Table-ronde : la santé mentale des jeunes
La table-ronde du 98e congrès national de la PEEP, qui s’est tenu les 24 et 25 mai à Poitiers, a réuni plusieurs spécialistes de la santé mentale des jeunes, une préoccupation aujourd’hui majeure pour de nombreux parents.
Les intervenants
Sur l’écran, Mélissa Généreux, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive au Québec, et, de gauche à droite, Agnès Aubert, instructrice et formatrice PSSM jeunes (Premiers secours en santé mentale) – qui a livré un témoignage très fort sur la stigmatisation des jeunes confrontés à des problèmes psychiques –, Salomé Didier-Fedick, ingénieure de recherche à l’Inserm, Ludovic Gicquel, chef du pôle universitaire de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au Centre Hospitalier Laborit de Poitiers, Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, et Christophe Kerrero, conseiller auprès du Conseil d’évaluation de l’école.
Après une matinée consacrée aux discours d’ouverture du congrès – avec notamment l’intervention d’Yves Jean (photo ci-contre), président du CESER Nouvelle Aquitaine, qui a défendu son organisme comme un « laboratoire d’idées », « maillon essentiel de la démocratie participative », ainsi qu’un message vidéo de la ministre de l’Education Elisabeth Borne, qui a annoncé qu’un protocole concernant la santé mentale pour le second degré était en cours de rédaction – les congressistes ont pu assister l’après-mi à une table-ronde sur le thème du bien-être à l’école et de la santé mentale des jeunes.
Les différents intervenants spécialistes de cette question se sont tous accordés sur le même état des lieux : depuis quelques années, on observe une réelle détérioration de l’état de la santé mentale de nos jeunes, avec un second constat, ce fléau concerne tout particulièrement les filles.
Première intervenante – interview précédemment enregistrée –, la médecin Mélissa Généreux a rappelé que la préoccupation principale des parents est le temps que les enfants passent devant les écrans ; « temps d’écran et dépression sont liés » a-t-elle assuré, précisant que l’on ne pouvait clairement définir les relations réciproques de cause à effet…
Tout en ayant un discours optimiste (« 80 % des jeunes disent aller bien »), Charles-Edouard Notredame, a néanmoins constaté une dégradation de la santé mentale des ados, avec une « explosion du nombre de tentatives de suicide chez les filles ». Les causes ? Pour le psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, elles sont multifactorielles, à différents niveaux. Et de citer la crise du covid, les écrans, les réseaux sociaux, l’état du monde (climat, guerres…).
Un état des lieux partagé par Ludovic Gicquel. Le vice-président du conseil scientifique de la société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent fait également le constat qu’ « avant, on laissait aux enfants le temps de l’être… Aujourd’hui, nos enfants sont devenus un marché, des produits. » Ludovic Gicquel a dénoncé une société de l’image (« l’interaction humaine a laissé place à l’interaction numérique »), dans laquelle « 75 % des filles de 15 ans disent ne pas aimer leur corps ».
Concernant la question du bien-être à l’école, l’ancien recteur Christophe Kerrero a pointé le manque de personnels (AED, psychologues, infirmières scolaires…), mais aussi le fait que « notre système scolaire actuel n’est plus adapté à notre société » et insisté sur la nécessité d’une réponse collective « pour créer les conditions d’une école qui fonctionne efficacement au bénéfice des élèves ».
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Lors de la table-ronde, Salomé Didier-Fedick, ingénieure de recherche à l’Inserm, a présenté le projet Mentalo, dirigé par la professeure de santé publique à l’Université Paris Cité et à l’AP-HP, Karine Chevreul. « Mentalo » s’affiche comme « La 1re grande étude scientifique nationale pour le bien-être mental des 11-24 ans ! ». Cette étude longitudinale (les jeunes participants sont questionnés plusieurs fois dans l’année – les données sont confidentielles) est aujourd’hui en cours et les résultats ne sont pas encore « significatifs » a concédé Salomé Didier-Fedick, qui encourage tous les jeunes à participer à « Mentalo ».
Renseignements et inscriptions sur https://etude-mentalo.fr.