EDUCATION – Pédagogie : les sections européennes
Valoriser son cursus. Ce serait la motivation principale pour un élève d’intégrer une section européenne ou de langue orientale (SELO). En effet, comme le souligne une COPsy du CIO de Bordeaux : « Il est rare qu’un enfant parvienne à définir son orientation dès la première phase du collège. Les SELO s’adressent alors à des personnalités volontaires, motivées et à l’aise avec une langue dans le but de donner de “l’épaisseur” à ces années de secondaire. »
Des bénéfices variés
Concrètement, ces sections parallèles (voir les langues concernées dans l’encadré Repères) se présentent aux élèves à partir de la 4e. Au collège, il est question d’un renforcement des cours de langue de deux heures hebdomadaires et au lycée, une ou plusieurs disciplines non linguistiques (DNL) sont enseignées en partie dans la langue de la section (histoire-géographie, mathématiques, sciences de la vie et de la Terre…). Au collège Brizieux de Quimper, par exemple, les élèves de SELO en ont déjà inclus une à leur programme et suivent, chaque semaine, un cours de physique en anglais. Ils projettent même de réaliser un dictionnaire d’astronomie en plusieurs langues, dans le cadre du programme Comenius.
En outre, des activités culturelles et d’échanges sont organisées, afin de faire acquérir aux élèves une connaissance approfondie de la culture du ou des pays dans lesquels est parlée la langue de la section. Ces exercices peuvent être de différentes natures : correspondance, gestion d’un blog, concours, investissement dans une organisation caritative…
Antoine, collégien à Paris, s’emploie régulièrement à tourner des courts-métrages en espagnol avec d’autres élèves de sa section : « Normalement, c’était réservé à notre classe, indique-t-il. Mais, comme nous faisons prochainement un voyage scolaire en Andalousie, nous avons envoyé les vidéos à la classe qui va nous recevoir. C’était l’occasion de nous présenter à distance ! »
Un accès parfois limité
Améliorer la pratique de la langue et s’enrichir culturellement ne sont pas les seuls objectifs. En effet, l’indication “section européenne” ou “section de langue orientale”, suivie de la désignation de la langue concernée, est inscrite sur le diplôme du baccalauréat général, technologique ou professionnel, ce qui peut jouer sur les souhaits d’études supérieures. Mais cela dépend des résultats du candidat qui doit avoir obtenu au moins 12/20 à l’épreuve de langue vivante de sa section et au moins 10/20 pour l’évaluation spécifique visant à apprécier l’ensemble du travail mené dans le cadre de la SELO.
Inégalités territoriales
Néanmoins, la démarche ne s’improvise pas et dans de nombreux établissements, il y a souvent plus d’appelés que d’inscrits. C’est le cas de Jacques qui, parmi les 120 demandes en section euro-anglais de son collège, a vu sa candidature rejetée, sa moyenne de 12 sur 20 étant jugée insuffisante (le minimum requis est souvent de 15/20). Les collégiens intéressés par l’option doivent s’interroger en amont et faire leur maximum concernant leurs résultats scolaires, surtout en langues vivantes.
Une pression d’autant plus forte que tous les bassins de communes ne sont pas forcément logés à la même enseigne. Le site Emilangues.education.fr, destiné à accompagner les SELO, indique cependant qu’un « parcours de formation convaincant » doit être présenté par l’établissement souhaitant créer une telle section. Il doit également « veiller à ce qu’il y ait au moins deux collèges et un lycée dans le projet […] proposant une réflexion commune afin de créer les synergies nécessaires pour pérenniser la section européenne, tant sur le plan des projets pédagogiques (liaison collège/ lycée) que du point de vue du recrutement des futurs élèves de section. »
Quel avenir pour ces sections ?
Les offres en SELO sont toutefois variables car elles reposent surtout sur les moyens humains, comme l’explique Jean-Luc Breton, professeur d’anglais : « Lorsqu’ils ouvrent une section, les établissements choisissent souvent de le faire en fonction des enseignants qu’ils ont sous la main. Si un professeur a des capacités dans une langue étrangère, c’est un avantage certain pour monter un dossier pour enseigner leur discipline dans cette langue. Lorsque cet enseignant quitte le lycée, il est souvent difficile de trouver un remplacement, donc les chefs d’établissement font fréquemment appel à des locuteurs natifs qui ne sont pas professeurs ou à des professeurs en poste ailleurs. » Reste à espérer que le plan en faveur des langues mis en place par le ministère de l’Education nationale permette de pérenniser, voire de développer, ces sections valorisantes pour un parcours d’élève.
AJ
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POINT DE VUE
Jean-Luc Breton, professeur d’anglais à Paris et auteur d’une thèse sur l’apprentissage de l’anglais en section européenne au lycée et enseignant en SELO pendant 11 ans à Chartres
« La formation des enseignants est très variable. Quelques rares académies et IUFM ont mis en place des formations comme Strasbourg et Versailles, mais l’immense majorité des enseignants de SELO n’a jamais été formée. Pour l’anglais, il existait des modules de formation pris en charge par le ministère pour les enseignants en poste dans des universités britanniques. Mais cela a disparu aujourd’hui, faute de moyens pour assurer cette formation. Les enseignants de SELO travaillent énormément pour rechercher des documents et construire des cours, et beaucoup font un très bon travail. Ceux qui s’y investissent en retirent en général la satisfaction d’avoir de très bons élèves et des classes très motivées, donc ils continuent. Dans ce sens, les sections en place se maintiennent. Il n’y a cependant pratiquement plus de création de SELO, en tout cas plus aucune à Paris. Le ministère ayant « botté en touche » en encourageant, à la place, les professeurs accrédités à faire de temps à autre leurs cours en langue étrangère. Ce dispositif hybride semble ne satisfaire personne… »
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REPERES
Etat des lieux des sections européennes
ZOOM
Les sections internationales
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L’INFO EN +
L’indication européenne au bac
L’indication « section européenne » ou « section de langue orientale » peut figurer sur le diplôme du baccalauréat. Le candidat doit remplir ces deux conditions :
- obtenir au moins 12/20 à l’épreuve du premier groupe de langue vivante.
- obtenir au moins 10/20 à une évaluation spécifique visant à apprécier la maîtrise de la langue. Il s’agit d’une épreuve orale.
Depuis 2003, la section européenne peut être choisie en option 2. Les points au-dessus de 10 sont alors multipliés par 2.