons choisi un sujet croisant le Français et les Sciences économiques et sociales, à savoir « Comment les hommes politiques influencent-ils la société ? ». Si nous avons trouvé rapidement le sujet, nous avons en revanche rencontré plus de problèmes pour la problématique. Nous avons mis près d’un mois pour la trouver.
Le travail de recherche aussi a été long, même si nous nous sommes contentés des livres et des journaux mis à notre disposition par le CDI du lycée, sans oublier bien sûr Internet. Nous avons fait preuve de plus d’originalité pour la présentation finale puisque nous avons présenté notre TPE sous la forme d’une vidéo que nous avons diffusée au jury lors de l’oral. Ce moment a certainement été le plus stressant, dans la mesure où c’était le premier oral que nous passions et que la note finale comptait pour le bac. Mais nous nous sommes rendu compte que, dès lors que l’on avait bien préparé l’écrit et que nous maîtrisions les documents sur lesquels nous avions travaillés, l’oral ne pouvait que bien se passer. Notre travail a été récompensé. Nous avons obtenu la note de 20 sur 20 à notre TPE ».
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POINT DE VUE
Philippe, professeur de français au lycée
« Je dois avouer que lorsqu’en début d’année, je présente aux élèves ce qu’ils auront à faire dans le cadre de leur TPE, je vois bien que cela crée une certaine inquiétude chez certains d’entre eux. En réalité, la quantité de travail qu’ils ont à fournir n’est pas insurmontable. En général, une à deux heures de travail personnel par semaine suffisent pour venir à bout de son TPE dans les temps, à condition de ne pas s’éparpiller, ce que, malheureusement, beaucoup d’entre eux ont tendance à faire. L’autre risque majeur, c’est de tomber dans la banalité. Les élèves ne doivent surtout pas faire la même chose que leurs voisins car ils prennent le risque d’ennuyer le jury, surtout s’ils passent dans les derniers à l’oral. Ils doivent réussir à surprendre, à étonner et surtout à intéresser les examinateurs. Pendant les deux heures hebdomadaires dédiées aux TPE, je regarde où en est chaque groupe et je leur donne des pistes pour avancer dans la bonne direction. Au final, la plupart des élèves gardent un bon souvenir de cette expérience. Ils apprécient cette façon de travailler. Ce qu’ils aiment surtout, c’est de pouvoir approfondir un sujet qu’ils ont eux-mêmes choisi. Et puis, comme seuls les points obtenus au-dessus de la moyenne sont pris en compte, c’est un bon moyen pour avoir de l’avance pour le bac. »
