EDUCATION

Pendant les vacances, ils se remettent à niveau !

HD-396---stage-primaire-sipDurant les vacances de printemps, mais aussi en juillet et en août, certaines écoles organisent des stages de remise à niveau. Réservés aux classes de CM1 et CM2, il s’agit de cours de soutien d’une semaine, totalement gratuits. Ces séances permettent de consolider des connaissances sur des matières-clés, parfois de manière ludique.

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Deuxième semaine de vacances de printemps à l’école primaire Saint-Jean-des-Vignes de Chalon-sur-Saône (71). Elise Pessin, enseignante en CM2, a réduit ses congés de moitié. Alors que l’école est vidée de ses élèves, elle prépare sa classe et sélectionne quelques exercices repérés sur internet. Une poignée d’élèves vont bientôt la rejoindre pour les premiers stages de remise à niveau qu’organise l’école. « J’envisage de travailler sur la lecture, la compréhension des textes. Certains ont toujours du mal à déchiffrer les mots inconnus. Mais il y aura aussi quelques points de grammaire et de la géométrie », énumère-t-elle.

Les stages de remise à niveau sont proposés aux classes de CM1 et CM2, car ils participent à une assimilation des compétences du cycle 3 (qui comprend ces deux niveaux et la 6e du collège). Ils sont organisés hors du temps de classe, pendant les vacances de printemps, début juillet ou en août, durant la semaine qui précède la rentrée. Mis en place par le ministère de l’Education nationale en 2008, les stages de remise à niveau sont l’occasion de proposer à un groupe restreint d’élèves (entre 3 et 7 par session) des activités pédagogiques, destinées à améliorer leur niveau scolaire avec, en ligne de mire, un niveau satisfaisant pour commencer le collège sur de bonnes bases. Un soutien totalement gratuit.

 

Les élèves ne sont pas choisis au hasard

Pour nommer les candidats à ces stages de remise à niveau (ou SRAN dans le jargon de l’Education nationale), les enseignants analysent leur classe. Ils repèrent les élèves « fragiles », pour qui la suite du programme étudié au collège risque de poser problème. Ils s’appuient sur la base des évaluations ordinaires et, en juillet et août, sur l’évaluation nationale au CM2. Pour autant, les difficultés ne doivent pas être trop ancrées. « Chaque stage ne dure qu’une semaine. C’est un laps de temps assez court qui ne permettra pas de compenser les grosses difficultés que peuvent rencontrer certains élèves, met en garde Elise Pessin, qui a déjà supervisé des stages de remise à niveau dans d’autres écoles de sa région. Si c’est un problème de fond, il faut privilégier le travail régulier. C’est pourquoi on ne cible pas forcément les élèves qui ont le plus de difficultés, mais ceux pour qui ce soutien sera utile. »

Ainsi, une fois l’élève « repéré », l’enseignant propose aux parents l’idée du stage. Libre à eux alors de l’accepter, ou non. Leur refus devra tout de même être notifié par écrit sans nécessairement préciser les motifs.

 

HD-396---stage-primaire-2Deux matières, des dizaines d’exercices personnalisés

A chaque fois, le soutien s’organise autour de trois heures de cours, du lundi au vendredi. Il repose sur un renforcement de deux matières, le français et les mathématiques. Au programme : des fondamentaux, tels que l’entraînement au calcul mental, au raisonnement mais aussi à la lecture et à la production d’écrit. En français, par exemple, il s’agit de remédier aux difficultés telles qu’un mauvais déchiffrage, une orthographe peu assurée, une mauvaise compréhension des textes… En mathématiques, les élèves peuvent buter sur la lecture et la compréhension des énoncés de problèmes. L’objectif est donc de leur apporter les clés pour mieux pallier leurs incertitudes, tout en sortant du cadre formel de la classe.

La plupart du temps, les stages de remise à niveau sont l’occasion de proposer une alternance de travaux aux élèves : activités de création, d’expérimentation ou exercices d’application, travaux à l’oral ou écrits, activités individuelles ou collectives. Certains professeurs proposent même des jeux, du type petit concours de conjugaison ou Trivial Pursuit thématique. Cette approche ludique permet de mieux faire passer les enseignements et de retenir l’attention de l’élève de manière originale.

Mais surtout, ces stages de remise à niveau permettent d’accorder du temps aux élèves : l’accompagnement individuel est la base de leur bon fonctionnement. « Tous les élèves n’ont pas les mêmes besoins. Le fait de travailler en petit groupe permet une approche individualisée. Il n’est pas question, durant cette période, de faire un cours collectif et traditionnel. Nous ne sommes pas dans la même dynamique qu’une classe. Il faut amener la notion autrement qu’elle est proposée habituellement », développe Elise Pessin.

Une approche que confirme Marie-Isis Betrancourt, enseignante de CM1 à Paris 19e : « Les stages de remise à niveau changent le rapport entre le professeur et l’élève. Ils permettent d’avoir une discussion, d’échanger. Ils sont aussi particulièrement bénéfiques aux élèves qui manquent de confiance en eux et qui n’osent pas s’exprimer devant toute la classe », souligne-t-elle.

Parfois, les élèves travaillent à deux. Ils se corrigent leurs fautes respectives, qu’ils essaient de comprendre ensemble. Ils recherchent la réponse entre eux, ce qui leur permet de gagner en autonomie. La clé du succès réside aussi dans la motivation : « Les élèves qui sont motivés pour venir à ces stages, c’est déjà un grand pas dans la volonté de progresser, confirme Marie-Isis Betrancourt. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les enfants ne se sentent pas « punis » de venir travailler un peu pendant les vacances. Certains ne peuvent pas toujours partir durant cette période. Il se sentent alors soulagés de ne pas rester à rien faire. »

 

Sur la base du volontariat

Aucun exercice n’est prévu à la maison, mais une rapide évaluation à la fin de la semaine permettra d’attester des progrès de l’enfant. L’enseignant dresse un tableau qui récapitule ce sur quoi il a travaillé avec l’élève et ce que ce dernier a acquis au bout des cinq jours. Ce bilan est d’autant plus important lorsque le stage est supervisé par un enseignant autre que celui de l’enfant. Marquer tout ce qui a été vu et tout ce qui a été amélioré permet que les informations circulent correctement d’un professionnel à l’autre. En amont du stage, cette « fiche diagnostique » donne les indications précises, nécessaires et suffisantes, pour pouvoir atteindre les objectifs possibles de chaque élève.

A savoir : les stages de remise à niveau ne sont organisés que sur la base du volontariat des professeurs. Si l’école ne dispose d’aucun enseignant prêt à assurer la prochaine séance, elle ne peut en aucun cas lui forcer la main. C’est pourquoi, dans certains cas, les élèves peuvent être en stage avec un enseignant d’une autre école, au sein de leur établissement ou dans celui du professeur volontaire. Ce dernier doit s’assurer qu’il dispose des conditions d’accueil adéquates (classe, matériel, etc.) et des bilans de compétences de chacun des élèves qui lui seront confiés. « Ce cas de figure a toutefois ses limites, prévient Elise Pessin. Quand ce ne sont pas nos propres élèves, il faut réserver un temps en début de stage pour faire connaissance avec les enfants. La confiance n’est pas immédiatement acquise. »

Enfin, même si un élève peut bénéficier de plusieurs stages de remise à niveau dans l’année, cet aspect systématique n’est pas conseillé. Le risque ? Que les élèves se sentent découragés devant leur manque de progrès. Soit tout l’effet inverse de ce que veulent impulser ces stages.

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ETAT DES LIEUX

Chiffres-clés

  • 3 sessions par an (à condition d’avoir des professeurs volontaires)
  • 5 jours pour chaque stage
  • 3 heures de soutien par jour
  • 3 à 7 élèves par groupe
  • En 2008, première année des SRAN, 90 000 élèves en ont bénéficié.
  • La participation a augmenté de + 34% entre le printemps 2008 et le printemps 2010.

Source : Education nationale

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396-stage-remise_EcoleSJDVINTERVIEW

Christian Bidaut, directeur de l’école primaire publique Saint-Jean-des-Vignes à Chalon-sur-Saône (71)

Vous êtes directeur de votre école et enseignant pour les CM2. Vous partagez votre classe avec Mme Pessin. Comment le travail entre deux professeurs permet-il de mieux intervenir auprès des élèves ?

Notre objectif est de respecter un souci de cohérence des apprentissages. L’important ce n’est pas un saupoudrage de savoirs, mais de dispenser un enseignement réfléchi, cohérent, structuré et garant des bonnes conditions de mise en place des compétences attendues dans le programme. Chaque jour, nous échangeons sur nos élèves. Nous notons dans un cahier commun tous les faits particuliers de la classe ou les difficultés particulières observées. C’est ainsi que nous avons su quels étaient les élèves susceptibles de tirer profit des stages de remise à niveau.

 

Les stages de remise à niveau sont organisés trois fois par an. Est-ce suffisant selon vous ?

Un des axes prioritaires de notre école, de la petite section au CM2, c’est l’aide aux élèves en difficulté, que ce soit dans le cadre d’un enseignement ou des stratégies pédagogiques mises en œuvre (comme la remédiation).

Les stages de remise à niveau s’inscrivent aussi dans cette volonté d’accompagner les élèves, mais il est difficile de les intégrer de manière pérenne car ils dépendent du volontariat des enseignants. Pourquoi, alors, ne pas revoir leur fonctionnement dans le cadre d’une expérimentation ? Dans le domaine de l’enseignement, il reste encore beaucoup de pistes à explorer…

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TEMOIGNAGE

Sandrine et son fils Victor (10 ans), Toulouse

Alors qu’il est en classe de CM1, Victor multiplie les erreurs en conjugaison. C’est pourquoi, lorsque son enseignante lui propose de suivre un stage de remise à niveau durant les vacances de printemps, ses parents acceptent rapidement. Et tous sont ravis de cette expérience. « On n’était que cinq élèves, c’était vraiment un petit groupe. C’était plus facile pour travailler, je participais plus souvent aussi, se souvient Victor. Parfois, on pouvait utiliser les ordinateurs. C’était plus amusant que d’habitude, le cours me semblait moins long qu’en classe. » Sandrine, sa maman, a pu elle constater les progrès de son fils. « Le collège va bientôt commencer. C’est rassurant de constater l’utilité de ce stage de remise à niveau, car ses notes en français sont meilleures en CM2. Il y a eu comme un déblocage », confirme-telle.

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