Colloque « Lecture »

Samedi 19 novembre, au Palais du Luxembourg à Paris, siège du Sénat, la PEEP, et plus précisément l’équipe du GSP, Groupe Santé Prévention de la Fédération PEEP, organisait un colloque avec pour thème « Des difficultés au plaisir de la lecture » . Une dizaine d’intervenants se sont succédé à la tribune pour enrichir les débats autour de l’apprentissage de la lecture, un sujet d’importance pour tous les parents d’élèves, tant la maîtrise de la lecture conditionne tous les autres apprentissages.

Tout sauf un dialogue de sourds ! Le colloque sur l’apprentissage de la lecture a permis des échanges constructifs entre des « institutionnels », qui ont défendu l’évolution positive du système scolaire en la matière, des « spécialistes », qui ont partagé les avancées sur les mécanismes de cet apprentissage complexe, des enseignants, qui ont rapporté leurs expériences de terrain, et des parents, qui ont déploré, pour certains, le manque de prise en charge des enfants qui éprouvent des difficultés pour apprendre à lire, en particulier ceux souffrant de troubles Dys.

Depuis de nombreuses années, les débats sur l’apprentissage de la lecture déchaînent les passions, notamment sur la question des méthodes. Pour les experts, ce débat est aujourd’hui définitivement tranché. Selon Franck Ramus, directeur de recherche au CNRS et membre du Conseil scientifique de l’Education nationale « les méthodes phoniques (B.A ba, correspondances graphème-phonème) sont bien meilleures que les méthodes non phoniques (globales) pour tous les enfants ; le déchiffrage est le meilleur moyen d’arriver à la compréhension. » Problème… ces bonnes méthodes sont loin d’être appliquées aujourd’hui dans toutes les salles de classe de CP, l’année où commence réellement l’apprentissage de la lecture.

Une situation préoccupante

Comme l’a indiqué Olivier Toutain, président national de la Fédération PEEP dans son discours d’ouverture du colloque, citant une alerte du conseil scientifique de l’Education nationale datant de début novembre : « certains enseignants adoptent des pédagogies à départ global totalement inacceptables au regard des connaissances scientifiques actuelles ».

Une situation préoccupante donc, qu’a reconnue Jean-Charles Ringard-Flament, inspecteur général de l’éducation, des sports et de la recherche, président du comité scientifique de la FFDys, allant même jusqu’à dire que la moitié des manuels d’enseignement de la lecture utilisés aujourd’hui devrait être jetés à la poubelle ! Ce dernier a toutefois défendu « les progrès » de l’institution scolaire, que ce soit en termes de structures (mise en place de différents plans d’aide et de soutien) mais aussi concernant les professeurs : « Aujourd’hui les futurs enseignants ont un module de formation de 25 heures sur la prise en charge des élèves à besoins particuliers. »

Des difficultés… au plaisir de la lecture ! D’autres intervenants ont quant eux insisté sur le plaisir partagé de la lecture, à l’image de l’écrivain Alexandre Jardin et de Michèle Bauby-Malzac, présidente de l’association Lire et Faire Lire : « Nos retraités bénévoles, que nous formons à la lecture à haute voix, se déplacent dans les classes, de la maternelle jusqu’à la 5e, et lisent des histoires aux enfants. On touche chaque année quelque 700 000 élèves et une étude a montré l’impact positif de notre action. »

Les actes complets de ce colloque seront bientôt disponibles. Nous vous informerons ici de leur communication.

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ZOOM

Témoignage : « J’ai appris à lire à 50 ans »

En clôture du colloque, Aline Le Guluche a livré un très touchant témoignage de son parcours de vie, celui d’une enfant qui n’a pas été en mesure d’apprendre à lire à l’école, et qui a caché pendant de nombreuses années son illettrisme à ses amis et collègues, grâce à des stratégies de contournement pour s’adapter à des situations compliquées, entre honte et frustrations : « Quand on est illettrée, on n’ose pas franchir certaines barrières », a-t-elle regretté.

Un témoignage poignant, mais aussi plein d’espoir, à découvrir dans son ouvrage : « J’ai appris à lire à 50 ans », éditions HarperCollins.

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