DOSSIER

Premiers choix d’orientation

HD-431---ouverture-dossierLa fin de l’année de 3e constitue le premier grand palier d’orientation. L’élève et sa famille doivent se prononcer pour une poursuite de scolarité soit en voie générale et technologique, soit en voie professionnelle. Un premier choix d’orientation pas toujours évident, notamment quand les résultats scolaires limitent les possibilités (lire à ce propos l’interview de notre Grand témoin, Maria Pouplin, directrice d’un CIO, centre d’information et d’orientation).

Seulement un an après ce premier choix, la plupart d’entre eux, en seconde générale et technologique, vont à nouveau être confrontés à des choix importants, ceux concernant les enseignements de spécialité, qui vont être déterminants dans leur poursuite post-bac (lire notre dossier « Spécial Parcoursup », paru dans le numéro 440 de La Voix des Parents).

Pour préparer les jeunes à tous ces choix d’orientation, tout au long de leur scolarité dans le secondaire, les élèves bénéficient des mesures prévues par le « Parcours Avenir », parcours individuel, d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel. Un parcours d’information où l’accompagnement des parents demeure essentiel !

 

Choix par défaut, choix réfléchi, choix contraint… Tous les collégiens en classe de 3e ne vont pas appréhender les prochaines semaines de la même façon ! L’heure est en effet bientôt venue de procéder à leur premier grand choix d’orientation.

 

Une information au collège

Un moment-clé de leur scolarité auquel ils ont été préparés. Interventions des conseillers d’orientation, entretiens avec les professeurs principaux, séquences de découverte du monde professionnel (stage obligatoire d’une semaine en 3e notamment)… Depuis leur année de 5e, dans le cadre du dispositif Avenir, les élèves bénéficient d’une information à l’orientation. Un dispositif qui doit encore être prochainement renforcé avec la généralisation d’une « Demi-journée avenir », à partir de la  5e. Expérimenté dans quelque 700 collèges cette année, ce rendez-vous hebdomadaire a pour objectif d’offrir de nouvelles activités de découverte des métiers aux élèves, pouvant prendre la forme de visites d’entreprises, de mini-stages, de rencontres avec des professionnels de différents secteurs d’activité, etc.

 

Le choix post-troisième

S’ils sont donc censés être bien informés tout au long de leur scolarité au collège, il n’empêche que tous les élèves de 3e ne vont pas aborder leur premier choix d’orientation de la même façon… Souhaiter poursuivre sa scolarité en seconde générale et technologique, ou s’engager dans la voie professionnelle (bac pro ou CAP), dépend en effet pour une grande partie des résultats scolaires. C’est une évidence, avec un bon dossier scolaire, toutes les choix sont possibles ; à l’inverse, ils sont plus restreints, et l’orientation devient plus ou moins contrainte. Et pas uniquement, comme on aurait tendance à le croire, concernant la voie générale et technologique, mais aussi en ce qui concerne les bacs pros, pour lesquels une sélection est opérée à partir des résultats scolaires des élèves, comme l’avertit Maria Pouplin, directrice du CIO de Romorantin-Lanthenay – lire ci-dessous son interview.

 

Le choix post-seconde GT

Pour les élèves qui optent pour la seconde générale et technologique, la même situation va se représenter pour se déterminer entre une première en voie générale ou en voie technologique : les choix des élèves et des familles seront plus ou moins contraints par les résultats scolaires dans certaines matières. En outre, pour la voie générale, avant l’entrée en première, se pose une autre problématique : le choix des enseignements de spécialité ! Il faut choisir trois enseignements de spécialité de 4 heures parmi les 13 possibles (langues, maths, histoire-géo, sciences et vie de la terre, sport…). Notons que dans les faits, tous les lycées ne peuvent pas proposer l’ensemble des spécialités ; en général, la moyenne se situe entre 6 et 8 spécialités.

Ce choix des enseignements de spécialité est doublement capital : d’une part parce que leur évaluation au bac (en mars de l’année de terminale) compte pour le tiers de la note finale, et d’autre part, parce que ce choix facilitera – ou non ! – l’entrée dans la plupart des formations sélectives de l’enseignement supérieur.

Dernier conseil, dans tous les cas, quand les choix d’orientation « ne vont pas de soi », a priori, il importe de s’en préoccuper en amont, avec son enfant, et en lien avec les interlocuteurs spécialistes de ces questions  – professeur principal et proviseur, en particulier lors du passage de seconde en première. Si les résultats scolaires sont un critère essentiel, la motivation qu’il affichera pourra s’avérer prépondérante.

 

__________

ZOOM

HD-431---dossier-1Questions d’orientation : quels sont les interlocuteurs ?

Les premiers intervenants en matière d’orientation scolaire sont les enseignants, à commencer par le professeur principal. « Cela fait partie de ses missions », précise Maria Pouplin, directrice du CIO de Romorantin-Lanthenay (Lire plus loin son interview). Les CIO, centres d’information et d’orientation, sont également une source préciseuse d’information, en particulier sur l’offre locale de formation, notamment concernant les bacs professionnels ou les formations de l’enseignement agricole. Outre dans les collèges et lycées où ils tiennent des permanences, c’est aussi au sein des CIO que l’on peut rencontrer (avec ou sans rendez-vous) les PSY-EN, psychologues de l’Education nationale, spécialistes des questions d’information. Retrouvez ICI l’annuaire des CIO – 437 répartis sur tout le territoire.

Autre source d’information sur l’orientation, le dispositif monorientationenligne, géré par l’Onisep, propose de s’informer sur l’orientation et les métiers. 3 moyens de communication sont mis à disposition : par téléphone, au 01 7777 12 25 (numéro non surtaxé), du lundi au vendredi, de 10h à 20h et aussi par internet, sur monorientation enligne.fr, où vous pouvez poser des questions soit par mail, soit en direct par tchat.

 

Contester une décision d’orientation

Les questions (et contestations éventuelles) liées à l’orientation commencent à intervenir à la fin du collège, en fin de 3e, et peuvent ensuite survenir en fin de seconde et de première. Pendant les deux premiers trimestres, des échanges concernant l’orientation de l’élève seront matérialisés par l’intermédiaire d’une fiche de dialogue, qui fera des allers-retours entre la famille et l’établissement scolaire (voir calendrier plus bas).

C’est lors du conseil de classe du 3e trimestre qu’une proposition d’orientation vous sera faite. Si elle n’est pas conforme à vos souhaits, sollicitez un rendez-vous avec le chef d’établissement, décisionnaire en ce qui concerne le choix d’orientation des élèves. Si le désaccord persiste, vous aurez trois jours pour faire appel. Le collège ou le lycée transmettra alors le dossier de votre enfant à la commission d’appel. Présidée par le Dasen, elle comprend des chefs d’établissement, des enseignants, des parents d’élèves, ainsi que des personnels d’éducation, d’orientation et de santé. Si vous contestez une décision de redoublement ou d’orientation, n’hésitez pas à demander un accompagnement dans vos démarches auprès de votre APE (association de parents d’élèves).

 

Calendrier de l’orientation

- Février : vous indiquez vos intentions d’orientation. En 3e, vous pouvez cocher plusieurs voies de formation (seconde générale et technologique, seconde pro, 1re année de CAP) en les classant sur la fiche provisoire d’orientation du 2e trimestre.

- Mars : le conseil de classe du 2e trimestre répond en formulant un avis provisoire d’orientation.

 – Mai : la fiche dialogue vous est à nouveau remise. Vous devez formuler vos demandes définitives d’orientation, en tenant compte des indications du conseil de classe.

- Juin : le conseil de classe du 3e trimestre examine votre demande et formule une proposition d’orientation. A vous de l’accepter… ou de la contester (lire en encadré ci-dessus).

 

__________

INTERVIEW

Maria Pouplin, directrice du CIO de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher)

« Bien s’informer sur la procédure d’affection pour les bacs professionnels »

 

En fin de 3e, les élèves sont confrontés à leur premier grand choix d’orientation : la voie générale et technologique ou la voie professionnelle. Pourtant, à moins d’avoir un projet de formation professionnelle bien défini, il semble que l’orientation vers la voie pro se fasse par défaut, parce que l’élève n’a pas le niveau pour poursuivre sa scolarité en lycée général et technologique… Est-ce toujours encore la réalité ?  

Ce n’est pas forcément un problème de niveau, cela peut être aussi un choix des jeunes. Pour aller en voie générale et technologique, il faut avoir une appétence scolaire, et certains ont plutôt envie d’apprendre un métier. Il arrive effectivement que des jeunes qui ne peuvent pas aller en seconde générale et technologique – où il existe des exigences scolaires – se tournent vers la voie pro. Mais, je le répète, nous avons aussi des élèves qui envisagent la voie professionnelle sans qu’on les ait contraints et forcés !

 

Pour encore beaucoup de parents, l’image de cette voie pro n’est pas vraiment positive…

Au niveau de l’information que l’on donne aux familles, on essaye justement de la valoriser, en leur expliquant que l’on peut effectivement passer par la voie professionnelle, continuer ses études et avoir finalement des parcours enrichissants.

 

Et concernant l’enseignement agricole, dont les formations demeurent assez méconnues pour beaucoup d’élèves et de familles ?

Il existe de nombreux débouchés dans certains des domaines de l’enseignement agricole. Mais, ce qui peut poser problème, c’est surtout la mobilité, car on a peu de lycées agricoles. Et si le lycée agricole n’est pas à côté de chez soi, ça veut dire un internat ; cela peut être compliqué…

 

Derrière les questions liées à la mobilité peuvent aussi se poser des problèmes concernant l’affectation ?

En effet, c’est très important pour des jeunes qui ont un projet de formation en voie professionnelle. Entrer en bac pro se fera en fonction des notes. Concrètement, c’est un peu comme dans Parcoursup, on fait des vœux. Ensuite, on va rentrer les notes des élèves et c’est une application qui va sélectionner les élèves. Ainsi, des élèves qui envisagent la voie pro, et qui font un vœu qui est très demandé par l’ensemble des élèves de troisième, ne sont pas retenus et se retrouvent par défaut dans un bac pro qu’ils n’ont pas choisi en premier vœu. C’est la procédure d’affectation qui le décide.

 

C’est problématique…

En effet ; on dit « la voie pro, c’est choisi par défaut », les élèves se retrouvent dans une formation qui ne les intéresse pas. Sauf qu’on a des élèves qui étaient intéressés par un bac pro et qui ne sont pas retenus…

 

Mais c’est la procédure qui le veut…

Plus précisément le logiciel Affelnet. En parallèle des vœux formulés par la famille qui précisent le bac pro et le lycée envisagé, le collège transmet les résultats scolaires de l’élève. Ensuite, l’application va additionner les notes, avec une pondération suivant la spécialité, ce qui va classer les élèves. Par exemple, pour une seconde pro métier de la relation client dans un lycée, si vous avez 25 places et 160 demandes, ce seront les 25 premiers.

 

Que doit-on faire ?

Nous savons quelles sont les spécialités les plus demandées. Des jeunes ont un projet assez précis, mais avec les règles de l’affectation, ces résultats sont parfois trop justes. Dans ce cas, on leur dit de faire un deuxième vœu, puis un troisième vœu, mais on s’éloigne de leur projet professionnel. Et il est difficile de retrouver une motivation pour s’accrocher sur un bac pro qui n’était pas le premier choix…

 

Et pour les CAP ?

Là, la sélection c’est surtout de trouver un employeur, c’est-à-dire signer un contrat d’apprentissage. Il faut chercher dès maintenant. Les parents ont un rôle important à jouer pour l’aider à aller voir des entreprises, faire un CV, lui apprendre à se présenter, etc.

Pour les élèves en seconde générale et technologique, un nouveau choix d’orientation se propose à eux : une première générale, avec trois enseignement de spécialité, ou une première technologique. Sur quels critères se déterminer ? Ce choix est-il réellement déterminant quand sonnera l’heure de Parcoursup ?

Aujourd’hui, en voie générale, on n’a plus les choix de séries, on a des enseignements de spécialité. Ce choix se fait en fonction de l’intérêt pour la matière, en fonction des résultats scolaires et on commence à aborder le projet professionnel, car il y a en effet des formations post-bac où il faut avoir choisi les bons enseignements de spécialité. Le projet ne va pas forcément être immédiat, il a besoin d’être construit, mais c’est ce qu’on essaye en premier lieu de travailler pour choisir des enseignements qui vont permettre d’accéder à une formation. Par exemple, « si je veux faire une prépa scientifique », il faut suivre physique. Mais, sur d’autres domaines, le choix de l’enseignement de spécialité ne va pas être primordial.

 

Et concernant la voie technologique ?

En second générale et technologique, lorsqu’on envisage une première techno, on a encore une nouvelle procédure parce qu’il y a un nombre de places limité par série technologique (STMG, STL, STI…). Comme pour les bacs pros, cette procédure d’affectation ne garantit pas que le premier choix sera retenu…

 

Pour faire ces choix, quels sont  les sources d’information et les interlocuteurs à privilégier pour les élèves et les parents ?

D’abord le professeur principal ! Cela fait d’ailleurs partie de ses missions. A côté, il y a les psychologues de l’Education nationale, qui sont rattachés à un CIO, Centre d’information et d’orientation, et qui font des interventions dans les établissements scolaires. Leur travail, c’est d’accompagner les jeunes dans la construction de leur projet. Après, il y a aussi l’entourage, les parents, les amis ; et puis il faut également se documenter, aller chercher l’information.

 

C’est parfois compliqué d’inciter son enfant à s’informer, à prendre en main son projet de formation…

En effet, un adolescent a du mal à se projeter. Pour lui, l’avenir, c’est ce qui va se passer dans trois mois. Comme il ne va pas forcément se mettre en démarche d’information, c’est aussi aux parents de l’accompagner.

 

Mot-clé:,

Pas de commentaires pour le moment.

Donnez votre avis