Premiers choix d’orientation
La fin de la classe de 3e marque une étape clé dans le parcours d’orientation des élèves. À ce stade, l’élève et sa famille doivent choisir entre une poursuite d’études en voie générale et technologique (seconde GT) ou en voie professionnelle, avec la possibilité d’opter pour une seconde professionnelle ou un CAP, ces deux formations pouvant également être suivies en apprentissage.
Pour de nombreux élèves, ces choix s’imposent naturellement lorsque leurs aspirations concordent avec leurs résultats scolaires. En revanche, pour ceux qui hésitent ou dont le niveau peut être jugé insuffisant, en particulier pour envisager une seconde générale et technologique, la décision s’avère plus complexe, et parfois contrainte.
Afin d’accompagner les élèves dans leurs choix d’orientation, le dispositif « Parcours Avenir » est mis en place tout au long de leur scolarité au collège, avec notamment une découverte des métiers. Chaque élève doit pouvoir construire son orientation, sans préjugés et en toute connaissance de cause. Un processus dans lequel les parents doivent avoir toute leur place, dans le dialogue et l’accompagnement.
Pour Théo, la « route » est toute tracée : il a bien en tête le parcours d’étude qu’il compte suivre pour devenir programmeur dans les jeux vidéo, un métier-passion qu’il envisage depuis plusieurs années. « Après une seconde générale et technologique, je vise le bac général avec un enseignement de spécialité que j’ai déjà choisi : Numérique et sciences informatiques (NSI). »
A l’inverse, pour Inès, même âge, 14 ans, même classe de 3e dans un collège de Besançon, des (bons) résultats scolaires assez équivalents, ce premier choix d’orientation la laisse assez perplexe… « Je n’ai aucune idée précise de ce que je veux faire plus tard. Honnêtement, ça me stresse un peu, mais j’essaie de ne pas trop y penser. Quand la prof principale nous parle d’orientation, j’ai l’impression que tout le monde sait déjà ce qu’il veut faire : certains veulent travailler dans la mode, l’informatique, la santé… Moi, rien ne me vient. Mes parents me conseillent de faire un bac général « parce que ça laisse du temps pour réfléchir »… ça sera un peu un choix par défaut, mais je vais sûrement opter pour la seconde générale et technologique au final ; on verra ensuite ! ».
On le voit, tous les collégiens de 3e n’abordent pas l’échéance de leur premier choix d’orientation de la même façon. Certains ont déjà des objectifs en tête, d’autres non, quand d’autres encore souhaitent une orientation précise qui peut être contrariée par des résultats scolaires jugés insuffisants… Le dernier mot (ou presque) revenant au conseil de classe (lire en encadré plus bas).
En tout cas, le choix à faire en fin de 3e (voir calendrier plus bas) demeure assez limité. Deux grandes voies d’orientation sont en effet proposées. Premièrement, celle menant à une seconde générale et technologique. Une année à l’issue de laquelle les lycéens s’orienteront soit vers un cursus général, soit vers la voie technologique, en 1re et en terminale (avec des enseignements de spécialité à choisir en fin de seconde). Deuxième grande option : se diriger vers l’enseignement professionnel, avec deux voies de formation au choix : soit la préparation d’un bac professionnel en 3 ans ; soit la préparation d’un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) en 2 ans (ou exceptionnellement en 1 ou 3 ans).
Ces deux formations, entre lesquelles existent des passerelles, peuvent se suivre soit sous statut scolaire, en lycée professionnel, soit sous statut d’apprenti, en alternance entre temps en entreprise et temps en CFA (centres de formation des apprentis) – ou plus rarement en UFA, unités de formation par apprentissage, présentes dans certains lycées professionnels (lire en encadré plus bas).
Une découverte des métiers
Pour accompagner le collégien dans son choix, celui-ci bénéficie de plusieurs dispositifs prévus dans le cadre du « Parcours Avenir », parcours individuel, d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel, notamment un stage d’observation en entreprise pendant son année de 3e, ainsi qu’une « découverte des métiers » dès la 5e. Objectif de ce dispositif « Découverte des métiers », mis en place depuis la rentrée 2023 dans tous les collèges, que chaque collégien, en fin de 3e, ait pu connaître un panel élargi de métiers : de l’ordre de 40 à 50.
Outre ces « expériences », censées « développer les connaissances et les compétences qui sont nécessaires aux élèves pour construire progressivement un projet d’orientation scolaire et professionnel », les collégiens ont plusieurs « ressources » à leur disposition. A commencer par leurs enseignants, et particulièrement leur professeur principal. Celui-ci informe d’ailleurs les élèves sur l’orientation dans le cadre des 10 heures de « vie de classe » prévues pendant l’année scolaire de 3e.
Pour des conseils plus personnalisés, les spécialistes de l’orientation sont les Psy-EN, psychologues de l’Education nationale, sont présents pour informer les élèves. Ils les reçoivent sur demande pendant leur permanence dans les collèges ou dans les CIO, centres d’information et d’orientation – à savoir : on compte 1 147 élèves par Psy-EN…
Enfin, outre les nombreuses ressources que l’on peut trouver facilement sur Internet (comme celles de l’Onisep, avec le site dédié monorientationenligne), les forums des métiers et des formations, ainsi que les journées portes ouvertes des établissements, sont des rendez-vous à privilégier : en s’entretenant avec des professionnels et d’anciens élèves, ils aideront le jeune dans la construction de son projet d’avenir, soit à fermer certaines portes, soit à envisager une nouvelle orientation, jusque-là insoupçonnée…
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ZOOMS
Vers quelle voie s’orientent les collégiens de 3e ?
Après la 3e, environ deux tiers des élèves poursuivent leur scolarité en seconde générale et technologique ; et près d’un tiers rejoint la voie professionnelle (CAP ou seconde professionnelle) : 27 % par la voie scolaire et 5 % en apprentissage.
Le calendrier 2025 de l’orientation
Les élèves de 3e et leur famille doivent formuler les demandes d’admission pour les formations et établissements souhaités en se connectant au service en ligne (plateforme affelnet) ou en remplissant les « fiches de dialogue » transmises par l’établissement scolaire.
Voici les dates clés du calendrier Affelnet :
- Vendredi 4 avril 2025 : ouverture de la consultation des offres de formation pour la rentrée 2025 dans le service en ligne.
- Du lundi 5 mai au lundi 26 mai 2025 : saisie des demandes d’admission dans les formations souhaitées par les familles.
- A partir du lundi 2 juin 2025 : conseils de classe des élèves de 3e.
- Vendredi 27 juin 2025 : publication des résultats de l’affectation après les épreuves du diplôme national du brevet (DNB) selon l’horaire fixé pour chaque académie et début des inscriptions en lycée.
Information sur l’orientation : un collégien sur trois se déclare insatisfait !
Dans son rapport public consacré à l’orientation des élèves, publié le 19 mars 2025 (à consulter ICI), la Cour des comptes conclut à « l’impératif d’une meilleure orientation au collège et au lycée », en particulier pour lutter contre des déterminismes persistants : déterminismes sociaux et territoriaux, et déterminismes de genre.
Dans ce rapport, les résultats d’une consultation auprès des élèves sont préoccupants : 35 % des collégiens se disent « insatisfaits des informations et conseils reçus en établissement ou au CIO – centre d’information et d’orientation – pour s’orienter ». Un pourcentage de mécontentement qui s’élève à 25 % pour les lycéens.
La Cour des comptes milite ainsi pour la création, « dans la gouvernance des collèges et lycées, d’une instance consacrée à l’orientation, incluant les représentants des parents et du monde économique et associatif ».
Comment contester une décision d’orientation ?
C’est lors du conseil de classe du 3e trimestre qu’une proposition d’orientation vous sera faite. Si elle n’est pas conforme à vos souhaits, sollicitez un rendez-vous avec le chef d’établissement, décisionnaire en ce qui concerne le choix d’orientation des élèves. Si le désaccord persiste, vous aurez trois jours pour faire appel. Le collège transmettra alors le dossier de votre enfant à la commission d’appel.
Présidée par le Dasen, la commission d’appel comprend des chefs d’établissement, des enseignants, des parents d’élèves, ainsi que des personnels d’éducation, d’orientation et de santé. La famille pourra y être entendue ; les décisions prises par la commission d’appel valent orientation définitive.
A savoir : dans le cas où votre recours contre une décision d’orientation n’est pas couronné de succès, il vous reste la possibilité de demander le maintien de votre enfant dans sa classe d’origine, c’est-à-dire son redoublement. Cette demande ne peut pas vous être refusée, c’est un droit.
Si vous souhaiter entamer une démarche pour contester une décision d’orientation, n’hésitez pas à demander un accompagnement dans vos démarches auprès de votre APE (association de parents d’élèves).
Choisir la voie de l’apprentissage
L’apprentissage a la cote ! On a aujourd’hui dépassé le million d’apprentis en France. Cette voie de formation peut être choisie à la fin du collège en optant pour une seconde professionnelle ou un CAP. En pratique, le jeune doit à la fois s’inscrire dans un centre de formation ou un établissement d’enseignement et trouver une entreprise d’accueil, dont il sera salarié.
La formation en apprentissage obéit à une stricte règlementation. Elle se partage entre des enseignements théoriques (au minimum 400 heures par an) et un enseignement du métier chez l’employeur, avec lequel un contrat est signé, donnant droit à une protection sociale et une rémunération. Pendant sa formation, l’apprenti est suivi par un maître d’apprentissage, et un livret d’apprentissage circule entre l’établissement de formation et l’entreprise, qui mentionne les projets à effectuer, les progrès réalisés, etc.
Avantages importants de l’apprentissage : outre la rémunération qu’il perçoit (de 27 % à 78 % du SMIC), l’apprenti bénéficie de la gratuité des frais de formation : le coût de la formation est en effet supporté par l’entreprise.
Alternance : des jeunes témoignent
Se former en alternance et acquérir une expérience professionnelle dans les métiers des secteurs des services, c’est le choix de Johanna, Clément, Sylia… Dans cette publication « Les métiers des services – Spécial alternance » de l’Onisep, les 10 jeunes interviewés racontent leurs motivations, leur parcours de formation, leurs apprentissages, leurs activités professionnelles, leurs projets, et livrent des conseils. Un cahier d’activités comprenant 13 jeux, défis et énigmes, adossé à la publication, est également proposé.
A découvrir gratuitement en ligne ICI.
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POINT DE VUE
Sylvie AMICI, présidente de l’APsyEN, Association des psychologues et de psychologie dans l’Education nationale (apsyen.org)
« Penser au coup d’après »
« En matière d’orientation, s’informer ce n’est pas seulement conseillé, c’est indispensable ! Surtout concernant la question de l’affectation. Comme je le dis aux élèves et à leurs parents « il faut penser au coup d’après ». Par exemple, dans le cas d’une orientation vers une seconde professionnelle (qui sont désormais regroupées en « famille de métiers »), il faut s’assurer que la spécialité envisagée pour le cycle terminal (1re et terminale) est bien dispensée dans le lycée, car ce n’est pas toujours le cas.
Le système demeure complexe. Parfois, au niveau de l’information sur l’orientation à la fin collège, qui est dévolue aux Régions, nous-mêmes, en tant que professionnels de l’orientation, sommes au même niveau que les parents… »
Un constat malheureusement partagé par la Cour des comptes. Dans son rapport paru le 19 mars (lire également en encadré ci-dessous), celle-ci pointe notamment la confusion dans la répartition des compétences en matière d’orientation entre l’État et les régions, appelant à une clarification.