DOSSIER – Les clés pour réussir son orientation
Il y a une vie après le lycée. Encore faut-il la préparer. En 3e, puis en 2nde et enfin en terminale qui sont les trois principaux paliers d’orientation, l’élève est confronté à des choix qui détermineront son parcours d’études et qui influenceront son orientation professionnelle. Dès la classe de cinquième et jusqu’en terminale, le parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF) lui permet déjà d’établir un lien entre le travail en classe et son parcours de formation. La généralisation de la réforme du lycée à la rentrée 2012 devait également contribuer à ce que ce passage délicat s’effectue en douceur avec entre autres la mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé, du tutorat et des stages passerelles.
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Jean-Robert Pitte. Chargé « de mettre en place avec les régions et les partenaires sociaux le service public de l’orientation tout au long de la vie », Jean-Robert Pitte, délégué à l’information et à l’orientation auprès du Premier ministre, veille à la mise en œuvre de la politique nationale d’information et d’orientation scolaire et professionnelle.
Pourquoi l’orientation est-elle toujours un sujet tabou ?
Le problème c’est qu’en matière d’insertion professionnelle, on vit beaucoup sur des images, or l’idée n’est pas de vivre sur un rêve. Il n’y a pas de « sots métiers », comme on dit, tout métier exige de faire travailler son cerveau. Il y a encore d’énormes progrès à faire au collège pour qu’on parle davantage d’orientation.
En quoi la réforme du lycée a-t-elle changer les choses ?
Au collège, le « parcours de découverte des métiers et des formations » (PDMF), dès la cinquième a des retours très positifs. Ce cours passionne les élèves. Au lycée, l’accompagnement personnalisé (deux heures hebdomadaires dès la seconde) a permis de mettre l’accent sur le soutien, l’approfondissement et l’aide à l’orientation. Malheureusement ce temps est plus souvent consacré au renforcement disciplinaire qu’à l’orientation. L’enseignement est trop souvent déconnecté de son but qui est de donner des outils en matière d’autonomie. Il y a un énorme effort à faire pour que les membres de la communauté éducative s’emparent de cette question. L’orientation relève aussi de leur mission. Les jeunes doivent être en mesure de trouver un métier à l’issue de leurs études.
Que pensez-vous du manque d’attractivité de certains métiers ?
Dans les métiers de bouche, tout ce qui touche au service pâtit d’une mauvaise image. Autant la cuisine a été réhabilitée notamment grâce à des émissions télévisées récentes, autant le service est vu comme un métier dégradant. Idem en ce qui concerne le commerce alimentaire, l’agriculture, le bâtiment, il faut être imaginatif. Ce sont des métiers exigeants mais qui peuvent être très lucratifs.
Quel est le principe de fonctionnement du service dématérialisé « Orientation pour tous », composé du site internet éponyme (orientation-pour-tous.fr) et d’un service téléphonique (0811 70 39 39) ?
Le site internet, lancé en décembre 2011, vient d’être modernisé. Il s’agit d’une synthèse du site de l’Onisep et des informations qui émanent des régions (des Centres d’information et de documentation jeunesse, des Centres régionaux d’information jeunesse…). La plateforme téléphonique existe quant à elle depuis un an. C’est le premier niveau d’information et d’orientation. En général, ceux qui appellent correspondent à la population la plus perdue. Les jeunes peuvent y exposer leurs problèmes et être renvoyés vers une structure adaptée toujours dans un souci de proximité.
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BIOGRAPHIE
Né en 1949, Jean-Robert Pitte est professeur de géographie et d’aménagement à l’Université Paris-Sorbonne dont il a été président de 2003 à 2008. Il enseigne la géographie historique et culturelle ainsi que l’histoire de l’aménagement et du paysage. Il est depuis juin 2010 Délégué auprès du Premier ministre à l’information et à l’orientation.
Il est également membre de l’Institut (Académie des sciences morales et politiques) où il a été élu en 2008. Il est chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du mérite et des Palmes académiques, commandeur des Arts et Lettres.
Il a publié plusieurs ouvrages dont dernièrement : Jeunes, on vous ment. Reconstruire l’université (Fayard, 2006), Stop à l’arnaque du Bac (Oh ! Éditions, 2007), Le génie des lieux (CNRS-Éditions, 2010).
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REPERES
Le parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF)
De la classe de 5e jusqu’en terminale les élèves sont initiés à un panel de métiers et à différentes voies de formation à travers diverses activités. En 5e, des visites d’entreprise, des entretiens avec des professionnels ; en 4e, l’élève se rend dans un établissement de formation (lycée, CFA, etc.), il est censé avoir une meilleure connaissance des parcours ; en 3e, chaque élève suit un stage de découverte professionnelle d’une semaine – une année au cours de laquelle une option facultative de découverte professionnelle de trois ou six heures leur est également proposée. Durant sa scolarité au collège, l’élève passera au moins 10 jours en contact avec le monde professionnel.
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INTERVIEW
Cédric Geoffroy, conseiller d’orientation-psychologue (COP) au CIO de Cergy-Pontoise
Comment définiriez-vous la mission d’un COP ?
Au collège, notre champ d’action concerne principalement les élèves en difficulté – par rapport aux apprentissages, à leurs relations aux autres, à l’école. En 6e et 5e, nous nous efforçons de repérer ces derniers en travaillant avec les équipes éducatives et apportons notre vision de psychologue dans l’approche de ces difficultés. Les gens ont une représentation de notre métier aujourd’hui dépassée, ils nous voient comme des experts en filières, or nous ne sommes pas des conseillers d’orientation « à l’ancienne », notre travail consiste à accompagner d’un point de vue personnel l’élaboration d’un projet. Nous intervenons dans la même optique au lycée.
Comment travaillez-vous ?
En 6e – 5e, nous intervenons trois fois par trimestre à l’occasion d’une commission de suivi en collaboration avec les équipes éducatives, les infirmières scolaires, les assistantes sociales…
En 3e, nous proposons des rendez-vous aux élèves qui le souhaitent, à ceux qui n’ont pas d’idées et qui se sentent angoissés par rapport à leur orientation. Nous les aidons à élaborer un projet, en faisant le point sur leurs critères de choix, leurs envies. Nous aidons également les enseignants à élaborer des questionnaires pour que les élèves apprennent à mieux se connaître, nous leur founissons des outils pour les sessions d’orientation.
Mais nous ne sommes pas pourvoyeurs d’informations sur les métiers et les formations, nous orientons les élèves vers les sources d’informations existantes plus que nous leur transmettons celles-ci. L’idée étant d’aider le jeune à se poser les bonnes questions, à orienter sa recherche, pas de la faire à sa place car cela a plus d’impact d’aller chercher par soi-même l’information et de se l’entendre réciter par quelqu’un.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes et à leurs parents dans cette démarche d’orientation, souvent jugée stressante ?
De parler de la manière qu’ils ont eue eux-mêmes de s’orienter, comment ils ont trouvé leur métier. Ça peut être une discussion vraiment intéressante, le début d’un dialogue transgénérationnel riche. Il vaut mieux discuter de « comment choisir » plutôt que de choisir à la place de leur enfant.
L’amener à acquérir une meilleure connaissance de soi : quels sont ses critères, qu’attend-il en termes de valeurs, de vie de famille, de niveau de vie ? C’est là que se situe le rôle de la famille.
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ZOOM
Contester une décision d’orientation
« Si en fin de troisième il existe des commissions d’appel sur les orientations décidées en conseil de classe, ce n’est pas le cas au niveau du post-bac. Toute contestation d’affectation ou de refus d’affectation ne pourrait éventuellement se faire que par le biais du tribunal administratif », assure Bruno Jouvence, président de Peep-Sup. De fait, de telles situations sont extrêmement rares. La plupart du temps, les choses se règlent entre les familles et les établissements grâce au dialogue. À la fin de chaque cycle, si la décision d’orientation prononcée par le conseil de classe et confirmée après entrevue avec le chef d’établissement, ne satisfait pas aux demandes des familles, elles peuvent choisir de faire appel. Pour cela celles-ci disposent d’un délai de trois jours. La situation de l’élève est alors examinée par une commission d’appel présidée par l’inspecteur d’académie.
Information des familles
« Il faut souligner que la procédure d’appel n’est que rarement utilisée par les familles dans la mesure où, en amont, la qualité du dialogue entre la famille et l’équipe pédagogique a permis d’expliciter les propositions », insiste Xavier Vinet, chef du Service académique d’information et d’orientation (SAIO) et délégué régional de l’Onisep des Pays de la Loire. Toutefois, lorsque la procédure est mise en œuvre, l’établissement informe les familles des modalités, de la date et du lieu de réunion de la commission d’appel.
Les parents de l’élève qui le demandent peuvent être entendus par la commission, de même que l’élève mineur lui-même, à sa demande avec l’accord de ses parents. La commission d’appel examine le dossier de l’élève et prend une décision définitive d’orientation ou de redoublement.
N’oubliez pas que vous pouvez être aidés, conseillés et accompagnés dans vos démarches de contestation d’une décision d’orientation par votre association locale de parents d’élèves.
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POINT DE VUE
Bruno Jouvence, responsable fédéral de la Peep, président de Peep-Sup qui dispense des formations APB
Avant toute chose, Bruno Jouvence souligne que le dispositif « admission post-bac » (APB) a apporté « de multiples améliorations et qu’il progresse d’année en année ». Il a notamment permis de pouvoir accéder à toutes les formations effectivement disponibles « alors qu’auparavant leur accès était conditionné par la géolocalisation », assure-t-il.
Autre progrès notable permis par l’APB : « il permet aux jeunes de communiquer avec les établissements universitaires et d’obtenir une réponse de leur part… même si elles sont encore parfois tardives », tempère-t-il. Ils peuvent ainsi échanger avec eux pour savoir s’ils ont le niveau pour accéder à telle ou telle formation ou tout simplement si l’établissement en question est bien approprié à leur parcours de formation.
Reste que le dispositif demeure complexe et qu’il évolue d’année en année. Même si des guides d’utilisation existent, Bruno Jouvence recommande aux familles « de s’y intéresser dès que possible afin de ne pas laisser leur enfant pris au dépourvu ». Il souligne que non seulement le classement, mais également le nombre de vœux, sont déterminants.
Surtout, il conseille de chercher des réponses sur le site APB et de ne pas hésiter à y poser des questions et à visiter le blog http://peepsup.over-blog.com/ auquel il contribue.
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Calendrier de l’orientation sur le site www.admission-postbac.fr
A partir de décembre :
s’informer sur les formations et les établissements de l’enseignement supérieur et identifier les formations souhaitées.
Janvier – début février :
- conseil de classe dédié à l’orientation
- début des inscriptions et liste de vœux hiérarchisés sur le site
Mars :
fin des inscriptions sur le site
De janvier à mai :
possibilité de modifier son classement hiérarchisé de vœux
À partir du mois de juin :
phases d’admission
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REPERES
« Mobilisation générale » contre le décrochage !
Il fait 140 000 victimes chaque année. Contre le décrochage scolaire, le ministre de l’Education Vincent Peillon a présenté un plan de lutte sans précédent lors du séminaire national dédié au sujet, mardi 4 décembre. L’objectif annoncé pour 2013 : donner une formation à 20 000 jeunes sans formation ni diplôme, et à terme, à 70 000 d’entre eux à la fin du quinquennat de François Hollande. Objectifs qu’il a jugés « raisonnables », rappelant qu’en 2012, environ 9 500 jeunes ont rejoint le système scolaire après en être sortis sans diplôme ni qualification.
Les mesures clefs annoncées :
• A partir de début décembre, les « décrocheurs » seront « appelés un par un » par les 360 plateformes d’appui et de suivi déjà existantes. Un parcours personnalisé de retour en formation leur sera proposé ainsi qu’un accompagnement par un tuteur dans le cadre d’un contrat « Objectif formation-emploi ».
• La désignation d’un référent en charge de la lutte contre le décrochage, prioritairement dans les lycées les plus touchés.
• La mobilisation des places disponibles dans les formations menant à des métiers ayant des besoins de recrutement. 40 000 places en lycée professionnel, dont deux tiers dans la production industrielle, ont été évoquées.
• Une nouvelle solution mixte service civique-formation a été proposée. Sur les 30 000 jeunes qui feront un service civique en 2013, au moins 10 % des places seront réservées aux « décrocheurs ».
• La mise en service par l’Onisep de nouveaux services de géolocalisation, d’abord sur Internet, puis sur smartphone permettant aux jeunes de trouver les structures d’accueil à proximité.
Lancement du dispositif "Objectif formation… par Education_nationale